SURCOUF délire Ζωγραφική από Grafi

Acrylique sur toile

Delire

Le secret est dans la garniture
Un matelas ne peut être ni trop mou ni trop dur
Si le crin passe à travers le tissu
Méchamment il te piquera le l…
Si la plume passe à travers la toile
Lentement elle te démangera la moelle
Si de trop de laine il est garni
Tes reins seront pris à partie…


C’était à la cour du roi Popot et de la reine Falbalas, leur fille, la belle princesse Mia souffrait d’un méchant mal de dos. Les médecins de la cour, tous convoqués, se grattaient le nez devant sa douleur. Elle gémissait, elle gémissait, et son père avait promis sa main à celui qui la soulagerait de ce fameux lumbago.
Les matelassiers de la cour, convoqués, se grattaient le menton, réfléchissaient, crin, plumes, laine, paille, cosses de haricots… Ils avaient tout essayé mais le mal de dos perdurait…

Le roi pensait :

"Ils sont tous inutiles et bêtes.
Je m’en vais, de ce pas, couper quelques têtes".

Gentilshommes et courtisans, affolés, parcouraient le royaume en tous sens à la recherche du Graal qui leur accorderait la main de la belle. Les plus malins avaient proposé une garniture en poil de lapin oubliant que la princesse avait un bec de lièvre… L’ire royale, fit, en représailles, exécuter Lady Chatterley pour sa liaison avec son garde-chasse. Les têtes tombaient, tombaient et les sujets réfléchissaient se grattant l’omoplate droite.

Tissus chamarrés et soyeux venant de pays lointains furent proposés en garniture sans plus de succès. Le Roi se mit alors dans une extrême fureur, fit exécuter les chauves du royaume qui avaient eu l’impudence de se moquer des derniers essais des matelassiers. Les matelassiers voyant toutes ces têtes tomber eurent l’idée de récupérer les cheveux pour en garnir le matelas princier, oubliant le « çeveu » sur la langue de la princesse… Les idées manquaient, manquaient. Le Roi s’énervait ; s’énervait !

En derniers recours un jeune berger proposa de garnir le princier matelas de marrons. Aussitôt dit, aussitôt fait. La princesse se jeta sur le dit matelas et se déboîta une vertèbre.

La tête du jeune berger allait tomber

Car le Roi en fureur pensait « c’est assez »

Au moment où le couperet fatal allait tomber
Le berger s’écria « Cui, cui, cui », avant de s’envoler.

La foule se demanda
« Quel oiseau avons-nous là »
Le bourreau précisa qu’il était condamné à la décollation et non pas au bûcher

Du haut de la branche où il était juché
Le berger gazouilla « cuits, cuits, cuits les marrons du matelas princier »
Ce qui fut dit, fut fait.

La princesse retrouva un sommeil épanoui
Plus aucun lumbago ne vint ternir ses nuits.

Comme promis, le berger obtint la main de la princesse Mia, ils vécurent heureux et n’eurent pas d’enfant.

Moralité :
Quand la tête va tomber
C’est au pied du billot
Que viennent les grandes idées
Et qu’on devient moins sot.

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