Προστέθηκε 31 Μαΐ 2009
Je façonne des pièces en grès blanc à haute température, 1280° environ, en réduction (atmosphère privée d’une grande partie de son oxygène) dans un four à gaz de 300 litres. Les étapes de productions sont : réflexion, tournage, séchage, cuisson du dégourdi (c'est-à-dire la pièce finie avant de recevoir l’émail), émaillage, cuisson des pièces émaillées.
Tout d’abord avant de voir des formes génialissimes germer dans ma tête j’ai beaucoup observé les formes des autres (en vrai on invente rien, au mieux on s’inspire et on détourne, on améliore, on transforme un truc déjà pas mal du tout, des fois même on l’enlaidit, mais ça c’est une affaire de goût et donc une autre histoire). Du coup : expos, bouquins, marchés de potiers, re-bouquins… j’apprends énormément en regardant une forme pendant un long moment, ensuite elle murit dans ma tête et je peux me l’approprier. On devrait observer les choses et les gens plus souvent, c’est très instructif.
Quand j’ai l’idée d’une forme, une ébauche dans ma tête je la couche sur le papier… enfin je fais une petite esquisse d’enfant qui sait pas dessiner parce que je ne sais vraiment pas dessiner : en témoigne mes croquis pour l’expo de juillet. En fait, c’est plus pour ne pas perdre l’idée générale, visualiser la forme, je n’aime pas me retrouver à réfléchir comme une dingue sur une idée que j’avais eu et qui m’avait laissé un sentiment de plaisir et ne jamais la retrouver. Mes gribouillis sont des petits cailloux semés pour retrouver le cheminement de ma pensée à un moment précis…. Comme tous les gens qui dessinent vite fait, je suppose.
Ensuite je décide de mes cotes, une petite pièce, une grosse pièce, ça dépend souvent de mon humeur et aussi de la forme. Il y a des formes qui s’accommodent très mal d’une grande taille et vis versa. Il faut pouvoir donner à une pièce l’amplitude dont elle a besoin pour être harmonieuse. Ca c’est un mot que j’aime beaucoup « l’harmonie ». Une pièce qui fait plaisir est une pièce bien proportionnée, par exemple un col trop étriqué, donne une allure mesquine à un vase. Tout est dans la proportion, qu’elle soit épurée ou très chargée une pièce doit être harmonieuse à l’œil, d’autant plus si elle est chargée. J’aime que le regard coule sur une pièce, sans accrocher sur un détail qui nous chagrine. Le plus difficile est d’arriver à cette harmonie. Et je n’y arrive pas toujours, quand c’est le cas, ça me rends triste : c’est une pièce gâchée, une forme qui n’a pas abouti.
Une fois à l’atelier je façonne mes boules de terres par catégorie de poids, selon la taille de la pièce le poids varie. Et puis vient le tournage. Il arrive qu’en chemin la forme initiale change parce que la 3D n’étant pas la 2D, je m’aperçois qu’il serait mieux d’accentuer une courbe ou au contraire de l’adoucir. Puis je laisse sécher la pièce jusqu’à la consistance « cuire » (pas tout à fait sèche mais assez pour être manipuler voir déformer, sans qu’elle casse), je la retravaille pour lui donner sa forme définitive et à partir de là, je ne parle plus de forme.
C’est le début de la couleur. J’ai une palette de couleur et de texture d’émaux qui me permet d’habiller mes pots de multiples façons. Certains émaux seuls sont très lumineux, noble, doux ils conviennent pour des pièces simples, épurées et d’autres sont rugueux, secs, plus roots, ils mettront une pièce déformée, travaillée plus en valeur. Des fois, la combinaison des deux peut être étonnante.
Quand les pots sont tournés, les émaux posés, c’est enfin le travail du feu. Je suis maître de mon four mais il y a toujours une part de chance, de mystère et de fascination dans le travail que va exercer le feu. C’est pour ça qu’un de mes moments préféré, est l’ouverture du four après la cuisson de l’émail.
Les cuissons d’émaux sont toujours fatigantes, c’est une tension de 6-7 heures de rang, il faut être vigilant et le four ne réagit pas pareil selon son taux de remplissage, le temps, la pression atmosphérique, l’hygrométrie. ..C’est pour toutes ces raisons que le défournement peut être surprenant. On se retrouve avec des pièces uniques qu’on ne refera jamais parce que les conditions de cuisson ne sont jamais les mêmes. Pas tout un four, mais 2 ou 3 pièces qui ont échappées à notre contrôle. Et c’est ce moment qui est magique.