Zénobie (2023) Ζωγραφική από Nicolas Maureau

Zénobie, de son nom complet Septimia Bathzabbai Zénobia, fut la reine du royaume de Palmyre (dans l’actuelle Syrie) au IIIe siècle. Elle accède au pouvoir après la mort de son mari, le roi Odaenath, vers 267, devenant régente pour leur jeune fils Vaballath.
Ambitieuse et cultivée, Zénobie mène une politique d’expansion et s’empare de vastes territoires : l’Égypte, la Syrie, une partie de l’Asie Mineure. Elle défie l’autorité de Rome et se proclame souveraine indépendante. Son règne éphémère (267–272) symbolise une résistance orientale à l’Empire romain en crise.
Zénobie se voulait l’égale de Cléopâtre, parlant le grec, l’araméen et l’égyptien, et s’entourait de philosophes et d’intellectuels. Battue militairement par l’empereur Aurélien, elle est capturée en 272 et emmenée à Rome. La légende veut qu’elle y ait vécu en semi-liberté, dans une villa près de Tibur (Tivoli).
Figure à la fois historique et mythique, Zénobie incarne une forme de pouvoir féminin audacieux et lettré, entre Orient et Occident, entre résistance et récupération impériale.

Dans ce portrait Nicolas Maureau réinvente la figure de Zénobie, reine de Palmyre, célèbre pour sa résistance à Rome et sa chute dramatique. L’artiste opère une translation puissante : du faste antique à une esthétique contemporaine, urbaine, et tendue. L’histoire devient surface, le pouvoir devient posture.

La figure représentée se tient droite, digne, le regard porté au loin, impassible. Elle incarne une souveraine contemporaine, à la fois présente et absente, altérée mais intacte. Zénobie est vêtue d’un blouson métallisé, dont la matière plastique évoque une armure moderne : légère, clinquante. Le vêtement, brillant, reflète la lumière comme le ferait une cuirasse, mais sans protection réelle : c’est une défense fragile, de pacotille, qui souligne l’ambivalence de sa puissance.

Autour de ses poignets et de ses mains, des chaînes s’enroulent. Elles ne sont ni rompues ni serrées : elles pendent, comme des bijoux post-industriels. Ces chaînes rappellent le destin historique de Zénobie : capturée, enchaînée, exhibée lors du triomphe d’Aurélien à Rome. Mais ici, elles ne sont ni pathétiques ni humiliantes. Zénobie porte ses chaînes comme elle porterait une couronne. Elles signent la défaite, mais aussi la résistance. La chaîne n’est pas seulement un symbole d’oppression, c’est aussi ce qui relie, ce qui unit, un fil de mémoire, une marque de continuité historique.

Le fond noir, comme dans toute la série En majesté, isole la figure, il n’y a ni palais ni colonne, mais une scène mentale où le corps féminin se dresse en figure mythique.
Le visage exprime une détermination contenue. Il raconte une histoire de résistance, mais aussi de lucidité. Cette Zénobie là n’est pas idéalisée : elle est humaine, présente, forte de ce qu’elle a traversé. Ses boucles d’oreilles turquoise, introduisent une note de douceur orientale, un écho discret à ses origines palmyréniennes, sans être illustratif.

Dans ce tableau la royauté n’est plus un trône, mais un combat ; la majesté n’est plus une posture, mais une attitude intérieure, redressée au milieu de la chute. Zénobie, dans cette version contemporaine, devient une allégorie féminine de la dignité, vaincue mais debout.

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