Margaery

Après 8 heures de travail toujours très minutieux, voici la DEMO de travail du cuir terminée...
A travers ce motif (de papier peint "Arts and Crafts", 1862, emprunté au grand William Morris), vous pouvez voir les différentes étapes et rendus, suivant les techniques et produits utilisés, tous miscibles entre eux, d'où les multiples possibilités d'interprétation d'un même visuel...
Le dessin original est reporté manuellement sur cuir humide (au calque le plus souvent)...
Il est incisé au couteau à ouvrir.
Le repoussage commence lorsque les contours sont ensuite abaissés au matoir ou à la cuillère.
Ils peuvent être texturés pour plus de relief et d'effet d'ombre (ce qui a ma préférence).
Les teintes, comme aurait pu le dire Clint Eastwood dans un fameux western, se divisent en 2 catégories: les couvrants (peintures) et les mordants (teintures)...
Suivant si le cuir est nu, ou bloqué au vernis (pour atténuer la future teinte), recouvert de feuille dorée, ou d'apprêt blanc, le rendu des couleurs sera différent, plus ou moins brillant ou saturé...
Enfin, le hi-liter viendra éventuellement accentuer les fonds texturés et les détails pour jouer encore sur les ombres et les lumières...
Le vernis vient ensuite bloquer l'ensemble (le mien est anti-UV) pour éviter que le cuir ne "tanne" trop vite...
Chacune de mes pièces de cuir décorée, de la plus petite (comme un porte-clé, ou une paire de boucles d'oreilles) à la plus grande (un tableau, un échiquier), ainsi que chaque barrette, porte-feuille, carnet, marque-page, passe par ces procédés cumulables...
Vous comprendrez ainsi le temps passé à ce travail, et le caractère unique et le coût de telles pièces... Exemples de travail de décor sur cuir...

In Roussillon, France from  2019-12-11 to 2019-12-15

 Voilà quelques années, je découvrais le travail de Sandrine Gestin, artiste peintre et illustratrice Fantasy de renom...Et parcourant l'un de ses ouvrages, son Artbook (préfacé par John Howe) riche d'un parcours qu'elle partage avec passion, je note une phrase...Elle concerne le soin tout particulier porté à la représentation des bijoux de ses personnages, plus précisément celui de "Galadriel", version personnelle du personnage de J.R.R Tolkien.

Et cette phrase trotte dans ma tête plusieurs jours durant..."Je rêve d'un jour où un bijoutier sera capable de le réaliser"...

Nous sommes à l'aube de l'été 2015...J'ai acquis une certaine aisance dans la pratique du repoussage sur cuir et je vois là l'occasion d'essayer quelque chose de nouveau d'autant que le motif de Sandrine est tout à fait de ceux qui se prêtent à cette technique...Je prends mon courage à deux mains pour lui expliquer ma motivation au travers d'un courrier, auquel elle répond quasiment dans la foulée...Avec cette évidence, cette bienveillance qui semble la caractériser...Je n'ai alors plus qu'à retrousser mes manches..."A vos outils" m'a-t-elle dit.

Il m'aura fallu plusieurs mois de réflexion et d'essais pour transformer ce qui était pour moi un dessin en 2D, en objet réel et tangible...Gérer les proportions pour rester cohérente avec l'original et trouver les solutions qui permettent d'en faire un bijou de tête qui puisse se porter...

Et c'est au printemps 2016 qu'il voit le jour, fait de cuir repoussé, de métal argenté, de nacre et de pierre de lune... Je lui en envoie les images...qu'elle relaie aussitôt...Résultat plus de 15000 vues sur Facebook en un mois...

Rosa das rosas:

C'est un cantique du XIIIème siècle attribué au Roi de Castille Alphonse X le Sage: "Rosa das Rosas", la Rose des roses, dédié à la Vierge Marie...Chanté depuis des siècles de maintes façons, c'est la version de Marina Lys, qui m'a le plus touchée et m'a inspirée une tiare de roses "musicales" en cuir repoussé, spécialement dédiée à cette chanteuse et musiciennne de talent et de coeur...Merci au photographe Syrius pour le très beau shooting réalisé pour l'occasion... 

Les roses musicales, en cuir repoussées au motif de partition médiévale, peuvent être déclinées en couronnes ou en barrettes...Sur commande.

C'est au hasard de pérégrinations sur le net que nous avons retrouvé quelques rares évocations de cette mode délicieuse venue du Moyen-âge tardif (XVe-XVIeme siècle)...

Les livres d'heures, merveilleux recueils de prières, de poésie, de chants et/ou de sciences médiévales (comme les précieuses planches botaniques des très grandes heures d'Anne de Bretagne...ou les superbes scènes de la vie quotidienne des très riches heures du Duc de Berry) s'étaient donc vu déclinés au fil du temps et au gré des fantaisies de l'époque en formes singulières...Coeur, double-coeur, Fleur de Lys, ronds, ovoïdes, etc...

Nous avons repris chez Margaery & Ser No, ce concept original mais vieux de plusieurs siècles pour nos livres d'or (sans jeu de mots!!!) de mariages, journaux intimes, carnets de croquis de format 21X12cm ou 26X19,5cm...en cuir repoussé et papier artisanal lin/chanvre barbé (réalisé par la Papeterie Pasdeloup à Pérouges)...Concept protégé...

Nous avons retenu comme modèle principal le Livre d'heures de Nicolas Blairié (dit à l'usage d'Amiens), daté du XVème siècle, rédigé en latin et de format 16,5X9cm.

Sa curieuse forme d'amande lorsqu'il est fermé s'épanouit en coeur à l'ouverture, évoquant concrètement le coeur de l'orant s'ouvrant à la prière, à la spiritualité...

Citons à charge de preuve l'Huile sur Bois intitulée "le Maitre de la Vue de Ste Gudule" (Pays Bas, vers 1480), représentant un haut personnage posant devant une cathédrale et tenant un livre-coeur entre les mains...