Sophie Sunshine

Exposition "Icôn, ascension charnelle"

58 rue de la Rép 13002 MARSEILLE

Après Love on the beat de Denis Lucas présenté en février, Marseille 3013 poursuit sa programmation autour du corps avec icône, l'ascension charnelle, l'exposition de Sophie Sunshine

Corps exposés, dénudés, érotisés, offerts à la pulsion voyeuriste du consommateur-spectateur… nous assistons aujourd’hui à une banalisation de l’image du corps, mais pas n’importe quel corps : celui-ci doit répondre à des fantasmes stéréotypés et un morcellement érotisé. En réaction monte la dénonciation de cette idéalisation du corps, en particulier celui de la femme, celle-ci risquant de passer d’objet de désir à objet tout court. Cette perception du corps est tellement intériorisée que certains, hommes ou femmes, traitent leur propre corps comme un objet : épilation, fitness, régimes… le corps serait mis à distance comme un Autre à soumettre, à dominer et contrôler.
Pourtant, nous avons l’intuition intime que le corps est bien plus qu’un instrument de jouissance ou un objet de concupiscence à offrir ou voiler. Objet de contemplation, fétichisé, il peut être objet de culte, celui que nous vouons aux icônes de la beauté. Marilyn Monroe n’incarne-t-elle pas pour beaucoup l’essence même de la Beauté ? Autrement dit, l’objet de contemplation élevé au rang d’icône devient objet de culte : il nous fascine car nous sentons que palpite là plus que la chair périssable, un simple corps tangible, mais une incarnation de la Beauté en soi. Ainsi, Platon nous rappelait que la contemplation des beaux corps, l’expérience érotique, est une étape vers la contemplation de l’essence du Beau.
Ainsi les créatures sont invitées à se fondre dans le cœur de Dieu et à faire l’expérience de son Amour à travers l’amour charnel. C’est d’ailleurs pour cela que dans de nombreuses spiritualités la quête de l’Amour est quête du Divin. En effet, l’Amour est originellement l’énergie qui unit le Tout et le maintient dans une harmonie parfaite. Mais pourquoi cette focalisation sur le corps féminin aujourd’hui ? Par essence le principe féminin est créateur, il est donc initiateur de cette quête spirituelle.
Cette exposition vous invite à vous plonger dans les mystères de cette alchimie qui, du corps objet de désir au corps icône, n’est autre que le mystère de l’Amour. Ma peinture pose l’énigme du temps, du désir, de notre aspiration à l’absolu et encore une fois du temps qui le dérobe au désir. Ainsi, comme le poète aspire à fixer l’instant fugace par les mots, je cherche à saisir dans l’expression du mouvement, dans la peinture des visages qui se font face, des regards qui se cherchent, des corps qui se trouvent, l’essence du désir, son unicité, sa sensualité et sa transcendance. Comme le soleil baudelairien qui se fige dans son sang, j’aspire modestement à tirer « l’éternel du transitoire », à peindre ce qui fait l’éternité du moment présent.