Régis Moulun

Pour parler de ma démarche, je dirais que je travail sur l'âme et le corps.

Mes peintures expriment un besoin d'être, d'exister et de reconnaissance.
Je ne saurais dissocier dans ma pratique le fond de la forme, car je les
considère tout deux en interaction. Lors de l'élaboration d'une toile
s'opère un dialogue entre l'image qui me hante, la couleur et la lumière.
J'attache beaucoup d'importance au rendu, c'est-à dire que je suis en quête d'un idéal esthétique.
Ce que je cherche avant tout à exprimer c'est une tension, une énergie trop contenue. Un rendu esthétisé de la difficulté d'être ou de ce que signifie le fait d'être, mais qui paradoxalement soit beau à regarder. En effet je ne cherche pas à faire peur ou à mettre mal à l'aise le spectateur, je cherche à le séduire grâce aux formes, à la couleur, à la lumière, etc...
L'univers que je développe est paradoxal.
L'immobilisme cohabite avec une énergie empreinte de pulsions vitales. Ici, les êtres sont coincés entre deux états, entre deux mondes, comme figés entre deux étapes. Le temps s'est arrêté sur la crispation des corps. Pour être il faut se donner au monde sans concession et en totalité. L'arrachement est à la fois une souffrance et une jouissance. Les corps sont entre l'informe de l'indéfini et l'individualisation: l'Etre.

Je pense que mon travail doit se comprendre en tant que volonté de dialoguer. Ma peinture tente un dialogue désespéré avec le monde, moi et les autres bien sûr!
Si les formats de mes toiles sont plutôt grands ce doit être pour mieux me faire comprendre, comme pour dire : ne vois-tu pas ce que je te montre. La chose doit être claire, lumineuse et évidente.

Chaque tableau est un passage à l'acte, une lutte et un espoir. Et pourtant, les corps que je peins ne parviennent pas à accéder à leur autonomie...Ils préfèrent ne pas choisir et continuer à souffrir de cela.
Qu'il est difficile d'être et de perdre, surtout si l'objet de cette émancipation est hors champs. Il y a peut-être un but à atteindre, mais il échappe à notre connaissance. Quelle est donc la nécessité à être?