Michel Barthélemy
Mon manifeste
Mon manifeste.
1 – L’imagination est une composante fondamentale de notre psyché. L’imaginaire a l’âge de l’humanité, il est né avec elle et mourra avec elle.
2 – Les premières manifestations artistiques de l’humanité découlent de l’imaginaire et révèlent l’inquiétude ou le pouvoir d’émerveillement de l’homme face aux puissances mystérieuses de la nature et du cosmos dont il a conscience de faire partie et qui font partie de lui.
3 – Depuis lors, les arts de l’imaginaire n’ont cessé de rythmer l’histoire de l’humanité, adoptant des voies d’expression multiples et spécifiques selon les lieux et les époques : voies mythiques, religieuses, magiques, symboliques, visionnaires, surréalistes, métaphoriques… Mouvances que l’on peut aussi qualifier de fantastiques.
4 – Le mot fantastique porte aujourd’hui à confusion car beaucoup, sous l’influence de films généralement conventionnels, le confondent avec le terme « horreur », ce qui ne constitue qu’une tendance du fantastique parmi quantité d’autres.
5 – L’art fantastique peut s’épanouir dans les voies de la figuration ou de l’abstraction. Dans ce dernier cas, c’est souvent le climat mystérieux ou suggestif d’un monde étrange mais familier qui permet d’intégrer l’oeuvre dans cette mouvance.
6 – La voie du réalisme fantastique ne constitue pas un univers fantasmagorique étranger à notre monde considéré comme réel, elle en est au contraire un prolongement et une expression très engagée, mais elle le fait de manière poétique, métaphorique ou symbolique. Ce dernier mot est à prendre dans son acception freudienne et à rapprocher des images que nous produisons chaque nuit dans nos rêves. Ce n’est pas parce que le sens de ces créations nous échappe parfois qu’elles n’en possèdent pas un.
7 – Les artistes du réalisme fantastique entretiennent l’héritage et le savoir-faire acquis par leurs prédécesseurs, ils possèdent généralement un solide métier, celui qui sert au mieux leur expression. Grâce à lui, les univers décrits, réalistes ou abstraits acquièrent une dimension de vérité et se présentent comme tels au regard du spectateur.
8 - Le but premier des artistes du fantastique n’est pas d’apporter du neuf au langage pictural, mais de proposer une vision nouvelle et pertinente de ce que sont l’homme et le monde dans leur dimension profondément humaine et spirituelle, de révéler le lien qui unit le mythe au passé, au présent et au devenir de l’humanité.
9 – Si le savoir-faire des artistes du fantastique est traditionnel, le contenu de leurs œuvres est contemporain. Les thèmes abordés dépassent souvent un moment historique pour se tourner vers ce qui est durable si ce n’est éternel en l’homme. Ce qui est éternel est en permanence contemporain et ce qui n’est que contemporain n’est aussi qu’éphémère.
Michel Barthélemy