galerie couteron

JORMA

16 rue Guénégaud

RENAISSANCE

Pareille à la naissance de notre planète qui est passée par des étapes de transformations inouïes, l’œuvre de Jorma, semble épouser certains de ces bouleversements, des phases les plus chaotiques à celles d’embrasements pleins de feu et de lumière ignée. Soulèvement d’énergies prodigieuses brassant la matière par d ‘énormes pelletés ajoutant au chaos la démesure convulsive d’un déchaînement aveugle. Sans repos, la fournaise exclut l’embrasure, l’ouverture en retrait, elle absorbe le regard et aspire au brasier de l’inconnaissance, tel ce tableau de l’artiste, entièrement rouge de cadmium foncé, dont les légères nuances n’en prononcent que plus l’intensité de l’incandescence. Brûler et renaître par le souffle incessant de la vie est au cœur de la vraie vie.

Puis dans la durée sans âge, plus ouvertes aux mouvements extérieurs, aux actions qui se cherchent dans un aboutissement cohérent, les énergies ralentissent leur rythme effréné et se colorent de la pâleur de l’oubli par des teintes qui sortent du foyer des origines pour connaître l’espace incommensurable du fond noir et du contraste par des couleurs allégées en avant plan et pétries de forces intérieures où la luminosité s’adonne à son jeu favori du ruissellement. Apparaissent alors des cataractes de lumière qui se déversent dans les vasques d’un commencement de plénitude annoncée. Des verts frais rehaussés par des incandescences apaisées de terre de Sienne et d’ocre jaune, s’élancent à la conquête d’une vie végétale apte à la nidification de l’humain.

Certes, même si elle se déploie comme telle ici, la chronique n’est pas de mise car dans les tableaux de Jorma, tout fuse presque simultanément, et le brassage de ces forces conjuguées fait éclore magnifiquement la vie dans l’essor d’un renouvellement continu. Comme l’écrivait à son époque Paul Klee, à qui l’artiste porte une grande admiration : « L’artiste imite les jeux de forces qui ont créé et créent le monde. ». Créé par cette énergie qu’il capte et qu’il sait transmettre au travers de son imaginaire pictural, il nous offre ces instants privilégiés où les énergies en constant déploiement, la lumière en visitation colorée, accèdent au visible dans ses toiles, et affleurent dans l’être intime de chacun où les forces de l’univers constituent la source vive de l’existence.

Né en 1957, diplômé de l’Ecole Nationale des Beaux Arts de Paris, après avoir exposé dans plusieurs styles et de préférence figuratifs, l’artiste nous propose aujourd’hui des toiles d’inspiration abstraite dont l’esthétique faite d’énergie, de couleur et de lumière s’ouvre essentiellement sur la nature dans ses manifestations élémentaires à partir desquelles les élans apparemment les plus fous s’organisent en signes de beauté. Actuellement, du 2 octobre au 10 novembre 2007, la galerie Couteron, 16, rue Guénégaud à Paris 6°, expose des œuvres récentes de l’artiste, comme il l’indique : « Des toiles à vivre et à habiter au quotidien ». A préciser pour les amateurs que la galerie conserve en permanence des œuvres de l’artiste.

L’obscure fidélité au minéral, au végétal, à la turbulence des éléments, aux forces qui les gouvernent, témoigne de l’interrogation fondamentale de Jorma, sur l’écoute de l’être interpellant la substance même de l’univers qui défie toute raison mais comme une douce respiration éveillant une résonance intime, cède lointainement à la nature de ses origines par les énergies qu’elle fomente, concède quelques points d’orgue à partir desquels s’accordent les tonalités d’un plain chant emplissant le dôme de l’univers.
MJ Estrade