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Manu Frigerio

Back to list Added Apr 14, 2015

Manu Frigerio par Richard Petit

Il est des artistes dont la biographie est déterminante. Comme pour Joseph Beuys, c'est un grave accident qui va infléchir le destin de Manu Frigerio. C'était un fan de glisse, rappeur et graffeur, un peu mauvais garçon. Mais le premier janvier de l'an deux mille, une terrible chute à ski manque de le tuer. Après d'interminables séjours à l'hôpital et de nombreuses opérations, Manu, tout cabossé, revient miraculeusement à la vie.

Il habite maintenant une maison en bois dans les Pyrénées pas loin de la grotte de Niaux. Là, il commence à peindre, sans réelle formation, très vite, avec rage et talent. Il commence par reproduire sur toile les motifs qu'il peignait autrefois à la bombe sur les murs. Quand la douleur le lui permet, il travaille, beaucoup, avec une grande assurance.

Son style et son univers oscillent entre sa vie passée en ville et sa nouvelle vie à la montagne. Entre pulsation rock, archaïsme et transe chamanique. Entre bricolage dub et rituel vaudou.

Manu Frigerio pratique la méditation bouddhiste, méditation sur le Sacré et sur l'impermanence. Il sait que les humains sont des demi dieux et en même temps des animaux. Il sait surtout que l'existence ne tient qu'à un fil, qui peut à tout moment se rompre.

Au-delà de ses influences, on peut citer Jean-Michel Basquiat, Pablo Picasso, Vladimir Veličković ou Jean Dubuffet, c'est la hargne de produire qui est le moteur de son œuvre. Œuvre habitée par la répétition obsessionnelle du même. Manu peint surtout des visages, des têtes.

Des têtes de chamanes, de rois, de lamas, d'humains, d'animaux, d'êtres ordinaires ou exceptionnels. Tête à chapeau, tête de macaque, tête de bois, tête de pipe, tête d'œuf, tête au carré, tête de fion, tête à claques, tête couronnée, tête dure, tête de gland, tête de singe, singe hurleur, hurle de douleur. Prends toi ça dans la gueule.

C'est sur la face Nord de la vie, dans ce continuum chaotique entre l'humain, l'animal et le divin que nait la plus noble et la plus paradoxale des beautés. Notre existence ne tient qu'à un fil, mais elle est aussi d'une totale résilience. Manu nous en révèle la valeur autant que la fragilité. Dans chacune de ses images transpire au travers du constat tragique une volonté sourde, une énergie diffuse et infinie.

Comme si la vie ne pouvait pas ne pas exister !

Artmajeur

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