Fabiana Basso
EROTISME ET HUMOUR DANS LES DESSINS DE BASSO YOSSEN
Rosario/12 - Mardi 23 mai 2006
par Beatriz Vignoli - (00.54.341) 462.3048 -
EROTISME ET HUMOUR DANS LES DESSINS DE BASSO YOSSEN
DES FAUX AIRS DE NAÏVETE
Un style clairement défini avec des racines ayant des faux airs de naïveté de l'art brut, caractérise les dessins en graphite et en pastel de Fabiana Basso Yossen. Ce sont en tout quinze oeuvres qu'il est possible de voir jusqu'au 24 de ce mois dans une des salles de la galerie Krass Artes Plásticas (631 rue San Martin) et le nombre de tableaux n'est pas un hasard. En effet, "La Niña Bonita" (le 15 dans le langage des joueurs de loto argentins) est le titre de l'exposition.
Avec une singulière cohérence, chaque production est accompagnée non seulement de son titre mais aussi d'un bref texte narratif où abondent, entre autres, des mots comme "fille", "mariage", "rêve", "merveille" qui confèrent un univers délibérément naïf, articulé autour de l'idée de séduction ("Pour elle toutes les nuits sont des nuits de noce" peut-on lire dans un des textes) et autour des pôles du jour et de la nuit. Ce langage verbal est en relation avec un solide répertoire de dessins peut-être inspiré de l'art des enfants et des malades mentaux appelé aussi art brut. Les traits sont sauvages, intenses, très nombreux et donnent la trame d'une espèce de tapis formant de violents contrastes entre les couleurs pures. Ces tracés renforcent des images stéréotypées et symbolique : la figure féminine occupe une place centrale et autour d'elle, un ensemble récurrent de croix, de lunes, de damiers et de ceurs complète jusqu'à n'en plus finir, l'espace pictural (l'horror vacui ou la peur maladive de laisser des espaces en blanc est un trait caractéristique de l'art brut) avec la nonchalance de celui qui paraît combler, de plus, un temps de loisirs et d'intense expectative. Tel est le temps de l'adolescence ou, non sans humour et ironie, celui de la "petite fille".
Les poses de ces schématiques mais expressifs nus féminins nous renvoient également à l'oisiveté et au plaisir : ces dessins construisent le rétable d'un art érotique dont l'axe est le thème de l'attente de l'amant. Avec toute sa désinvolture, cette oeuvre se place dans la tradition européene de l'appropriation de motifs érotiques orientaux, c'est-à-dire, dans la figure de La Maja ou de l'Odalisque comme emblème de l'exotisme. Ainsi, Goya, Ingres ou Matisse sont des éléments clés à l'heure d'apprécier chacun de ces tableaux, lesquels portent tous le thème de la femme comme emblème de la jouissance sensuelle et son allégorie comme centre d'un monde visuel constitué basiquement de plans décoratifs multicolores qui se fracturent et se divisent jusqu'à l'infini.
