Vincent Richeux

Vincent Richeux
Une peinture bien trempée

« Je suis heureux dans mes douze mètres-carrés de paradis, » proclame aujourd'hui Vincent Richeux dans son atelier. Pourtant, rien ne destinait ce fils de fonctionnaire bordelais à un métier artistique. C'était sans compter sur le coup de pouce du hasard... « J'avais 14 ans, raconte-t-il, quand mon père a décidé d'acheter un tableau et a invité un courtier en peinture à la maison. Il a longtemps hésité entre deux huiles. L’une était de Raymond Lefranc, l'autre de Michel Jouenne. Il a fini par se décider pour Lefranc. » Des années, Vincent Richeux n’a de cesse de percer les mystères de ce tableau sur lequel il éprouve son regard. « Je commence juste à comprendre aujourd'hui la technique apparemment simple mais très maîtrisée de cet artiste que j'aurais aimé connaître. » Sa vocation ne suscite guère l'enthousiasme de son entourage. La peinture comme loisir du dimanche, d'accord, comme profession, pas question...
Après ses études à Sup de Co, Vincent Richeux intègre la filière viticole bordelaise. Chargé du marketing chez un gros négociant, il travaille sur les bouteilles, les étiquettes, les contre étiquettes, les capsules, les cartons... Les contacts étroits qu'il établit alors avec les créateurs, renforcent son goût de l'artistique. Aguerri par ses expériences multiples, il finit par franchir le pas et devenir artiste professionnel sans toutefois perdre de vue que la peinture est aussi un produit comme les autres.
Le travail de Vincent Richeux est l'expression d'un caractere trempé. Après une première esquisse, il compose ses volumes par la couleur qu'il dépose en aplats généreux. Ensuite, il ajoute de la profondeur à ses motifs par le détourage des formes qu'il effectue à coups de pinceau plus clairs. Il choisit ses formats en fonction de ses sujets. « Je me suis longtemps cantonné dans des formats « raisonnables », dit-il, avant de découvrir que j'étais beaucoup plus à l'aise dans les grands formats. » Il a une prédilection pour les toiles panoramiques où son sens de la mise en scène peut s'exprimer en toute liberté. Ses toiles carrées se prêtent de leur côté remarquablement aux paysages et aux natures mortes qu'il affectionne également.
Vincent Richeux travaille par thèmes. Il rapporte ses meilleurs paysages de ses voyages en Asie, dans la Caraïbe ou en Afrique du Nord. Matière et couleur s'allient en force unique de vibration et happent le regard du spectateur. Scènes de vie ou paysage, ces toiles sont de petits morceaux de paradis tombés du ciel et figés pour l'éternité en simples moments de bonheur. L'artiste avoue traduire plus difficilement ce qui lui est proche : « Je vis au milieu des vignes, avoue-t-il, un très beau sujet. Pourtant, j'éprouve de la peine à les peindre, sans doute par manque de distanciation. » Il cultive aussi un certain souvenir de Soulac-sur-Mer où il a longtemps passé ses vacances d'été. Il en revisite l'ambiance années 30, une époque où l'élégance se conjuguait pour toutes les classes sociales jusque sur les plages. Pour ce thème, la peinture de Vincent Richeux se fait plus douce, moins heurtée.
Ses autres scènes de genre sont des exercices d’atelier. Il ne retient que la posture de ses figures, la couleur des décors, vide les visages de toute expression, se borne à traduire l'essentiel en une épure baroque.
Les marchés sont parmi ses sujets de prédilection. « Un marché, explique-t-il, traduit toujours la culture de l'endroit où il se déroule. » Il est vrai qu'on apprend beaucoup sur le monde en observant l'harmonie des étals que nous propose le peintre. Il y a autant d'exotisme dans le marché flottant de Saigon que dans celui du coin de la rue. Les marchés de Vincent Richeux sont d'abord des modes de vie hauts en couleurs.
La peinture n'exprime jamais ce qui est, mais un possible parmi beaucoup d'autres. Celle de Vincent Richeux atteste de la richesse d'un artiste qui sait tirer parti de sa jeune expérience.

Alain Coudert




Vincent Richeux
Painting full of life.


"I'm happy with my twelve square meters of paradise," declares Vincent Richeux today in his studio. Even so, this son of a Bordeaux civil servant was not destined to pursue the life of an artist. But as chance would have it… "I was fourteen years old when my father decided to buy a painting and invited an art dealer to the house. He spent a long time trying to decide between two paintings. One was by Raymond Lefranc, the other by Michel Jouenne. He finally chose the former." For years, Vincent was intrigued by this painting and delved into its mysteries. "I'm just now beginning to understand the seemingly simple but masterful technique of this artist, whom I would like to have known." His vocation hardly aroused the enthusiasm of those around him. To paint on the weekends, fine, but as a living, out of the question…
Following his studies at Sup de Co, Vincent chose the field of Bordeaux winemaking. In charge of marketing for a large wine merchant, he worked with wine bottles, labels, back labels, caps, packaging… and the close contacts that he established with the designers further strengthened his artistic aspirations. Fortified by his various experiences, he finally made the decision to go into painting professionally, without however losing sight of the fact that a painting is also a product like any other.
Vincent Richeux's work reflects the artist's strong personality. After a first sketch, he creates volume with generous brushstrokes of colour. Next, he adds depth by accentuating the forms with a lighter hand. The size of the canvas is dictated by the subject matter. "I remained for a long time within a 'reasonable' size, before discovering that I was much more comfortable working with a larger format," he explains. He has a preference for panoramics, where his sense of composition and staging is given free reign. His square paintings, however, are remarkably well adapted for landscapes and still lifes, which he also paints.
Vincent Richeux works by themes. He brings back his best landscapes from his travels in Asia, the Caribbean or North Africa. The spectator's eye is seized by the shimmering force of the union between colour and substance. Life scenes or landscapes, these paintings are little pieces of heaven fallen from the sky and captured for eternity in simple moments of happiness. The artist admits to having greater difficulty rendering what is closest to him: "I live in the midst of grape vines, a beautiful subject. And yet, I have great trouble painting them, no doubt due to a lack of distance." He also nurtures a particular fondness for Soulac-sur-Mer, where he spent many summer holidays. He revisits the atmosphere of the 1930s, when elegance was present among all social classes, even at the beach. In approaching this theme, the painter Vincent Richeux is softer, less violent.
Other subject matter is reduced to studio exercises. He keeps only the figures' postures, the colours of the decor, erasing the faces of any expression, contenting himself with rendering the essential by a baroque sketch.
The market is among his favourite subjects. "A market, " he explains, "faithfully translates the culture of the setting." It's true that we learn much about the world in contemplating the harmony of the stands that the artist presents to us. There is just as much exoticism present in a floating market in Saigon as in market at the corner of the road. Vincent Richeux's market scenes are above all lifestyles full of colour.
Painting never expresses what is, but a possibility among many others. That of Vincent Richeux attests to the wealth of an artist who knows how to draw from his still young experience.

Unis autour de nos passions nous trouverons toujours des moments uniques à partager et la couleur sera notre trait d'union.