Olivier Edelin

Au coeur de la cour du collège Gutenberg de Malesherbes (Loiret), deux lignes blanches viennent matérialiser une couple de latitude et de longitude. Comme un affleurement du sous-sol, le calcaire utiliser marque la cour de récréation et offre aux élèves un point de repère aux élèves.

Où est-on ? Question existentielle pour l’homme. Depuis toujours l’homme cherche à maîtriser son environnement. Ainsi très vite il a cherché à se repérer dans le temps. Pour cela il a conçu et fabriqué des calendriers lunaires, solaires. L’horlogerie s’est développée et continue de se perfectionner avec les horloges atomiques ou cosmiques pour atteindre une précision impalpable à l’échelle humaine.

De la même façon, l’homme cherche à se localiser dans le monde qui l’accueille. Localisation qui lui permet de se mouvoir, de se déplacer avec précision. Ainsi rapidement des cartes ont été levées. Puis ces espaces cartographiés ont été découpés en éléments toujours plus petits et donc précis : comme pour le temps.

Cette obsession de la localisation, de la maîtrise de son environnement peut être analysée comme le reflet d’une nécessité de sécurité. Car quoi de plus angoissant que de se penser perdu.
Mais a-t-on vraiment conscience de notre localisation ? La connaissance de notre position très précise est-elle vraiment informative ? Ici je suis là, mais après un pas de côté ? Où suis-je ?

Pour répondre à ce besoin de localisation l’homme a développé des outils intellectuels. Les cartes sont ainsi cadriées de lignes droites qui renvoient à des valeurs numériques. Ces droites n’existant que pour l’homme sont les latitudes et les longitudes .
Ces lignes qui forment un repère orthonormé nous permettent donc de se repérer sur Terre d’une façon sûre, scientifique. Mais ceci reste abstrait. Qui sait où passe précisément la latitude et la longitude la plus proche. Raisonnement ridicule, car ces lignes virtuelles sont infinies, il y a autant de couple (latitude-longitude) que de position possible sur Terre.

D’où le problème : même si je connais ma position exacte, où suis-je vraiment? Aussi si des latitudes et des longitudes sont tracées au sol et donc matérialisées, que signifient-t-elles ? Je peux décider d’en suivre une, marcher dessus tel un funambule. Je peux également franchir cette ligne et passer dans une autre zone de la Terre, un monde différent ?

Alors cette localisation si précise et si visible, permet-elle réellement de mieux se situer dans le monde ?
Ou permet-elle seulement de reposer toujours le problème :




Où suis-je ?

Un petit parc de salle des fêtes dans le quel joue la lumière avec des harpes de couleur, comme autant de "traits de lumière".

Le campus de l"université d"Orléans est un lieu minéral, végétal et ouvert. Pour les portes ouvertes, une installation à base de fil de couleur a été réalisé. Jouant avec les arbres et la perspective du lieu, des éléments colorés se forment et disparaissent selon la d"éambulation du promeneur.
Cette année le mois de mars fut neigeux. Et j"ai aussi moissoné la neige pour la mettre en balle, traçant une alternance de ligne blanche et verte. Petit clin d"oeil à Mr Buren.