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Francis Denis

Back to list Added May 23, 2016

Chronique litteraire par Willy Lefèvre

Chronique par Willy Willy Lefèvre ( Les Plaisirs de Marcpage )

Seul un visage figé, regarde le ciel et aspirera toute l’immensité du gouffre étoilé.
La route défile comme dans un vieux film en noir et blanc.
Le coq a troué de son chant perçant la ouate ensommeillée de la nuit qui s’achève.
Les oiseaux chantent et la vie…
Assise sur une souche d’arbre, toute vêtue de blanc, les yeux brillants et les mains chaudes, elle a tout oublié d’ailleurs, de ces choses et de ces gens qui occupaient sans conviction son autre vie. Elle sait qu’elle est en attente, qu’elle ne doit pas se précipiter et que tout se fera en temps et en heure, que sa vie ne fait que commencer… Pour l’instant, elle multiplie les souvenirs et les liens vers son enfance…
Un héron griffe le ciel en suivant la ligne courbe où se reflète son image silencieuse.
D’ailleurs, viendra bien un jour le moment du départ… et la mélancolie imprègne le tissu de ses souvenirs, certaines blessures ont tant de mal à se cicatriser.
Le nœud qui lui monte à la gorge, les sanglots étouffés, appartiennent-ils encore à son enfance, ou sont-ils les effluves des derniers événements, la trace de cette déchirure lumineuse qui s’est installée en elle ?
Elle n’est pas sûre de trouver les mots et pourtant les phrases se succèdent, fluides et légères comme des gouttes d’eau.
Un ballon coloré traverse le ciel, heureux d’avoir enfin retrouvé sa liberté.
Au loin, sur une mer zébrée d’argent et de soleil, un navire en partance promettait plein de bonheur à sa cargaison de touristes en mal d’exotisme.
Les cygnes blancs s’envolent au-dessus  de l’eau, un peu plus loin, des chèvres grignotent des quignons de pain sans prêter garde à l’envol silencieux.
 
Il se tient, les mains crispées aux roues de son fauteuil, allant d’avant en arrière comme un navire à la dérive, les yeux rivés sur la rue balayée d’effluves. Il va être l’heure. Il la sent, animal à l’affût, guettant sa proie insouciante et généreuse.
Il a déjà à son palmarès un rayon de soleil d’octobre qu’il a épinglé sur le grand mur de sa cabane. Il aimerait aussi ajouter un rayon de lune au milieu des vagues…qui luisent dans le creux de son lit.
Le matin aura un goût de chair meurtrie, d’âme violée, de regrets de rancœurs, d’un impossible printemps, de fleurs caduques, de parfums délaissés.
Et le matin est là. Immuable, Prometteur de nouveaux espoirs et de nouvelles souffrances.
Toute son existence n’est qu’un poème à l’envers, des mots détricotés, des images sans couleurs, une vieille culotte séchée pendant à un fil de fer bleu acier d’un ciel sans une once d’humanité.
 
Francis Denis, se penche sur la vie et scrute, il scrute à l’infini, et il se rend compte que les étoiles sont loin, si lointaines dans le temps et l’espace, si inaccessibles qu’il vaut mieux compter les pierres, tous les petits cailloux qui peuplent le chemin qui mène…
Les premières gouttes de pluie balaient la tête renversée en arrière, la bouche grande ouverte, avec un peu de salive rougie qui coule jusque dans les replis du cou…
Le soir est définitivement tombé sur la vie…
L’immensité du ciel nous écrase, la forêt referme ses griffes sur notre échappée laide et désespérée. Nous sommes lourds comme des pierres…
 
Francis Denis n’a pas son pareil pour que nous nous recroquevillions au creux des buissons… Nous nous terrions, l’un contre l’autre…
Sans hâte et sans bruits, l’auteur va, léger comme dans un rêve, déposer sous nos yeux tous les heurs et malheurs du monde… notre cœur en lambeaux.
Demain, il fera sans doute un peu plus froid.
L’écriture ciselée de Francis Denis trace un récit captivant qui, de nouvelle en nouvelle, resserrera la trame d’une existence non démunie de surprenantes surprises.

http://lesplaisirsdemarcpage.skynetblogs.be/archive/2016/03/10/le-chateau-des-dieux-quelques-nouvelles-signees-francis-deni-8580203.html

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