Curriculum vitae (2011) Photography by Delechat

Carte postale


D’un autre là

Salut les vacanciers !

Comme promis, je vous écris.

J’espère que pour vous, tout se passe bien ? Si, si ! C’est sûr et certain. Tout va encore bien… Bonne méthode pour effacer le chagrin, des nuages l’infernal crachin. Et puis comme à mon habitude, je ne me fais pas trop de souci à votre sujet. Plus trop de temps pour ce genre de futilités, ou question de confiance. Plus simplement, quelqu’un me l’a annoncé. Son verdict fut sans appel ! Il m’a dit : « Je ne vous le cache pas, Monsieur... », j’étais heureux à ce stade de mon histoire, d’être ainsi qualifié, déjà j’avais atteint en la société une position plus que confortable, lui marqua une pause entre mes pensées débridées et poursuivit : « Votre cas est pour le moins très sérieux, question de mois… » Pourquoi venait-il ici tenter de me conter ma personnalité… mes mois restant ?! Moi je les savais déjà. Et pourquoi ce type prétendu technicien de mon corps m’avait-il convié à pour un temps délaisser mon occupation favorite, l’inaction ?

Je suppose, que les gosses doivent être au rendez-vous et j’imagine que l’ennui à déserté ce lieu magique qu’est le jeu. J’ai commencé à consigner sur les papiers et les toiles les souvenirs des jolies colonies de vacances, comme vous m’avez invité gentiment à le faire. À mon goût, c’est pas mal, coloré et varié, mais j’essaie de savoir être modeste face à mon œuvre, pour ne pas atteindre les territoires du contentement, considérant que cet état n’est nullement gage de progression. Ainsi je remets sans cesse en cause la satisfaction pour, plus près du doute, toucher le flou d’une route, et librement y aller plus avant, me mettre en danger. J’ai ainsi l’impression de progresser même si pour un pourcentage non négligeable de mon entourage proche, je vis de plus en plus dans l’illusion. Cela n’est pas bien grave. L’isolement, est nécessaire à toute réaction. À ce sujet il faut que je vous soumette une question essentielle. Je vais évidemment au fil de ce récit, reprendre vos propos énoncés de-ci de-là. J’ai bonne mémoire, néanmoins personne n’est à l’abri d’un quelconque oubli et aussi, parfois, certaines fois, je déforme volontairement ce qui est (pourquoi ?) Voilà ma question - mais puis-je librement vous interroger ? Vous ne répondez pas, et qui ne dit mot consent…

Qu’est-ce qu’aimer ? Se mettre en danger ?

Question boulot, j’ai fait un tour du côté de Montpellier ! J’y expose au Centre, c’est cool ! Ainsi les frileux sous climatiseur vont croiser la prétention de mes bavures, les blessures d’une nature bien vivante. Si seulement, eux aussi œuvraient en leur sens, chacun ici-bas doit jouer son rôle dans l’existence. Ils y a ceux qui produisent et se délestent et ceux qui possèdent les restes. Le voyage d’un peu d’écriture manufacturée issue des épais matelas d’antan. Tous ces doux billets qui disaient : « Oh ! J’aimais ce que vous faisiez, mon ami… » me feraient, pourtant le plus grand bien. Je ne sais pas pourquoi, j’ai cette envie constante d’aimer ou de l’être, vous savez ce sentiment bizarre, celui qui invite à avancer et qui fait poursuivre à grande enjambées l’ensemble du groupe quand la trouille sans concession nous possède. Enfin, je ne vais pas trop me plaindre d’avoir atterri en les champs boueux de cette ignorance qui me crotte désormais, à tout jamais, les doigts. L’amour est un manque qu’il fait bon, touche à touche, tenter de combler.

D’ailleurs prenons le détour du coté du cœur.

Sous le soleil, j’y ai revu les miens. Ça fait toujours du bien !

J’ai raconté certains événements vécus à « LaValade* », entre les « Suce les couilles à poil de ton père en kangourou devant Prisu » et les baffes envisagées, ils ont souri et même ri et qui rit ne pleure pas… C’est déjà cela ! J’y ai aussi acheté une guitare ! « Jasmine by Takamine ». Pour cent trente deniers j’ai délivré une belle demoiselle de son électro et d’une question idiote : « La guitare est-elle l’instrument pour au mieux exprimer ma voix ? - Non non, je ne pense pas, vu le chaud de vos cordes, essayez plutôt le micro », lui ai-je répondu sincèrement.

Une bonne occase à mes yeux, l’instrument pas l’amante. Faut aussi savoir un tantinet rester prude, quand de la lune on rêve du repos sur la surface de ses dunes. Sur le retour de mon périple, je suis monté à Bordeaux chez « Virgin » pour y acheter un cordon et un jeu de cordes neuves Elixir.

Revenu, j’ai démonté l’engin pour apprécier la qualité de la mécanique, j’ai nettoyé la machine et l’ai remontée, l’ai accordée, branchée et après vous imaginez…

Déjà elle brille ! Ça fait bling-bling et ça clinque ! Je suis content de cet achat. Me reste encore à apprendre à régler un ampli. À suivre donc...

Elles étaient paisibles nos soirées, tous les cinq autour de l’échiquier ! J’espère que vous n’avez pas brûlé le sceptre du Merlin. Et qu’Ibanez et la Martine, les reines des belles, s’expriment encore de temps en temps. La musique c’est un moment important, cela nous a permis, je crois, de rester en phase aux regards des gosses. Une solidarité en exemple malgré nos différences flagrantes. Et ils en ont grand besoin.

Voilà à peu près où j’en suis.

Je replie mon papier et le glisse dans l'enveloppe conçue à cet effet. Je roule le tout et loge l'ensemble dans la bouteille, place le bouchon en son logement et invite mes mots à rejoindre les flots.



Bien à nous.


* Cherche.