CYCLE (2018) Painting by Constance Tardieu

La conscience s’éveille sur différents niveaux à des degrés différents. C’est une passerelle entre la réalité et notre être conscient, vivant dans une dimension particulière au sein de laquelle il croit voir, sentir et évoluer tout en maîtrisant son environnement extérieur et sa propre intériorité. En réalité il est aveugle et sourd dans un monde de vie duquel il ne peut saisir qu’un infime fragment d’apparence matérielle, comme immergé dans une eau trouble, un bain dont il n’a même pas conscience, attendant de pouvoir atteindre la surface pour voir et entendre, pour respirer enfin. L’eau est le conducteur, elle est cette dimension entre réalité et véritable perception soit une réalité consciente. Elle peut donner naissance et abriter tout un monde sous-marin, comme l’inconscient perdu dans les abysses de notre esprit, et en détruire un autre en une fraction de secondes tel un tsunami effaçant toute trace de l’homme en surface à la manière dont peut s’obscurcir l’esprit lorsqu’il n’est plus que chaos et destruction, menant ainsi à notre sombre époque en proie aux ouragans, inondations, tsunamis, réchauffement climatique... Tous annonçant la fin d’une ère, celle des hommes, pour laisser place à une nouvelle ère, l’Ère de l’Eau. S’il est bien une chose qui soit réelle, c’est elle. Visible et invisible, un tout qui se divise, s’absorbe ou se rejette, claire, trouble, insondable et parfois impénétrable. Elle s’apparente à l’esprit humain prisonnier de son enveloppe corporelle matérielle, l’eau peut être contenue mais elle est aussi infinie dans sa forme une fois débarrassée des contraintes physiques. Sa véritable forme réside dans l’expansion. Une expansion à tous les organismes et à tous les états, résidant au sein de chaque être vivant, les faisant vivres mais aussi mourir. Et s'il est un dieu qui soit ce n’est probablement pas dans le ciel qu’il se trouve, mais au cœur même de l’eau.


CYCLE est une œuvre composée d’un polyptique de 5 toiles liées entre elles. 4 toiles de dimension 60 x 80 x 2cm et d’une toile centrale d’une dimension de 80 x 115 x 2cm. Réalisée en 2018, il s’agit d’une huile sur toile s’inscrivant dans le courant artistique de l’expressionisme abstrait. Les toiles doivent être agencées dans le sens d’une croix chacune ayant un lien spécifique vis-à-vis des autres toiles.

La toile située en haut sur la modélisation de l’agencement est TRANSCENDANCE, la toile centrale est ABYSSES, celle située à gauche de celle-ci est L’EAU AU COMMENCEMENT et celle située à droite est PLONGEON. Enfin la toile située en bas est EN EAUX TROUBLES. Le lien horizontal représente la trame d’une vie humaine à travers l’eau. L’eau au commencement qui enveloppe, nourrit et protège le fœtus, les abysses sont une allégorie de l’esprit humain, nos choix, nos décisions, nos propres envies qui déterminent le cours d’une vie mais auxquelles nous n’avons jamais accès directement, parfois plus proches en surface mais souvent tapis au plus profond de notre inconscient. Enfin, le plongeon vers l’inconnu, une symbolique de la mort comme un changement d’état, du solide au liquide puis au gaz tout comme l’eau qui nous compose, nous la rejoignons dans cette autre réalité, celle du vivant invisible à nos sens mais qui nous transcende pourtant. Et lorsque nous plongeons dans cette eau, c’est en nous même que nous nous plongeons.

Le lien vertical représente ici l’esprit humain. Au cœur sont les abysses, la composante essentielle de ce dernier. Mais il peut aussi avoir plusieurs formes et plusieurs états tout comme l’eau. En eaux troubles sont les idées obscurcies, noires, les angoisses et les vices de l’humanité. Tandis qu’en surface se trouve le calme et la clarté, une autre alternative. Une issue meilleure pour elle, cette humanité qui consomme, gaspille, pollue, cette eau qui nous fait vivre et qui nous créée. La venue d’un changement ? La perception consciente de notre réalité? Celle que nous refusons de voir. Le temps venu enfin de sortir du bain pour respirer.

EN EAUX TROUBLES : Corps disloqué, meurtri, qui se noie dans sa propre vie qui se déverse. Toute l’eau contenue de son corps qui l’englobe et le plonge en plein trouble. L’air lui manque, l’eau aussi. Tout comme les 11% de la population mondiale n’ayant toujours pas accès à l’eau potable. TRANSCENDANCE : Les mains tendues vers une eau translucide, pure, la voie que l'humanité doit suivre pour sortir de ce tourbillon entre trouble et obscurité. L’EAU AU COMMENCEMENT / PLONGEON : L’importance, la nécessité. Le rappel d’une présence permanente d’une entité miraculeuse qui fait partie intégrante de l’organisme et potentiellement de notre être. Encore partiellement incomprise par la science.