La plage (2003) Painting by Delechat

Il arrive à l’entrebâillement des étoffes suspendues, du revers d’une main, sans peine, il les écarte, ne peut s’empêcher de regarder le siège qu’il lui est réservée. (On lui avait pourtant certifié de ne jamais se retourner). Cette assise, comme le reste des autres, il la voit vide.

Dans la poche conçue à cet effet, il touche la crosse du flingue, son index caresse la gâchette. Le viseur est à deux trois millimètre de sa tempe. Seul.

De l’autre côté, un bar.

Un client s’installe comme un client qui s’installerait, puis il parlerait :

- Garçon ! S’il te plait remets moi ça mon gars !

L’acteur surpris d’être devenu serveur, balance sa première réplique :

- Oui ? Bonsoir.
Le client, un savant celui-la :

- Donne moi du boire !

Le serveur ayant des problèmes avec son don d’élocution :

- De quoi ? Toi ! fils de rien. Ici je ne sers que l’exceptionnel !

Le client :

- Je te laisse, une ultime fois. Le choix. Fais preuve, autre que ton mépris. D’inspiration, Garçon. Ton maquillage ne trompe plus que ton reflet.

Une bouteille comme une autre, se déloge du tourniquet qui clique au passage. C’est un liquide jaune feuille d’automne tendant vers l’émeraude, qui l’emplie. Le bouchon se dévisse, le verre est servi. Le lieu est calme, les pages à droites se posent à gauche, elles se tournent et se retournent. Une mouche se pose sur l’index du client, elle est pensive. Avec son pouce celui-ci, l’écrase. Prés de la coupe au pied élaboré d’une spirale, une carafe de cristal, se place. Le double en eau sur un sucre de canne, y est versé. Le serveur, ajoutant sur la sucrerie une goutte issue de la bague à sa main, il dit :

- Tenez buvez, monsieur, a la fin des culs secs, les fées vertes, celles qui dansent toutes nues, vous y observerez.