Caprie

Le complexe d'Arlequin...

Le complexe d’Arlequin

L’inconstance est l’une des choses du monde la mieux partagée.

Nous sommes tour à tour volages, infidèles, incohérents dans nos choix.

Une figure résume cette inconstance : Arlequin, ce valet de trop nombreux maîtres, cet amoureux qui ne résiste à aucune tentation.

L’inconstance est aussi la chose du monde la plus critiquée.
Arlequin réunit contre lui une Sainte Alliance.

Contre ces critiques de la démocratie réelle, prenons la défense d’Arlequin et faisons l’éloge de l’inconstance.

Examinons les sphères de l’amour.
Sous l’apparente superficialité de l’inconstance, on découvre une vertu qui est au fondement même de nos évolutions.

C’est d’abord une compétence : c’est en étant inconstant que nous pouvons participer à la multiplicité des formes de l’existence. Loin de menacer la solidité du lien, l’inconstance est ce qui en assure la souplesse.

Plus fondamentalement encore, l’inconstance nous permet d’échapper à l’assignation à un lieu, un rôle, une norme, une habitude.

L’inconstance ne serait-elle pas le nom moderne de la liberté ?

Mais cette volonté farouche à l’inconstance ne synthétise t’elle pas à elle seule une constance ?

N’est-ce pas là une camisole à proprement parler que de s’enfermer en tel ghetto sous prétexte de liberté ?

Ne finit-on pas simplement barricadés par cette idée de la liberté ?