Ajouté le 24 juin 2006
L’abstraction est une des grandes aventures de l’art qui a fait couler beaucoup d’encre tout au long du XX ème siècle.
Louis Lambert, toujours à la recherche d’un mieux, s’inscrit parfaitement dans cette tradition car il expose le réel autrement, finement, explorant même la science dans les limites du visible. Il y a là, dans ses séries, un travail de construction, dont l’une des sources peut être un soleil mouillé comme un ciel brouillé ou des structures métalliques sur l’océan, structures qu’on découvre entre ciel et mer qui semble ne venir de nulle part. Louis Lambert n’aime pas diriger les gens avec un titre.
C’est en fait un vrai travail d’intuition, lié à la couleur et aux formes où l’artiste exprime sa propre conception de la quintessence du tableau ou tout simplement sa propre expérience parfois plus spatiale et plus structurelle d’ailleurs que chromatique.
On découvre dans les œuvres de Louis Lambert, trois ou quatre styles différents, avec, à chaque fois une approche de la réalité, de sa réalité toujours à la recherche d’un équilibre.
Rien qu’en ce qui le concerne, on rencontre chez Louis Lambert, une obsession du mouvement et de la vitesse qui le rapproche de peintres futuriste comme Severini ou Giacomo Balla ou encore les russes avant-gardistes comme Gontcharova et Larionov qui traduisent la temporalité dans l’œuvre en serrant au plus près la décomposition de la lumière qu’elle soit solaire ou artificielle.
Voyez les œuvres les plus suggestives avec des prismes qu’on dirait de segments astraux, des cônes tronqués, des étirements, des transparences dans la beauté aussi bien de ses bleus vifs ou jaunes puissants que dans ses tons ocres, brun et mordorés qui font que ces tableaux ont une réelle fulgurance où la musique, dans de nombreux cas, se déploie magistralement dans l’espace comme dans le temps.
Pour les scientifiques de l’art abstrait, la lumière comme le son est une onde. Louis Lambert a cette vision abstraite des choses qui le libère de toute contingence.
A coup sûr des affinités déterminantes entre peinture et musique et en permanence chez ce personnage et artiste anxieux, un doute éblouissant et romantique.
C’est Goethe qui dans son traité des couleurs de 1810 établit que notre perception des formes naît des vibrations de la couleur.
J’ai la conviction que le monde que Louis Lambert retranscrit selon ses propres canons, l’entraîne vers un art sensitif et immatériel, lyrique, qui tout compte fait nous plonge au cœur de la réalité du monde.
Caspar David Friedrich, le grand peintre romantique allemand l’affirmait : « Toute oeuvre authentique est conçue dans une heure sacrée, enfantée dans une heure bénie : une impulsion du dedans la crée, souvent à l’insu de l’artiste ».
Bruno DROUGUET.
Critique d’arts.