Napoléon (2024) Painting by Nicolas Maureau

Né en Corse en 1769, Napoléon Bonaparte devient l’un des plus célèbres chefs militaires et politiques de l’histoire. Général brillant sous la Révolution française, il prend le pouvoir par un coup d’État en 1799 et devient Premier Consul, puis Empereur des Français en 1804. Son règne est marqué par de vastes réformes (Code civil, centralisation de l’État) et une série de guerres de conquête qui redessinent la carte de l’Europe.
Son génie militaire lui vaut des victoires spectaculaires, mais ses campagnes finissent par l’user : la campagne de Russie (1812) est un désastre, suivi de sa première abdication en 1814. De retour au pouvoir pour les Cent-Jours en 1815, il est finalement vaincu à Waterloo et exilé à Sainte-Hélène, où il meurt en 1821.
Figure complexe, Napoléon incarne à la fois l’héritage de la Révolution et le retour de l’autoritarisme monarchique, le modernisateur éclairé et le despote conquérant.

Dans cette œuvre de la série En majesté, Nicolas Maureau représente Napoléon non pas en costume d’apparat, mais torse nu, en short de boxeur rouge impérial, jambes croisées, assis sur un fauteuil en métal. Son bras droit tombe négligemment, tandis que sa main gauche repose entre ses cuisses. Il porte des protections de boxe, suggérant qu’il vient de livrer, ou s’apprête à livrer, un dernier combat. La posture est à la fois abandonnée et altière, entre lassitude et résistance.

Ce Napoléon-là n’est plus maître de l’Europe, mais il habite encore la pose du pouvoir. La ceinture blanche froncée du short évoque les ceintures d’apparat, comme un vestige dérisoire de sa gloire passée. Le fauteuil métallique, dépouillé, tranche avec les trônes dorés de l’Empire : nous sommes à Sainte-Hélène, dans l’après, dans la chambre d’un empereur déchu.

L’artiste puise dans l’iconographie napoléonienne, notamment Napoléon à Fontainebleau de Paul Delaroche, mais il en déplace les codes : le costume d’époque devient tenue de boxeur, le drame historique devient drame existentiel. Le corps juvénile, sa nudité partielle, se rattache à l’iconographie impériale romaine où le nu magnifie la force, la jeunesse, l’autorité divine du souverain. Ce corps est un corps politique, mis en scène à la manière d’un héros antique déchu. Il questionne notre rapport au pouvoir, à la virilité et à la défaite.

L’ambiguïté est partout : Napoléon est à la fois humilié et magnifié, affaibli mais encore habité de grandeur. Il devient figure de la jeunesse confrontée à l’échec, du pouvoir confronté à sa propre vanité. Le pouvoir ici ne disparaît pas, désarmé, désabusé sa chute reste majestueuse. Il se mue en Mythe.

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