Concerto furioso (2025) Baskıresim Lionel Morateur tarafından

Diptyque (2 fois 120x180 cm) Estampes numériques sur toile.

« Concerto Furioso » se donne à lire autant qu’à voir, tant l’image évoque une scène sonore, théâtrale, vibrante, digne d’un opéra furibond ou d’un concert explosif aux accents gothiques.

Un chaos orchestré. L’image s’ouvre comme une déflagration baroque : dans une lumière crépusculaire, trouée d’éclats d’or et de ténèbres, des personnages à la mine déformée et au maquillage blafard se précipitent vers le spectateur. Leurs accents expressionnistes évoquent une mascarade de l’angoisse, ou encore un carnaval macabre, où le visage humain semble transformé en masque de tragédie ou de folie. Ici, la référence au monde du théâtre ou du cabaret lugubre (à la manière de l’« expressionnisme allemand » ou du « Grand-Guignol ») s’allie avec un univers rock ou punk.

Le titre « Concerto Furioso » annonce déjà la tonalité : furioso, c’est-à-dire en musique, fougueux, déchaîné – à la limite de la rupture. C’est donc une œuvre qui prône la tension, l’excès, la montée dramatique. Cette idée se matérialise dans le geste hurlant et convulsif des personnages, dans la dynamique explosive de la scène, dans la façon dont l’arrière-plan – un décor de pierres, de ruines ou d’orgues monumentaux – semble lui-même exploser sous la puissance de la musique ou du cri.

La fusion des genres : symphonie rock et fantasmagorie gothique Au centre, les silhouettes des musiciens rappellent sans équivoque l’univers du concert de rock ou de métal : guitares, batterie, micros en suspens, énergie irradiante du jeu scénique. Pourtant, tout ici est détourné. Le classicisme du costume, la blancheur des visages, le contraste entre la structure rigide des habits et l’abandon du corps, confèrent à l’image un statut d’hybridité : entre l’orchestre philharmonique et le groupe de heavy metal, entre la tragédie lyrique et la déflagration contemporaine.

On notera aussi la touche apocalyptique du décor. Les couleurs éclatent et se heurtent – jaunes volcaniques, rouges sanguinolents, noirs d’encre, gris cendreux – évoquant à la fois les flammes de l’enfer et les ruines grandioses d’une civilisation sur le point de s’effondrer. Ce climat de dissolution, d’ivresse furieuse et désespérée, fait écho à la « furia » baroque, mais aussi au malaise moderne.

La figure humaine : cri, effroi, extase; Ce qui frappe, ce sont les figures majeures du premier plan : visages grimaçants, bouches béantes, yeux hallucinés. On n’est pas devant de simples spectateurs, mais devant des créatures possédées par la musique ou par un délire fébrile. L’artiste capte la fulgurance du cri, cette énergie brute qui traverse certains tableaux de Munch ou les personnages torturés de Francis Bacon. Ces êtres se situent entre la mort et la vie, entre le corps et le masque, entre la souffrance et l’extase.

« Concerto Furioso » frappe par sa capacité à mêler violence et beauté, horreur et exubérance, à faire dialoguer la tradition musicale savante et la fureur moderne du rock. Il délivre une réflexion incandescente sur la théâtralité de notre monde, sur la puissance de l’art quand il se fait rituel exutoire ou cri de rébellion. En cisaillement, en superposition, l’œuvre bouscule le regard, électrise la sensibilité, et nous invite à plonger dans le vertige de notre époque.

En somme, une fresque lyrique et chaotique, inoubliable par la violence de son impact visuel et symbolique. Un appel à toutes les tempêtes, musicales, intérieures et sociales.

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