Galazzo

Ma peinture pourrait s’intituler « vestiges et empreintes » tant j'essaye de collationner toutes les bribes de nos différentes civilisations.

Je ne tiens pas a retranscrire des faits réels ou les différentes écritures picturales, non, mon but est de créer un télescopage poétique des différents tempos de notre ère.

De l'empreinte magdalénienne, au romantisme, en passant par l'Etrusque, l'Hellène ou le romain, mon voyage initiatique est un survol, un condensé, un amalgame qui me conduit à chercher l'esprit, la forme et la couleur du temps qui passe.

Cette interrogation ininterrompue me demande de chercher dans la matière les réponses que j'attends.En modelant mes fonds, en utilisant méthodes anciennes, pigments naturels, huile et tempéra, je crée mon monde...

Utilisant les espaces, les creux et les pleins, la douceur et la force, la transparence et l'opaque, je refais l'histoire, mon histoire.

Cette histoire qui n’est pas régie par une technique qui s'affirme avec le temps, mais au contraire, qui demande pour chaque toile une recherche quasi complète.

En effet, chaque toile est en relation directe avec les matières employées, l'hygrométrie, la température, les épaisseurs, le format.

A chaque toile son vécu... 

Au regard d'une toile il faut accomplir son propre voyage, pénétrer son univers, penser, rêver la matière, au-delà de l'apparence propre d’un tableau, il vous interpelle, vous questionne, vous sonde, vous ausculte autant que vous le faites.

        Mes toiles sont faites d'épaisseurs de peinture superposées, juxtaposées, jetées, étalées, effleurées, en transparence ou solidifiées, à gros empâtements ou en fines couches, calmes ou nerveuses, elles parlent.

        En teintes brutes ou délicates où les primaires se mixtent avec les ocres, mes façades ou roches travaillées par le temps, les oxydes et les intempéries, emprisonnent des formés qui se devinent, souvent presque effacées érodées, abstraites ou allusives qui apparaissent ou disparaissent sur leur fond millénaire.

        Mes coups de crayon recouverts de peinture, tranchent parfois l’espace,  ces affleurements techniques permettent l'amateur éclairé de me deviner, de me découvrir à travers la toile, de soupçonner ma présence et de ne pas croire à l'arrachement volontaire de pans d'histoire.

        Telle forme peinte représentant une figure féminine, où le travail de ses contours ne la décrivent pas, animant en fait son essence, somme toute une certaine idée de la femme, faite de grâce, diaphane indéchiffrable, puissante toujours et si fragile parfois...    

        Mémoire originelle, art pariétal préhistorique où l’indicible côtoie le réel, où le détail devient symbole, symbole du reste, du décryptage de l'art rupestre où telle ligne, même effacée partiellement, demeure forte et représente toujours un tout.

        L’érosion n'enlève rien, elle retransmet même d'autres expressions suggestives, elle authentifie par le sceau du temps.

        Voyage millénaire, parfois errance dans l’univers, mon transport me porte des rives du figuratif aux portes de l'abstrait.

        Mais n'est-ce pas là, la forme même de la mémoire et de la vie ?   .....