Oeildepierre

Regards contemporains sur Toulouse-Lautrec

TARN : Une exposition de Pierre Assémat et Thierry Pons
LaDepeche.fr | 20 Décembre 2001 | LaDepeche du midi

Chaque année, Donatien Rousseau propose une exposition de photographies sur un thème particulier.
Cette année, il a choisi la commémoration du centenaire de la mort de Toulouse-Lautrec comme axe de travail fourni à deux jeunes photographes. Pierre Assémat d'Albi et Thierry Pons de Rabastens ont rendu leurs copies.
Le résultat est visible sur les cimaises de la salle Choiseul, au palais de la Berbie. Il est repris sur un livret raffiné qui tient lieu de catalogue, avec le mot de Thierry Carcenac, président du conseil général et du syndicat mixte d'aménagement du musée Toulouse-Lautrec, et le commentaire de Danièle Devynck, conservateur en chef du musée. Les amateurs d'art et de photographies ont à coeur de conserver ces traces, comme autant de subtils documents.
Pierre Assémat, dans de grands formats, capte la part d'intemporel des collections du musée, utilise l'architecture du palais, met en perspective des personnages pour faire vivre les images. Là où Lautrec travaille les applats, Assemat apporte du relief pour donner mouvement au gant noir, au salon de la rue des Moulins, aux cancanières. La construction est aussi bien campée que le palais de brique, les renvois sur les personnages des tableaux très lisibles, comme la buveuse d'absinthe, en ombre chinoise sur la terrasse. Les techniques japonisantes, les thèmes chers à Lautrec sont repris par le photographe. Comme si les personnages peints par Lautrec venaient hanter les jardins. Comme si, la nuit, les fantômes des tableaux venaient habiter l'espace.
TOUJOURS D'ACTUALITE
Thierry Pons, lui, a promené son objectif à Malromé le 9 septembre, jour de la commémoration de la mort de Lautrec dans le château de sa mère. Pour être un reportage d'actualité, il n'en est pas moins empreint d'une grande charge poétique. Les temps forts de ce centenaire sont saisis sur le vif. De la somptueuse danse des voiles de la Loïe Fuller, la coquine Grisette, à Claude Nougaro dans un halo lunaire. La création de Richard Massoutier pour la circonstance donne lieu à des renvois théâtralisés de Malromé jusqu'au musée. Les attitudes se répondent avec malice. La grâce des atmosphères chères à Lautrec est omniprésente. A un siècle d'écart, ces deux jeunes photographes font rejaillir, en noir et blanc, le sens de la fête du peintre qui adorait la couleur. Ils donnent à voir sa fantaisie mêlée de gravité. Mieux que dans un miroir, ils captent l'essentiel. Leur pellicule révèle ce qui fait de Lautrec un artiste toujours contemporain.
Espérance GIRAL.