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Galerie Nadine GRANIER

Back to list Added May 15, 2015

Exposition Michel Fourcade

« Landscapes » Peinture et Dessin,

 

Les amateurs d’art, qu’ils soient d’Albi, de cette région ou seulement de passage, ont bien de la chance.

 

En accueillant l’exposition « Landscapes », peintures et dessins de Michel Fourcade, la Galerie Nadine Granier va leur permettre de découvrir un artiste de grande qualité qui, pour avoir vécu et exposé à New York, à Londres ou à Amsterdam, réside et

travaille le plus souvent près d’ici.

 

Les dernières peintures de Michel Fourcade mêlent d’ailleurs volontiers le clocher de

la cathédrale d’Albi à la pointe du Chrysler Building !

Mais ce choix de mixer des morceaux de ville n’a chez lui rien d’un hasard plus ou moins surréaliste : « J’aime associer et combiner certains éléments de ville pour

susciter des correspondances plastiques qui, par-delà la signification ou le symbolique, caractérisent le monde d’aujourd’hui, avec son mélange de vies, d’ethnies, de genres. Chaque ville, en soi, est déjà un formidable collage que je vois d’abord comme un amoncellement de formes d’où ressortent, en premier lieu, des cubes. Le cube étant la figure parfaite autour de laquelle tourne (souvent, chez moi, il contient des sphères) tout mon travail depuis dix ans. ».

 

De fait, c’est moins la sédimentation des formes qui se superposent, le palimpseste paysager ou l’accumulation urbaine qui intéressent Michel Fourcade, que le choc

visuel qui peut naître de la juxtaposition dans le même espace de quelques éléments hétérogènes, choisis pour leur capacité d’emboîtement esthétique et la fiction plastique qu’ils inventent ou révèlent.

« Un peu comme si on se promenait dans un décor new-yorkais, dit-il, et que tout à coup un pan de mur soit coupé qui laisse entrevoir une autre réalité. ».

Un « trou » dans l’épaisseur du réel qui fait notamment penser au cinéma de David Lynch, comme l’ont signalé divers critiques.

 

Chez Fourcade, toute forme qui apparaît semble toujours prête à se transformer en une autre.

De cette manipulation du regard naît alors un espace singulier, non dépourvu

d’humour. Un ordre esthétique émerge de ce chaos apparent et espiègle où chaque rupture ou « anomalie » qui vient interrompre ces improbables décors devient à son tour une sorte d’attracteur étrange qui charrie d’autres images hybrides.

 

Autant d’univers déconnectés auxquels la démarche absolument picturale de Michel Fourcade restitue un ordre à la fois lumineux et explosif par le choix du cadrage, mais surtout du noir et des couleurs.

 

Car, comme l’a souligné le philosophe Mehdi Belhaj Kacem dans la belle étude qu’il lui a consacré, Fourcade est un coloriste exceptionnel.

Les couleurs les plus périlleuses, orange hurleur, jaune canari, vert pixel sont ici

asservies pour vibrer dans une dominante froide, parfois brutale, mais qui jamais n’écrase les formes.

C’est par elles, autant que par l’emboîtement de plans appartenant à des villes séparées, que Fourcade produit cette beauté à première vue dérangeante pour nos repères mentaux, comme si à la perte du sens de l’espace s’ajoutait celle du temps.

 

Car les rythmes, en apparence contradictoires entre, disons, New York, Londres et Albi, s’accordent soudain dans notre œil d’abord agressé puis apaisé, comme si ces espaces et ce temps n’étaient conciliables que du seul point de vue de la peinture.

 

Artiste complet, Michel Fourcade s’est d’abord fait connaître par des toiles

hyperréalistes avant de s’exprimer par l’abstraction, mais aussi par le dessin,

la photographie, la vidéo et les installations.

 

Une œuvre exigeante qui, si j’étais collectionneur à Albi (un hiatus dans le Tarn, disait Nabokov), me ferait me précipiter vers cet artiste dont la valeur ne cesse de grimper et qui est au seuil d’une reconnaissance par le plus large public.

 

 

Jean-Paul Chavent, Écrivain mai 2015

 

 

 

 

 

 

 

Artmajeur

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