Apokatastasis Digital Arts by Cœur

Si j’ai fait ce dessin, c‘est en rapport avec les actualités récentes, tout d’abord les attentats en Russie et en Suède et l’envoi des désormais fameux 59 Tomahawks lancés sur la base d’Al-Shayrat en Syrie.

Tout d’abord je suis triste de voir que les attentats se répandent désormais à toute l’Europe, surtout dans un pays d’une certaine neutralité et exemplarité comme la Suède, un pays que je connais un petit peu et que j’apprécie, espérons que la situation ne s’aggrave pas davantage, d’une manière générale que les choses se tassent..?

Dans ce dessin, il est très simple de faire les liens, j’ai représenté un missile au graphisme cartoon avec des attributs de papillon, le papillon est un symbole de transformation. Par analogie à la vie de cet animal, la signification associée avec le papillon met l’accent sur la capacité de passer d’un état, d’une perspective, ou d’un mode de vie à un autre. Il représente le changement vers ce qu’il y a de plus élevé. Il nous enseigne à transformer consciemment nos vies, à créer de nouvelles situations pour améliorer le quotidien. Autant dire que parer un missile ou une arme des attributs d’un papillon, relève de l’imposture, du cynisme le plus abject.

Les différentes phrases écrites en anglais appuient cette dynamique insolente, il va sans dire que je combats la guerre et l’escalade insensée des conflits dans le monde jusqu'à la violence économique qui créée la misère. Je cherche par ce mécanisme simpliste à forcer la prise de conscience, il est impossible de développer une estime de soi dans un monde aussi trouble, il est essentiel de promouvoir la paix et d’arrêter de maquiller des actes de violences en acte libérateur, cela ne fera qu’augmenter les crises.

Je ne suis pas alarmiste, tout ce que je décris est déjà réel, la tendance, le glissement ne fait que suivre son inertie. Aussi ne tomber pas dans un camp, dans les querelles, ce qu’il faut comprendre c’est que la paix s’obtient dans la raison, dans le dialogue, Jung disait « L’esprit de ce temps n’est pas divin, l’esprit des profondeurs n’est pas divin, l’équilibre est divin.» L’humanité à besoin de retrouver le chemin de l’équilibre, cela commence par l’intention d’être dans la sagesse, il faut retrouver la confiance. Ne pensez pas à tort que cela ne vous regarde pas, que la situation vous est extérieure, car tôt ou tard si nous agissons tous ainsi le monde tel que nous le connaissons continuera sa dégénérescence inexorable, jusqu’à affecter votre environnement direct.

Il y a des chemins et des vérités multiples, il y a autant d’opinions multiples que d’humains. C’est un fait évident et pourtant il y a des vérités sur lesquelles nous nous accordons tous, ce sont celles-là qu’il faut viser. Envoyer des missiles pour éliminer d’autres êtres humains ne constituera jamais un progrès, utiliser un véhicule pour écraser des inconnus ne constituera jamais une forme de progrès.

Créer, entasser des armes destinées à servir pour «défendre»?
Tout cela ne constituera jamais un progrès.

Tout le monde s’accordera certainement à comprendre qu’il est faux de dire que l’on obtient la paix par la guerre.
Sinon comment expliquer que ces fameux vilains, dégénérés, monstres et autres rebuts inhumains trouvent toujours de nouvelles raisons de nous rendre tout aussi monstrueux. Il y a là tous les stigmates de notre impuissance, de notre incapacité à éteindre notre part obscure.


Enfin je vais expliquer ce titre d’apocatastase, ceux qui me lisent savent que j’aime analyser la culture dans ces structures récurrentes, dans cet éternel recommencement qui fait échos aux notions passées, celle des anciens. Ce qui selon moi rend le temps et les structures qui nous gouvernent fascinantes et vertigineuses. Nous vivons ces états de guerre, nous les voyons se reproduire sans réussir à les empêcher comme si la mécanique machiavélique était trop puissante. Comme si rien ne nous permettait d’entraver un destin terrible irréductible. Il est facile de comprendre que quand les peuples sont pris d’une colère folle, d’une démence de foule.


«Apocatastase» est la transcription du terme grec Apokatastasis, qui a les sens suivants :

1-rétablissement
2-reconstitution ou restitution
3-restauration dans l’état original ou primordial

Le terme apocatastase désigne la restauration finale de toutes choses en leur état d’origine.

Dans la théologie chrétienne, le terme apocatastase ne désigne pas uniquement des positions condamnées. Parler d’apocatastase, c’est, dans un langage simple, se demander si « tout le monde ira au paradis », ou bien, selon la question posée par Hans Urs Von Balthasar, celle de savoir si l’enfer est vide. Considérée comme un théologoumène, l’apocatastase est tenue pour relever d’un questionnement juste et pertinent mais auquel il est impossible d’apporter des réponses certaines et qui, à ce titre, ne relève pas du dogme ou de l’orthodoxie. Ce qui empêche le théologien chrétien de se prononcer sur l’apocatastase est que le questionnement dont relève cette notion porte sur le problème du salut, problème qui par ailleurs relève du jugement de Dieu. Pour un chrétien, il semble donc impossible d’y répondre sans se substituer à Dieu et à son jugement.

Dans le stoïcisme, le Cosmos est une expression matérielle des pensées parfaites de Zeus, et l’apocatastase est le repli qui se produit quand Zeus revient à son auto-contemplation. Il se produira quand les étoiles et les planètes reviendront à leur position originelle, considérée comme devant être en alignement avec le Cancer ; alors, l’univers sera consumé par le feu (ekpurosis). L’antapocatastasis est une occurrence inverse qui se produit quand les étoiles et les planètes sont en alignement avec le Capricorne, et que l’univers est détruit par un déluge. Quand Zeus dirigera à nouveau ses pensées vers l’extérieur, le cosmos renaîtra ou sera reconstitué sous la direction et avec le soutien du Logos, qui est une émanation de Zeus. Pour Macrobe, la voie de la réincarnation passe du Cancer au Lion (Le Songe de Scipion, I, 12, 4).

«Les stoïciens prétendent que lorsqu’après une certaine période de temps les planètes reviennent toutes exactement soit en longueur soit en hauteur au même point du ciel où elles étaient au commencement du monde, il en résulte l’embrasement et la destruction de l’univers, et qu’en suite tout recommence de nouveau. Or, comme le cours des astres est exactement le même qu’auparavant, toutes les choses qui ont eu lieu dans la période précédente se passent encore de la même manière. Ainsi, il y aura de nouveau un Socrate, un Platon, et chacun des hommes avec les mêmes amis et les mêmes concitoyens et ils conseilleront les mêmes choses, s’entretiendront avec les mêmes personnes et traiteront les mêmes questions. Et la Cité tout entière et le bourg et la campagne se renouvelleront pareillement… Il n’y aura rien d’étranger par rapport à ce qui s’était produit auparavant, mais toutes choses seront exactement pareilles, même jusqu’aux détails les plus infimes… Et cette restauration (apocatastase) ne se produira pas une fois, mais plusieurs fois ; ou plutôt toutes choses seront restaurées éternellement»

Le terme d’apocatastase renferme énormément de sens, surtout une forte charge destinale, il s’inscrit comme le décrirait Deleuse dans des systèmes de différences et de répétitions.

Peut-t-on inverser le cours des choses ?
Obtiendrons-nous tous le salut ?
Ou sommes-nous finalement Condamnés à revivre les mêmes choses sans cesse ?

Quoi qu’il en soit, nous espérons que la situation ne s’aggrave pas davantage, que les choses se tassent..?
Effectivement c’est cela que nous espérons tous sans y mettre vraiment de convictions, tout le monde continue sa vie sans considérer que nous avons là tout les symptômes d’une escalade vers l’hyper-conflit.

Se pourrait-t-il que je sois pris de folie divine ?

La folie divine selon Socrate dans le Phèdre de Platon est « un don des dieux et c’est par cette folie que les plus grands biens nous sont donnés». L’une des 4 formes de folie dont parlait Socrate, s’incarnait à travers des hommes, tourmentés par d’anciens pêchés se répandant en discours prophétiques, cherchant leur salut dans la prière et dans l’adoration des dieux.


Alors suis-je entrain de prédire de terribles choses à venir?
Pas du tout, en réalité car selon moi la situation est déjà porteuse du meilleur et du pire, l’hyper-conflit est déjà larvé, cela tout le monde peut le constater. Il est aussi manifeste que l’homme progresse pas à pas dans les domaines scientifiques autant que psychanalytiques, le tout forme pourtant un ensemble terriblement désuni.

Ces disparités, ces dissonances génèrent un monde de souffrance en expansion, nous ne sommes par parvenu à égaliser, à uniformiser le bien-être, l’harmonie. Consommer, vivre dans le plaisir ne pourra jamais constituer un remède dans un monde ou les disparités sont aussi indécentes. Dans ce contexte tout ne peut qu’aboutir en guerre, en conflits qu’ils soient réels ou économiques. Il serait temps que nous nous réfléchissions avec courage et une détermination ferme à nous orienter nous humains dans une direction harmonieuse, afin de créer une nouvelle période faste, une nouvelle renaissance.

Je conclurai avec le célèbre poème de Victor Hugo, depuis six mille ans la guerre...qui montre très clairement qu’à son époque cet illustre homme français croyait bon de lutter, de s’indigner, de communiquer aux autres son dégout de la guerre.


Depuis six mille ans la guerre
Plait aux peuples querelleurs,
Et Dieu perd son temps à faire
Les étoiles et les fleurs.

Les conseils du ciel immense,
Du lys pur, du nid doré,
N’ôtent aucune démence
Du cœur de l’homme effaré.

Les carnages, les victoires,
Voilà notre grand amour ;
Et les multitudes noires
Ont pour grelot le tambour.

La gloire, sous ses chimères
Et sous ses chars triomphants,
Met toutes les pauvres mères
Et tous les petits enfants.

Notre bonheur est farouche ;
C’est de dire : Allons ! mourons !
Et c’est d’avoir à la bouche
La salive des clairons.

L’acier luit, les bivouacs fument ;
Pâles, nous nous déchaînons ;
Les sombres âmes s’allument
Aux lumières des canons.

Et cela pour des altesses
Qui, vous à peine enterrés,
Se feront des politesses
Pendant que vous pourrirez.

Et que, dans le champ funeste,
Les chacals et les oiseaux,
Hideux, iront voir s’il reste
De la chair après vos os !

Aucun peuple ne tolère
Qu’un autre vive à côté ;
Et l’on souffle la colère
Dans notre imbécillité.

C’est un Russe ! Egorge, assomme.
Un Croate ! Feu roulant.
C’est juste. Pourquoi cet homme
Avait-il un habit blanc ?

Celui-ci, je le supprime
Et m’en vais, le cœur serein,
Puisqu’il a commis le crime
De naître à droite du Rhin.

Rosbach ! Waterloo ! Vengeance !
L’homme, ivre d’un affreux bruit,
N’a plus d’autre intelligence
Que le massacre et la nuit.

On pourrait boire aux fontaines,
Prier dans l’ombre à genoux,
Aimer, songer sous les chênes ;
Tuer son frère est plus doux.

On se hache, on se harponne,
On court par monts et par vaux ;
L’épouvante se cramponne
Du poing aux crins des chevaux.

Et l’aube est là sur la plaine !
Oh ! j’admire, en vérité,
Qu’on puisse avoir de la haine
Quand l’alouette a chanté.

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