The hall (2023) Photography by Da Vynci

Dans le cœur d'une grande ville belge, où les rues pavées serpentent entre des bâtiments en pierres anciennes, se cache un lieu qui semble avoir été oublié par le temps. À l’intérieur d’un ancien théâtre de style Art Nouveau, devenu par la suite cinéma, puis laissé à l’abandon, un escalier en marbre et fer forgé reste le seul vestige d’un passé éclatant.

L’escalier majestueux, à la fois délicat et imposant, serpente lentement vers les étages supérieurs, ses marches en marbre d’un blanc devenu grisâtre sous l’effet de l’humidité. Le marbre, autrefois poli et éclatant, est désormais couvert de fissures et de taches, les veines argentées et dorées qui le parcouraient se sont effacées, victimes des années d’abandon. Chaque marche grince sous le poids du temps, comme si l’escalier lui-même se souvenait des pas des spectateurs qui l’ont jadis monté avec une hâte joyeuse, impatients de découvrir les merveilles de la scène ou de se perdre dans l’obscurité du cinéma.

La lumière, qui autrefois filtrait à travers de grandes fenêtres ornées de vitraux colorés, est maintenant morne et diffuse, se frayant un chemin à travers la poussière stagnante qui flotte dans l’air. Quelques rayons d’ombre et de lumière dansent sur les marches, projetant des formes incertaines sur le sol. L’escalier, tel un vénérable monument, semble figé dans une pose solennelle, comme s’il attendait encore les gestes des spectateurs qui ne reviendront plus.

Les murs autour de lui sont marqués par les années, leur plâtre craqué, leur peinture écaillée, mais on devine encore dans les détails architecturaux l’ambition de l’époque : des moulures ornementales, des corniches finement décorées, tout un jeu de courbes et de motifs floraux qui témoignent du raffinement de l’Art Nouveau. À chaque pas sur les marches, on imagine presque les rires et les chuchotements des spectateurs, les voix animées des gens qui, dans l’effervescence des premières de théâtre ou des projections de cinéma, montaient et descendaient cet escalier comme dans un ballet sans fin.

Le hall du théâtre, maintenant envahi par l’obscurité et la désolation, semble porter l’âme de cet escalier. Il est la mémoire d’un lieu où le temps s’est arrêté, où la grandeur d’antan ne fait plus qu’écho dans les murs décrépis. Pourtant, même dans son état de délabrement, l’escalier en marbre et fer forgé garde une dignité silencieuse. Il est le dernier lien entre un passé lumineux et un présent brisé, comme un dernier souffle d’élégance qui résiste à l’oubli. Qui sait, peut-être qu’un jour, quelqu’un redonnera vie à ce lieu, et que les pas des rêveurs résonneront à nouveau sur ces marches, redécouvrant ainsi la beauté cachée dans l’ombre du temps.

Related themes

HallTheatreCinemaReception