À la Dérive sur les Laves (2024) Peinture par Christophe Mentieres

À la Dérive sur les Laves
L’œuvre À la Dérive sur les Laves capture l’essence brute et contrastée des paysages volcaniques de Lanzarote, un territoire où la terre et l’océan se livrent un dialogue éternel. Réalisée avec du sable noir prélevé sur la plage de Los Hervideros, elle allie texture et minimalisme pour suggérer un monde à la fois rugueux et poétique, où l’élément naturel devient matière artistique.

Dès le premier regard, l’œil est attiré par l’îlot de sable sombre qui s’étend sur un fond immaculé. Cette masse granuleuse, irrégulière et organique, évoque une terre insulaire, un fragment de lave figée qui semble flotter dans un espace indéfini. Le contraste entre cette matière brute et le blanc épuré du support crée un effet de suspension, comme si le paysage s’était extrait de son environnement originel pour devenir une vision flottante, presque irréelle.

Sur cette surface volcanique repose un petit voilier, esquissé avec une touche délicate d’encre noire. Sa silhouette fragile, minimaliste et stylisée semble se laisser porter par les caprices d’une mer invisible. Ce bateau, seul élément figuratif précis de la composition, devient le symbole du voyage, de l’errance et de l’inconnu. Il flotte sur cette mer de lave solidifiée, défiant l’immobilité de la roche et suggérant une tension entre mouvement et stagnation, entre force brute et légèreté.

Le sable noir, élément central de l’œuvre, possède une charge symbolique puissante. Témoignage des origines volcaniques de Lanzarote, il incarne la mémoire des éruptions passées, la puissance tellurique qui a façonné ces paysages lunaires. Sa texture irrégulière, ponctuée de grains plus clairs, raconte l’histoire d’un territoire marqué par le feu et le temps. Son application semble volontairement spontanée, presque sauvage, comme si la nature elle-même avait dicté les contours de cette terre miniature.

La composition, épurée et équilibrée, joue sur le vide et la suggestion. L’espace blanc qui entoure la scène amplifie l’impression d’isolement et d’infini, invitant le spectateur à imaginer ce qui se trouve au-delà des limites visibles. L’absence d’horizon clair renforce cette sensation d’indétermination, comme si l’œuvre oscillait entre la figuration et l’abstraction, entre le paysage et l’idée.

À la Dérive sur les Laves est une invitation à la contemplation et à l’évasion. Elle évoque un voyage immobile, une dérive poétique sur une mer figée. Elle parle de la fragilité de l’homme face aux forces de la nature, du contraste entre la permanence des éléments et le caractère éphémère de toute traversée. À travers cette œuvre, le spectateur est convié à un dialogue intime avec la matière, la mémoire et l’imaginaire, porté par le vent silencieux de l’inconnu.

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