Ajouté le 25 oct. 2022
Un exemple pratique du pragmatisme psychique
J’utilise mes rêves, ceux de la nuit, comme pragmatisme psychique, c’est-à-dire que je les fais advenir dans la matière, celle de la réalité sensible à travers des projets artistiques et littéraire. (Quoiqu’à ce titre, j’inclus tout personnellement la littérature dans l’art.) C’est une discipline quotidienne à laquelle je m’atteins depuis de nombreuses années. Noter mes rêves est devenu une seconde nature. On me pose parfois la question suivante : quelle est la forme que prend la notation de mes rêves ?

Quiconque s’intéresse à ses rêves s’ouvre sur le monde intérieur de l’inconscient personnel et collectif. Une porte en ouvrant d’autres, le sujet (celui qui pense et qui rêve) s’aperçoit que le simple fait de jeter des ponts sur l’inconscient lui permet d’en franchir d’autres. Il faut l’expérimenter pour comprendre. Celui ou celle qui aura lu le récit de Zarathoustra (celui de Nietzsche) pourra reprendre la métaphore du fil tendu que le surhomme s’exerce à traverser, mais ce n’est pas une condition nécessaire.
Maintenant ouvert sur l’inconscient, le sujet le plus commodément écrit ses rêves au matin. Je dis bien commodément puisqu’à force de pratique, les scénarios narratifs de la nuit restent plus facilement en tête et celui qui s’exerce déjà depuis un certain temps ne craindra plus de les oublier au fil du jour s’il en a eu au moins une image consciente pendant la nuit ou au réveil. Il m’arrive de noter mes rêves le soir venu.
Ceci étant, on touche à l’exercice qui est proposé ; celui d’aiguiser son esprit par les rêves ; à l’aide d’une activité pragmatique psychique. C’est précisément dans la manière de noter ses rêves que le sujet renforcera son esprit créatif, mais aussi et en premier lieu, qu’il établira des ponts entre sa conscience et son inconscience. Pour ce faire, je conseille les trois points suivants :
Écrivez vos rêves pour qu’ils soient intelligibles pour une autre personne. Bien que vous garderez probablement votre recueil de la nuit pour vous, l’exercice d’écrire pour être entendu force à approfondir toute la symbolique de votre rêve. Écrivez lentement. À ce titre, j’ai pris l’habitude de noter mes rêves avec mon autre main. Au début, l’exercice était pénible, mais au bout de seulement une semaine, j’écrivais déjà de manière plus fluide. Trouver une technique pour écrire plus lentement nous force à prendre de la perspective sur le scénario de notre rêve. Pendant que notre main note lentement le récit, notre esprit est déjà en train de reconstruire les images qui ont succédé aux premières. C’était sous-entendu dans le deuxième conseil, mais tachez de noter vos rêves à la main. Il ne s’agit pas là de faire preuve de romantisme nostalgique, mais bien de lier le corps à l’esprit.
C’est donc dans le discours intelligible que vous arriverez à transmettre sur le papier que vous traduirez vos illusions en perceptions, vos délires en discours, les symboles voilés en phrases bien ordonnées et accessibles. Les rêves étant largement tournés vers l’avenir, vous pourrez les utiliser pour transformer votre réalité.
Tâchez d’écrire les histoires de vos rêves afin qu’elles puissent être lues facilement par autrui est le premier conseil. Il est orienté aussi pour vous, car celui qui se relie plusieurs mots plus tard, peut-être plusieurs années n’aura plus toutes les clés de lecture pour en comprendre le sens profond. En effet, si les rêves sont tournés vers l’avenir, ils déforment souvent les expériences vécues dans un passé proche, voire souvent celles de la veille. Cette conscience du temps, vous l’aurez encore lors de la rédaction de votre récit narratif. N’hésitez pas à identifier dans votre rédaction les symboles qui vous semblent provenir directement de votre expérience sensible, car noter ses rêves, c’est aussi les mettre en relation. Toucher l’inconscient n’est pas une action à sens unique. Ouvrir les arrières-mondes de l’esprit consiste à pouvoir faire de plus en plus facilement des allez et retour d’un état à un autre. De cette manière, l’esprit s’ouvre, se renforce et s’élargit.
Puisque nous en somme là, surtout vous et je vous en remercie chaleureusement, je vous autorise à rentrer consciemment dans un récit de mon inconscient. Je vous en donne lecture :
« Récit du 19 octobre au soir. Je n’ai pas fait de rêve percutant les deux derniers jours. Néanmoins, je me souviens assez bien de l’un de mes rêves de la période qui précède les cinq heures du matin. Cette matrice de rêve, je crois l’avoir ressenti au cours des douze derniers mois. C’est en effet un rêve récurent qui se modifie légèrement d’une fois à l’autre.
Je me trouve donc en petit groupe dont je n’identifie pas les personnalités dans un espace virtuel, mais pas au sens informatique. Nous sommes très légers et d’un seul bond, nous pouvons franchir de très grands espaces. Le sol est tapissé de leviers qui forment une mosaïque sur toute la surface. De bon en bon, il s’agit de ne pas appuyer trop fortement sur l’un ou l’autre des leviers ce qui aurait pour conséquence de délivrer une bête que nous n’avons au demeurant jamais vue. Nous en ressentons par ailleurs la présence dans notre peur d’y faire face. Nous ne sommes cependant pas enfermés dans cet espace. D’un plus grand bond, nous pouvons nous en extrairait et ainsi nous libérer de la crainte de la bête, mais cette action implique la plupart du temps un changement d’espace du rêve. Ce matin, en l’occurrence, en m’extrayant de cet espace, j’ai atterri dans le verger de mes parents à côté du prunier.
Ce rêve, du moins cette matrice de rêve revient de loin en loin. La prochaine fois que cela advient, je découvrirai de quelle trempe est la bête en appuyant sur un levier… »