Christian Castellari

Mon ami Dylan Derein m’écrivait un jour:

A n’en pas douter, l’Humanité constitue le couronnement du règne animal. Dans la solitude de sa pensée un être peut atteindre une profondeur d’analyse incomparable. Que plusieurs unissent leurs efforts et les voici réalisant des prouesses de technologie qui leur permettent de communiquer instantanément d’un continent à l’autre, de se déplacer rapidement sur le sol, sur les flots ou dans les airs. Nous sommes capables de sonder le fond des océans aussi bien que le sommet des montagne, ou la plus petite particule de matière aussi bien l’espace sidéral.
Mais s’il existe une chose pour laquelle l’humanité n’est pas douée, c’est son propre bonheur.
Peut-être est-ce simplement parce que le problème est mal posé et que nous confondons généralement notre bonheur et le plaisir. Les images de Paradis abondent dans ce sens: ici, un banquet éternel ou la bière coule comme une pluie, là, une flopée de vierges pour nous servir et des rivières de miel pour nous nourrir, ailleurs une profusion éternelle de délices et de plaisirs faciles, l’affranchissement de nos corps des dures lois de la pesanteur... Dans ce cas, nous qui vivons en occident en ce début de 21eme siècle, dans une société d’abondance, nous qui avons créé la société des loisirs, et bientôt celle du plaisir, nous qui nous déplaçons à notre gré dans l’espace et à travers les éléments, nous possédons l’air conditionné qui tempère notre climat où que nous soyons, nous vivons dans quelque chose qui ressemble fortement au Paradis.. Mais sommes-nous réellement heureux? Et le serions-nous quand bien même nous ne serions pas obligés de travailler, quand bien même l’argent ne serait pas un problème?
De part sa nature le plaisir est fugace: à peine est-il consommé qu’il s’éteint et qu’il nous faut lui en substituer un nouveau. Cette course de plaisir en plaisir peut-elle faire notre bonheur?
Ne serait-il pas plus judicieux de chercher à notre bonheur une base plus stable, quelque chose qui reposerait sur le fondement même de notre être et sur ses propres ressources plutôt que de nous rendre dépendant de plaisirs qui nous sont extérieurs? Il me semblerait juste de travailler sur soi avec autant de pugnacité que nous le faisons sur la matière pour éliminer toutes les pensées, tous les désirs qui nous sont néfastes pour faire de la place en notre esprit et y développer ce qui pourrait être bénéfique à l’établissement d’une sérénité qui trouverait un état stable en elle-même.