Le bonheur ? (2024) Gravures & estampes par T.Montana

Dans l’immensité de nos vies, le bonheur apparaît comme une étoile scintillante, parfois éclatante, souvent lointaine. Il est la quête ultime, ce doux nectar que nous recherchons désespérément, mais qui se dérobe sans cesse, tel un mirage dans le désert de l’existence. Nous barbottons dans les eaux tumultueuses de nos émotions, accrochés à l'espoir, à l'illusion que ce bonheur tant désiré viendra illuminer notre quotidien.

Mais le bonheur est cette fragile flamme, vacillante, qui se nourrit de nos joies mais aussi de nos peines. Il peut nous combler d'une plénitude inégalée, faire naître des rires et des rêves. Pourtant, lorsque sa lueur s'amenuise, il laisse place à un vide abyssal, une solitude dévorante qui engloutit notre être. Ce contraste pernicieux entre l’euphorie des instants précieux et la profondeur des ombres qui nous entourent témoigne des caprices du destin.

La solitude, compagne malveillante, s’immisce alors dans nos vies, creusant des sillons de désespoir. Elle se fait présence pesante, empêchant toute lueur d’espoir d’atteindre notre cœur meurtri. Dans cet isolement, le bonheur semble être un lointain souvenir, un rêve évanoui que nous contemplons avec mélancolie. Face à cette réalité cruelle, un choix s'offre à nous : continuer à vivre, armés de notre souffrance, ou céder aux bras de Morphée, abandonner nos aspirations et flotter vers les rives du Styx, là où l’éternelle paix semble enfin à portée de main.

Il n’est pas surprenant que tant d’âmes choisissent le chemin de la défaite, de la fuite. La promesse d’un sommeil réparateur, d’un oubli apaisant, attire. Mais qu’en est-il du bonheur, de cet élixir dont nous avons tant besoin ? Pouvons-nous réellement renoncer à son goût, même amer, pour la douceur d’un silence éternel ? La question demeure brûlante, lancinante, une interrogation vertigineuse sur le sens de notre existence.

Ainsi, nous nous battons, désespérés, dans cette lutte contre la solitude, pour saisir, ne serait-ce qu'un instant, le bonheur. Il est notre adversaire et notre sauveur, notre joie et notre angoisse. On se persuade qu'il est possible de le retrouver, que cette lumière dorée n'est pas qu'une ombre fugace. Mais chaque échec renforce notre solitude et creuse davantage le fossé. À travers cette danse macabre, le bonheur se transforme en rêve irisé qui devient cauchemar, un cycle sans fin d’espoir et de désespoir.

Alors, nous devons choisir : continuer cette quête effrénée, lutter contre les vagues de la tristesse, ou nous abandonner à l'inéluctable, confondant sommeil et mort. Et nous réalisons, dans cette prise de conscience tragique, que le bonheur, bien que fugace, pourrait pourtant être l'unique étoile qui éclaire notre route, même dans l’obscurité. À nous de décider si nous voulons que cette lumière, si fragile soit-elle, guide encore nos pas, ou si nous préférons, las, sombrer dans le néant d’une solitude infinie.

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