Raphaël Prenovec
Toutes les œuvres de Raphaël Prenovec
Répétitions jubilatoires • 4 œuvres
Voir toutL’évocation de l’entre-deux guerres ramène aux scènes de liesse et de jubilation exprimées par les peuples libérés du joug de l’oppresseur, mais aussi aux années d’amusement des années folles, des années 30 et des années 40 marquées par les danses du Swing telles le Lindy hop, le Jitterbug, le Jive et le Charleston. Fred Astaire était incontestablement le danseur en couple le plus gracieux de l’histoire du vaudeville, du théâtre et du cinéma de cette époque et Guillaume Apollinaire l’un des plus grands poètes du début du 20ème siècle. Troublé par la seconde Guerre mondiale, cet enchantement populaire de l’entre-deux guerres n’aura pas duré longtemps. Les G.I. américains seront accueillis en héros libérateurs. Et une nouvelle fois, les peuples d’Europe seront gagnés par l’ivresse de liberté et par l’éternel désir d’en finir avec la guerre et l’oppression. La nouvelle victoire aura apporté un vent d’espoir ou d’illusion d’une vie meilleure, un nouvel emballement pour la fête et la joie partagée. Mais à quoi rime cette répétition jubilatoire ? Serait-elle l’expression d’un aveu d’impuissance à atteindre l’essentiel ou le vrai bonheur ? Combien même il ait été sincère, peut-on réduire cet emballement collectif à une parenthèse passagère, éphémère, véloce, précaire et fugitive ? Les hommes et les femmes auraient-ils négligé leur bonheur ? Auraient-ils oublié l’essentiel ? L’amour déployé n’aurait-il pas permis de panser les maux de la guerre et d’ancrer définitivement dans le temps la construction d’un monde meilleur ? Symbolisé par le baiser fougueux de Times Square d’un marin et d’une infirmière (14 août 1945), si cet amour incarne pour les Américains la joie du « VJ Day » (Victory Over Japan Day), il est loin d’incarner celle d’une paix définitive. Comment ne pas l’inscrire, lui aussi, dans une logique de répétition de l’Histoire ? Comme le souligne Karl Marx « l’histoire se répète, d’abord comme une tragédie, puis comme une farce ». Et si finalement, les efforts passés n’avaient-ils servi à rien, si les souffrances endurées n’avaient-elles pas permis de marquer les esprits et si l’amour n’avait-il pas permis d’éviter le pire, à quoi riment ces répétitions jubilatoires laissées par les images du passé ? Comment interpréter la joie, pourtant réelle, qui s’exprime sur les visages des foules victorieuses ou des couples qui s’aiment ? De quelle victoire s’agit-il exactement ? L’histoire ne se joue-t-elle pas de nous ? S’agit-il d’une farce ?
La question cruciale que posent les œuvres de cette série intitulée « Répétitions jubilatoires » est celle du sens à donner aux scènes répétitives de peuples en liesse aux lendemains de guerres dévastatrices ? Si elles ne donnent pas de réponse, elles donnent l’occasion au spectateur de se questionner sur la portée des jubilations collectives, victorieuses et triomphantes de la première moitié du 20ème siècle. Elles interrogent sur la possibilité d’effacement des erreurs du passé par des moments d’enchantements collectifs fugitifs et sans avenir. C’est moins la répétition des joies et des baisers partagés qui pose question que celle des conflits à répétition qui s’ensuivent toujours après, au point de mettre en doute la volonté des hommes et des femmes à construire leur propre bonheur. Qu’attendons-nous pour être heureux ?
IMPLOSIONS ARTISTIQUES • 5 œuvres
Voir toutL’exploration de mon espace pictural, avec toutes les questions qu’elle soulève en mon for intérieur, avec toutes les difficultés qu’elle me contraint à résoudre et avec toutes les embûches auxquelles elle me soumet, constitue un exercice des plus difficiles qui soit. Autrement-dit, peindre c’est tout sauf facile, car il faut y mettre de tout son être. La peinture est un exercice qui exige de peindre avec ses tripes, sans quoi elle n’a aucune chance de survivre à celui qui l’éprouve. Comme le disait si bien Gilles Deleuze « peindre ça fend le crâne ». C’est une question d’intériorisation.
Car un tableau, même s’il est figuratif, ne se réduit pas à la figuration de ce qu’il représente, c’est-à-dire à la simple perception du monde extérieur. C’est un ensemble de perceptions et de sensations figées sur la toile qui sont irréductibles à la matérialité de la réalité extérieure et qui sont reliées à l’artiste, à sa main et à son esprit.
La difficulté en peinture – et c’est précisément ce qui définit toute peinture sérieuse – c’est l’aptitude à « tordre » la perception pour créer ses propres règles. Peindre, cela consiste à peindre sans tomber dans la facilité de la figuration qui restreint à l’imitation ou à la simple copie. Le danger majeur pour un peintre c’est le piège de la figuration, et c’est d’autant plus tentant qu’il produise de la peinture figurative. L’erreur absolue c’est de peindre hors contexte, c’est de peindre en s’inscrivant dans un rapport externe et importé sur les choses et le monde environnant. Ce qui revient à oublier l’essentiel au détriment de ce qui lie l’œil, la main et l’esprit de l’artiste. La peinture n’a pas de pouvoir sur les choses, l’artiste n’en a pas sur le réel. C’est précisément ce qui est difficile, voire violent. Cette intériorisation par l’art, je n’ai pas trouvé mieux que de l’exprimer par la représentation de la bombe Hiroshima que j’ai inscrite dans une succession d’états pour en montrer d’une part la difficulté et d’autre part pour en dévoiler l’évolution et la maturation dans le temps. L’acte de peindre est une démarche par laquelle l’artiste s’éprouve et s’enrichit intérieurement d’un excès qui le traverse. Paradoxalement. La peinture c’est l’expérience de la joie dans la douleur. C’est la joie de la création dans la douleur de l’enfantement. Cette douleur je la ressens au plus profond de moi. Elle résonne à chaque fois comme une implosion intérieure que je désire et que je redoute à la fois, sans qu’il y ait moyen d’y échapper.
SOLITUDES • 12 œuvres
Voir toutCette série de toiles est composée d’une suite de douze partitions qui retracent les chemins d’art et de vie que j’ai empruntés et qui mènent de mon enfance perdue à mon enfance progressivement retrouvée grâce à la peinture. Chacune des partitions évoque une expérience s’inscrivant dans un espace intérieur en permanente évolution et dans un processus de maturation artistique.
C’est une traversée longue, solitaire, personnelle et progressive de l’imaginaire pictural intérieur dont l’exploration a débuté dans mon adolescence et dont j’ai parachevé récemment en en prenant pleinement conscience de qui j’étais en tant qu’artiste peintre et de ce que cela impliquait sur le plan personnel. Si je lui ai donné le nom de « Solitudes » c’est parce que c’est dans les moments de solitude que cet espace s’est développé et enrichi en moi. En somme « Solitudes » dit la construction et la transformation de mon travail artistique et suggère mon identité en tant qu’artiste peintre.
Les lignes horizontales se présentent comme autant de portées dont la musicalité est donnée par des notes de couleur. Et à l’occasion de cette suite de douze partitions, j’offre aux spectateurs curieux l’opportunité de découvrir mon travail, d’en déchiffrer l’écriture picturale qui est à la base de sa musicalité et de ce qui habite au plus profond ma peinture, à savoir la couleur.
Les métamorphoses du zèbre • 3 œuvres
Voir toutŒuvres diverses • 4 œuvres
Voir toutDélectations terrestres • 8 œuvres
Voir toutEt si le plaisir dans la peinture est provisoire, suspendu et lié à une situation picturale définie, alors la quête du bonheur et la recherche de l’équilibre parfait sont permanentes.
Ma démarche artistique est affirmation de l’identité à travers la différence et observation de la similitude à travers la pluralité. L’acte créatif reste fidèle à lui-même. Il est immuable. Le matériau est infiniment riche et varié. Contrairement à l’espace de la toile qui est circonscrit, l’espace pictural n’a pas de limite et c’est vertigineux. La multitude des couleurs s’organise toujours dans une tension et une logique qui répondent à une nécessité intérieure. Dans mon travail les couleurs sont au service de la couleur et la différence au service de la similitude.
Pommes de la discorde (Apples of Discord) • 12 œuvres
Voir toutJe me souviens de ce passage où Héraclès (Hercule) délivre Prométhée (fils de Zeus) du rocher du Caucase sur lequel il a été condamné à être enchaîné pour l’éternité. En échange de cette délivrance, Prométhée lui dit comment se procurer les pommes d’or qu’on lui a ordonné de cueillir dans le jardin des Hespérides (nièces de ce dernier et filles de son frère le Titan Atlas). Rappelons que dérober ces pommes d’or était l’un des douze travaux d’Héraclès. Seul Prométhée pouvait savoir comment s’y prendre : par la ruse et le mensonge. Et si je passe sur les détails de cette légende que tout le monde connaît plus ou moins bien c’est pour mieux me concentrer sur la thématique qui est liée à ce fruit emblématique qu’est la pomme.
Très vite je me suis approprié cette histoire, avec cette idée que la pomme était toujours associée à un pouvoir symboliquement sacré ou maléfique comme dans la mythologie grecque, dans la Bible, dans le monde celtique, dans la fiction (Agatha Christie), dans le cinéma (Le monde de Narnia) ou dans la BD ou encore dans les mangas. Le jardin des Hespérides est devenu mon espace pictural avec pour gardiennes mes créations, à la fois protectrices et garantes de mon évolution. Ainsi, cette série des « Pommes de la discorde » symbolise mon rapport à l’art et à mes créations. Et si la figure de Prométhée symbolise la figure de l’artiste, un être à la fois conquérant et victime de sa démesure, figure qui rappelle incontestablement celle du Christ et sa dimension sacrificielle, la figure d’Héraclès symbolise quant à elle celle de l’art et de l’artifice nécessaires à l’accomplissement d’une œuvre.
A la fois symboles d’immortalité, de sagesse et de pouvoir, les « pommes de la discorde » s’inscrivent dans une tension conflictuelle, permanente et inévitable au cœur de la création artistique entre l’artiste et son art. « L’art est difficile » disait Philippe Néricault Destouches. C’est précisément cette difficile nécessité que j’ai voulu représenter dans ce travail.
Fantaisies poétiques • 5 œuvres
Voir toutArthur Rimbaud • 6 œuvres
Voir toutArts sportifs et sports artistiques - JO PARIS 2024 • 21 œuvres
Voir toutL'association des termes "sports" et "arts" exprime pour moi l'idée d'une proximité entre le travail du sportif et celui de l'artiste. L'un comme l'autre doivent travailler avec acharnement et sans compromis pour parvenir à de grandes et belles réalisations. Mais les réussites des sportifs comme celles des artistes ne sont possibles que grâce à des luttes pour des possibles qu'ils sont les seuls à entrevoir. La performance en tant que telle est précédée par la vision de ce qui est possible. Autrement-dit la possibilité du possible précède l'effort et la décision de l'atteindre coûte que coûte. Il y a chez les sportifs de haut niveau cette tendance à la perfection, au dépassement de soi et à la nécessité interne de réalisation de leurs possibles. Exactement comme chez les artistes. Il y a dans la pratique du sport cette part d'irrationnel que l'on retrouve dans la pratique de l'art. Ce sont les sportifs de haut niveau et les grands artistes qui nous permettent d'en prendre conscience. C'est en ce sens que selon moi le sport constitue une métaphore de l'art.
English version :
The association of the terms "sports" and "arts" expresses for me the idea of a proximity between the work of the athlete and that of the artist. Both must work relentlessly and without compromise to attain great and beautiful achievements. But the successes of athletes, like those of artists, are only possible thanks to struggles for possibilities that only they can see. Performance as such is preceded by the vision of what is possible. In other words, the possibility of the possible precedes the effort and the decision to achieve it at all costs. Among top athletes, there is this tendency towards perfection, surpassing oneself and the internal need to achieve what is possible. Just like artists. There is in the practice of sport this element of irrationality that we find in the practice of art. It is high-level athletes and great artists who make us aware of this. It is in this sense that, in my opinion, sport constitutes a metaphor for art.