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Pascale Fournier

Back to list Added Jan 10, 2013

Pascale Fournier : de Primordiale à Essentielle.

Pascale Fournier :
de Primordiale à Essentielle.

« Le Primordial, tout comme les arts premiers, demeure essentiel »*

Cette phrase s’applique à merveille à l’œuvre de Pascale Fournier - œuvre non rêvée qui s’image dans les mythes de l’artiste.
Voici une œuvre qui ne pêche pas par excès de figures.

Dans un premier Tempo, 1990-1998, le Personnage est le Corps. Un corps de femme, schématisé à l’extrême ( robe, bras et jambes), dans ce paravent de bois peint, datant des années 1990, qui traverse en chute libre des espaces tous ressemblants, carré vert dans lequel officie l’homme en noir, carré vert pour la maison à toit pointu, isolé le totem, toujours dressé, dans lequel on reconnaît des formes d’oiseaux déclinées tout au long de l’œuvre comme les « natures éthérées ».

Corps génériques dans ces encres sur papier de 1994, repris dans la série très colorée de gouaches sur papier, animés de mouvements pendulaires ou vrillés, corps en morceaux, ou morceaux de corps - d’inconscient ? - coagulés dans la céramique peinte de 1995, « Le fond de la mer estait insondable comme le fond de mon/son cœur ».

A partir de 95, donc, une femme aux bras-nageoires domine les céramiques peintes, émerge du toit de la maison à toit pointu - dressée sur un rocher elle regarde s’éloigner un paquebot. Dans tous les cas, lourde et acrobate, immobile et mouvante on la sent, avec ses yeux clos, centrée sur elle-même.

En 1997/1998, dans cette série de dessins en technique mixte sur papier marouflé, ces corps, très stylisés, acquièrent un sexe alors que le flot de formes simples, de « morceaux de quelque chose » échappés d’un cahier de croquis, en apesanteur tous à la fois, ou isolés sur des assiettes en céramique peinte se déverse.

En 1999, un couple sexué se prélasse sur des « encres sur papier », alors que les corps continuent leur chute et que l’artiste, dans le réel, change d’atelier - elle mettra quatre ans à se créer un nouveau lieu.

L’artiste exécute alors des petits formats colorés et mobiles, proches de miniatures, encres sur papier, encre de chine, crayons de couleur, plume et aquarelle, qu’elle exposera dans les Instituts Français d’Autriche et de République tchèque sous le titre « Surfaces intimes ». Ainsi parle-t-elle, à son image, de ce papier sur lequel elle travaille : « à la fois fragile, tout marque, rien ne peut etre effacé mais il supporte tout… il est parfois au bord de la désintégration… il faut alors reprendre, remodeler, recomposer… ».

C’est dans cette dernière opération qu’apparaissent ces « surfaces intimes » sauvées du chaos de la création.

Fin 2002 l’artiste récupère son atelier : « je vis cette période comme une naissance, le cri primordial et libérateur. Je me jette (et jette) la couleur avec joie, extravagance et folie. Je n’ai plus peur. Je dis. Je crie. J’affirme. J’invente. Je n’ai plus de temps à perdre »

Dès 2002, donc, éclipse de la forme et excès du trait qui éclabousse la toile, la traverse sans ordre ni direction, dans une simple jubilation d’énergie et de couleurs primaires. Dans ces « projections éclaboussées » l’artiste se mesure avec les grands formats.

Ainsi, alors que dans un premier Tempo ( 1994-1998), la matière est au service d’un sens directement décryptable et l’artiste soumise à son ordre ( femmes à nageoires et fragments d’objets), on assiste, dans le second Tempo (1998-2004) à une libération : la matière impose son rythme et informe la toile d’éléments simples :

traits éclaboussés, puis cercles ronds ou « boules » qui renvoient aux formes primordiales et féminines (matrices, fœtus, « cycle » de la vie).

On ne peut manquer de penser à la trajectoire graphique de l’enfant, dès qu’il sait tenir un crayon : rond trait -, puis rond hérissé de traits, pour figurer le « moi ».Bientôt le cercle se dissocie en tête et corps - c’est le début de la réaction en chaîne de la représentation du « moi », son apprivoisement.

Alors que le moi émergeait en s’imageant dans des figures convenues et contraignantes - quoique modifiées et scénographiées -, l’artiste signa « Pako », puis « Paco » Puis il y eut régression dans l’ordre de la représentation ce qui signifia, en termes artistiques, maturation : le moi se libéra du carcan convenu pour retrouver l’expérience fondatrice de la matière et du rythme - Pako-Paco devint, de son nom de jeune fille, « Pascale Fournier ».

De tempo en tempo l’artiste nous livre les détails d’un parcours artistique et nous initie à son alphabet mythique, bruissant de couleurs et de rythmes. De Primordiale à Essentielle, nous suivons Pascale Fournier dans son parcours, brûlants de découvrir ses œuvres à venir.

Thérèse Fournier (écrivain) **


* « L’homme descend du songe » Pierre Lembeye. Buchet-Chastel. Janv.2005.

** "L'olivier bleu " JC Lattès Août 1996,
" 2028" Scali Juillet 2006.

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