Sidi Mohammed Mansouri Idrissi Image de profil

Sidi Mohammed Mansouri Idrissi

Retour à la liste Ajouté le 25 mars 2008

UNE DECOUVERTE A FAIRE DANS LA RONDE DE NUIT, SANS BRUIT

Il est de Rabat. Un homme de la ville avec quelque instruction. Il est de Rabat, mais a tiré des affiches de Picasso et de Matisse à Paris. Il a vécu assez modestement, habitait une maison dans le mellah de Rabat, et se souvient de ses voisins juifs, qui avaient un paon magnifique et lui donnaient les plumes ocellées. Il a reçu quelque tradition de coeur et de mémoire. Son père et tous les siens sont Chorfa. On a tout fait pour qu’il ait quelque métier honorable. Peintre ? ce n’est pas bien considéré, encore moins quand on a déjà une licence d’histoire géographie de la Faculté. Mais il s’obstine en allant faire un stage de perfectionnement des Arts graphiques à Paris. C’est y mettre beaucoup d’entêtement. Il revient pourtant au Pays. Et là ! On a cru avoir gagné. Il fut deux ans chef d’atelier à Print Diffusion à Salé, il connait vraiment son métier d’imprimeur, jauge le grammage du papier, à l’oeil, décompose les couleurs, connait tous les secrets du classement colorimétrique Pentone pour conducteur de machines Heidelberg; Il a tiré des affiches de consultations nationales. Le voilà, Directeur général de Print Art. Mais hélas, les affiches se décollent, et comme les cigognes qui migrent vers le Nord, et retournent à leur nid perché, il revient à la peinture.
Marié, trois enfants, diplomé ayant quitté l’imprimerie naufragée de Salé, il s’obstine à peindre. Il envoie des toiles, comme des bateaux pirates, et fréquente l’Académie Européenne des Arts, devient secrétaire de l’Association de Recherche et de création Plastique, à Rabat et expose, à l’Institut Agronomique Hassan II, à la Galerie Arcane, à la Fondation Wafabank à Casa, au Palais des Congrès à Marrakech, au Conservatoire de Musique. Jardin des Arts, Villa Mandarine. Ses toiles voyagent, trouvent des acquéreurs dans ces expositions entre les murs. Un peintre comme cent autres, si on le distingue, on le trouve trop cher: c’est toujours trop cher les toiles d’un inconnu : Mille espaces, mille rêves ? Il n’y a pas un seul espace pour son rêve, caché parmi tant de jeunes, il peint et peine, en collectif. La peinture ne fait guère vivre, et le peintre reste un nomade qu’on salue dans la caravane.
Il a pris un livre. Il a la tête philosophique. C’est Maurice Blanchot qui inaugure “ l’entretien Infini ” . Le voila parti au Portugal, le livre lui a donné quelques figurations sur la fatigue. C’est sa première exposition individuelle à la galerie Verde Alface, à Lisbonne du 17 janvier au 14 mars 2008. Sous le titre de “ l’Entretien Infini “ Lisbonne découvre un peintre marocain qui joint la tête, la symphonie des couleurs et une dextérité - remarquées. C’est son premier succès chez des professionnels d’art.
2008. C’est la rupture avec l’Ancien Monde. Il est pris par le Livre. Il a trouvé sa voie. Il a choisi le chemin de l’Unique. A qui veut l’entendre, il se réclame soufi. Son ancêtre andalou fut un Saint. Il revendique sa confrèrie, et il peint. Il prend un atelier, et il peint. Il organise ses peintures, il écoute Ibn Arabi, François d’Assise et Djallal Din Rûmi, et il peint en étudiant leur histoire et leurs navigations célestes. Il se bat, invente une technique nouvelle: les Quatre tableaux en Un. Et il peint. C’est une fête, une explosion de couleurs, de formes. L’espace est en mouvement comme les galaxies. Des grands tableaux, carrés ouvrent une symphonie, voici qu’un manifeste se prépare, il vient de sortir des presses “ Dits dans l’Atelier du Peintre.”
De ces échanges, Idrissi Mansouri en a fait un outil de mémoire, une sorte de manifeste: quand on lui demande: ça rime à quoi toute cette recherche ? il renvoie à son Art, et si on veut plus, alors l'un-dit, le jeu-dit, là, ça- me dit, il y à entendre la musique andalouse, accompagnée du battement des coeurs des ouds et des tambours.
L'Atelier, c'est le lieu de travail, c'est le lieu d'exposition, ce fut aussi l'un des lieux de lancement les plus prestigieux des peintres marocains, ce qui s'y dit doit conduire non pas à entendre - trop de malentendus nous assourdissent – mais à voir ces temps nouveaux et l'oeuvre étincelante d'un soufi en chemin : l'Un dit Cible.


Une exposition se tient à Bab El Kébir. Le Ministère de la Culture a découvert ce talent. Retenez - un peintre soufi marocain a pris son passeport sur les chemins du monde. Son nom?Qu’importe!
C’est son oeuvre qu’il faut voir, et ce dialogue avec la théorie des nuages. La rihla est en route : voir, entrer dans la danse pour les apercevoir , ces visages invisibles et présents…

F. EL MEKNASSI
Le 15 /09/2009

Artmajeur

Recevez notre lettre d'information pour les amateurs d'art et les collectionneurs