C’est en 2016, en découvrant le livre "Monsieur bout-de-bois", que j'ai découvert mon identité artistique. En lisant ce livre à ma fille, je me suis mise à faire vivre le personnage, et à créer ainsi mon premier Monsieur bout-de-bois. Ce fut une révélation. La sculpture sur bois est apparue comme une évidence, une convergence d’un amour viscéral pour les balades en forêt, d’un grand intérêt pour la manipulation des outils et le travail de la matière, et d’une profonde admiration pour la sculpture dans les arts primitifs. Je suis enracinée depuis l’enfance dans les paysages de bocage, mais aussi tournée vers l’Afrique, le Brésil, la Guyane, pays où j’ai vécu et où le travail du bois imprègne la culture.
Le bois dit « mort » est ma matière de prédilection. Consciente de l’importance du bois mort dans l’écosystème, je le ramasse avec parcimonie et offre un nouveau regard sur cette matière par la sculpture. Ses formes, ses entrelacs, tout comme ceux du lierre, sont ma source d’inspiration. Je travaille avec le bois. Je l’écoute, le respecte. Je préserve la vie de la matière, dialogue avec elle. Il ne s’agit pas de forcer la matière, en lui imposant une forme, mais de dégager une forme déjà présente.
S’imprégner de la matière. Lentement, doucement, patiemment. Découvrir, dans toutes les acceptions du verbe : découvrir d’abord le morceau en forêt, comme une chasse au trésor, puis ôter l’écorce, mettre à découvert, rendre visible ce qui est caché ou méconnu. La découverte, voilà ce qui motive. Et être au contact de la matière brute, au plus près de la nature : restes de terre, écorce, sentir le parfum de la forêt en travaillant. Cette phrase d’Ossip Zadkine résonne en moi quand je sculpte : « Le sculpteur est un ordonnateur, il anime les formes et leur conserve le parfum enivrant de la forêt ».
Révéler et montrer la beauté de chaque bout de bois est mon objectif. Valoriser l’insignifiant, le méprisé. Par la sculpture, inciter à regarder, à être attentif à notre environnement naturel : « regardez autour de vous, la beauté est là, sous vos yeux, prenez le temps de vous arrêter, d’imaginer, de rêver ».
Passionnée par le mouvement, les volumes, les courbes, c’est dans cette direction que je le retravaille. Avec poésie, personnages, et oiseaux notamment, s’extraient de leur écorce. Sans titre, les sculptures laissent libre cours à l’imagination. L’élan naturel du bois est travaillé, amplifié, par le travail de sculpture, mais également par la peinture aux pigments. Passionnée par les arts primitifs, j’emploie une palette restreinte de pigments, déclinaison d’ocres et de couleurs proches de la terre. L’ardoise et la pierre complètent parfois le bois, dans une harmonie de mouvement et de matière.