Karima Cresp

(Vue d’atelier – travail en cours )

Je travaille la toile sans apprêt lourd, sans lissage, sans médium.
Juste la toile brute, son grain, ses accroches, ses résistances.

J’y vois une matière vivante, pas un simple support à neutraliser.
Cette approche, je la revendique : travailler avec la toile, pas contre elle.
Cela suppose de composer avec les aspérités, de respecter le rythme du geste, d’accepter l’imprévu.
Mais c’est aussi ce qui donne de la densité, du sens, parfois même… de la grâce.

Dans ma dernière œuvre (peinture acrylique 60x80 cm), j’ai exploré cette tension entre symétrie rigoureuse, geste répété et liberté de composition, à travers un motif ornemental central.
La surface est entièrement investie, sans recherche d'effet immédiat.
Pas d’esthétisme forcé : plutôt une communion lente avec le support – que j’espère assez juste pour parler en silence à celle ou celui qui regarde.

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L’ornement a traversé les âges. Il était là bien avant les musées, les traités, les catégories.
Il a orné les corps, les seuils, les objets rituels. Il a accompagné l’humanité dans ses gestes les plus quotidiens comme dans ses quêtes les plus sacrées. Et pourtant, il reste mal aimé.

On l’accuse d’être accessoire, décoratif, superficiel.
Comme si le motif, dès qu’il se répète, cessait d’être art.

Ma pratique s’inscrit à rebours de ce malentendu.
Je compose des œuvres qui ne racontent pas : elles tiennent.
Elles ne cherchent ni à séduire ni à illustrer.
Elles tiennent par leur structure, leur souffle, leur présence silencieuse.
Elles posent un rythme, transpirent une densité, laissent échapper une respiration.
Un équilibre entre tension et apaisement, entre rigueur et intuition.

Chaque forme, chaque ligne naît d’un geste patient, répété, attentif.
Ce n’est ni un automatisme, ni du remplissage.
C’est une écoute : du support, du vide, du motif à venir.
C’est un travail de juste mesure, de lente élaboration.
Un dialogue entre la main et ce qui résiste.

Ce que je construis n’orne rien.
Cela s’érige en soi.
Cela prend place, sans s’imposer.
Cela invite à voir autrement — sans récit, sans décor — mais avec profondeur.

Je ne viens pas d’une école. Je viens d’un héritage — amazigh, andalou, méditerranéen —
et d’un rapport intime au motif transmis par le travail de mon père, maître maroquinier.
Je poursuis ce lien, sans nostalgie.

Mon ambition? Un équilibre entre structure et souffle.
Un art du silence, du détail, de la présence.
Grabar l’avait formulé : l’ornement structure le sensible.
Papadopoulo parlait d’un langage plastique autonome.
Je fais mienne cette voie : un art ornemental rigoureux, libre, exigeant loin du simple décoratif.
Mais profondément vivant.

L'intelligence artistique (IA) arrive! Elle est en train de bouleverser les processus de production et les structures organisationnelles.  Comment influencera-t-elle, dans la foulée, le monde de la création artistique?  

C'est un sujet complexe qui suscite à la fois enthousiasme et appréhension. La peur de l'inconnu est une constante chez l'être humain. Toutefois,  il faut savoir qu'avant de lui donner un nom qui a envahi les discussions, l'IA a fait son introduction dans nos vie, il y a déjà quelques années. Aujourd'hui nous ne faisons qu'assister aux versions améliorées. 

Revenons en à l'art. Loin des scénarios pessimistes, l'IA peut élargir les horizons de la création artistiques. Je m'intéresserai particulièrement à son apport à la peinture et au dessin, puisque c'est mon domaine de prédilection. 

L'IA permettra aux artistes d'explorer de nouvelles techniques et de créer des œuvres qui seraient difficiles ou impossibles à réaliser autrement. il est possible dorénavant de générer des images à partir de descriptions textuelles. grâce à cela, les artistes pourront visualiser et affiner des concepts avant de les réaliser manuellement.

Par ailleurs, l'IA peut automatiser certaines parties du processus créatif. Certains programmes d'IA peuvent générer des croquis ou des bases de peinture, laissant à l'artiste le soin de les finaliser. Cela peut accélérer le processus de création 

L'IA est en train également d'ouvrir la porte à de nouveaux genres artistiques qui n'auraient pas pu exister auparavant, telles que les œuvres d'art génératives. Pour ces dernières,  les algorithmes d'IA créent des œuvres en temps réel, en réaction à des données ou des interactions avec le public ce qui contribue à créer une esthétique nouvelle et différente de celle des arts traditionnels.

Certains artistes un peu avant-gardistes ont commencé même à utiliser  l'IA comme un collaborateur plutôt que comme un simple outil. L'artiste défini les paramètres et laisse l'IA explorer des possibilités en se basant sur ces données. Les résultats surprennent même le créateur!

En plus de  ces divers volets, l'IA peut contribuer à rendre la création artistique plus accessible. Plus besoin d'une formation académique formelle pour créer des œuvres visuellement impressionnantes. Cela pourrait ouvrir l'art à un public plus large. après, estimer la valeur et l'originalité des œuvres créées par IA est une autre affaire ! 

Mais y a-t-il que du bon à s'appuyer sur l'IA pour booster le processus de la création artistique? L'introduction de l'IA pousse à se demander quant à l'apport réel de l'artiste et son investissement dans son œuvre.  Comment détecter et connaître la part de création humaine dans une œuvre créée principalement par un algorithme?  L'art généré ainsi par IA est-il vraiment de l'art ou est-il simplement un produit algorithmique ? Ces questions suscitent des débats sur l'authenticité et l'engagement  artistique. Qu'en pensez-vous?