L'invisible (2020) Peinture par Jyb Le Peintre

Je suis venu de loin. Ce n’est pas ici que s’arrête mon chemin, je veux aller encore plus loin. Sur mon banc d’échouage, je scrute le meilleur rivage. Soudain le ciel se constelle de noirs nuages, est-il trop tard ? Je me disloque sur l’estran de mes désirs.
Invisible et si présent, je dérange. Je cache mon visage, ne voulant être regardé, ombre sans devenir, je ne suis pas un objet, je ne suis qu’une image en clair-obscur, fantôme égaré sur le trottoir. Le temps est suspendu, une autre journée s’étire égale à la précédente, semblable à la suivante, interminable vide, nul intérêt à espérer l’inaccessible, à imaginer l’impossible.
Etourdissante schizophrénie chez les représentants d’une seule et même race, « humaine ». Dialogue improbable entre les gens d’ici et ceux d’ailleurs :
L’un dit : « Le plus grand danger pour le bien, c’est le clandestin ».
L’autre pense : « Ils souhaitent m’expulser, m’accusent de larcins ».
Un autre dit : « Leur présence a une odeur de décadence ».
Un autre pense : « Vous m’avez dit que les humains sont égaux entre eux, mais moi je ne me sens pas votre égal, je ne suis pas assez pâle ».
Mirage, je ne retrouve plus la frontière, je voudrais pouvoir revenir en arrière.

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