Ajouté le 22 déc. 2018
Entre deux rangement éreintants, ma réflexion du moment : je ne peux pas peindre…
J'ai plein de projets en tête mais il me faut ranger tout ce que j'ai manipulé depuis le début du printemps dernier où les tentures les plus petites de 2,50 à 3 m de haut ont éclaboussé dans les pièces où je les ai faites. Les plus grandes, 5 à 4,50 m de haut ont été faites au sol et je n'ai eu qu'à rouler la bâche de protection qui est maintenant accrochée à une poutre. Mais les murs sont encore frappés du sceau de hargne à peindre. Les vis, qui m'ont servi à accrocher tout ce monde là, à retirer et reboucher les trous en plein milieu de ma surface de travail —Je ne peins ou ne dessine pas sur un chevalet mais sur les murs, une bâche assez solide en dessous car les encres, poussières de fusain et mines de toutes sortes ont bizarrement tendance à rejoindre le bois du plancher (une attirance sexuelle à étudier de très près !)— Pour ranger, je dois tout déranger ce que j'ai empilé pêle-mêle du début du printemps à ces derniers temps, faute de pouvoir aligner de nouvelles surfaces vierges et surtout de réorganiser les rouleaux de lés de façon à les retrouver facilement : photos, travail sur mon vieux Photoshop ou GraphicConverter que mon Mac comprend mieux, impression, plastifiage, fabrication d'étiquettes, emballage, accrochage de l'étiquette et rangement sur clayette construite pour ce faire. Plus la même chose avec les polyptyques sur carton semi-rigide (dont il faut retrouver les bons assemblages) à ranger sur les étagères. Les gens qui décrochent les diverses expositions où je ne peux me déplacer entassent les choses dans les boîtes sans aucun ordre et je me retrouve souvent embarrassé pour remettre les choses dans le bon ordre… ce qui me fait dire que je ne veux plus exposer s'il n'y a pas de vente à la clé (ou de don, ce qui arrive aussi, parce que c'est un retour de service, une amitié ou pour éviter un retour coûteux).
Je n'ai donc absolument pas le temps de m'occuper du côté commercial de la peinture, ce que certains collectionneurs ont compris mais je n'ai toujours pas trouvé l'agent qui fasse le tampon et surtout qui trouve d'autres collectionneurs moins rapaces.
Je me pose souvent la question du pourquoi je peins… la réponse est le plus souvent viscéral ; c'est un besoin qui m'a entrainé vers des carences alimentaires que je paie maintenant au prix fort. Lorsque mon agent me représentait, je n'avais que peu de souci de rangement, tout partait en expositions, peu revenaient. Mais il est décédé et personne ne l'a remplacé, d'autant que j'ai quitté les métropoles pour me refaire une santé et personne ne vient dans mon trou perdu où ma santé s'est remise petit à petit sous la surveillance de ma compagne. Je ne veux plus jouer les nomades et je continue à peindre coûte que coûte malgré la pauvreté qui se profile lentement ; j'ai engrangé suffisamment de matériel de haute qualité pour couvrir encore et encore des centaines de mètres
et pourquoi je peins m'interpellera toujours, d'autant que c'est le thème réel et récurent du "?" que l'on trouve la plupart du temps dans le château de cartes (ou château en Espagne) dont je fabrique depuis si longtemps les intérieurs, les façades, les caves sombres, les greniers souvent sombres mais parfois en pleine lumière si une lucarne s'amuse avec la lune et le soleil, les toits plats, ceux qui penchent et s'épanchent : une construction à la Gaudi, au facteur Cheval mais surtout pas dans une mode architecturale dont on peut sans coup férir déterminer l'époque changeant régulièrement et de plus en plus souvent comme la mode vestimentaire. On peut même deviner l'agencement intérieur et par là même deviner à peu près comment les gens y vivent, quelle est leur culture, etc. ; bien évidemment il y a des exceptions. Elles confirment la règle que je perçois de plus en plus intangible