De l'autre côté - 2 (2025) Fotografie door Gaspard De Gouges

La scène s'ouvre sur une mer Méditerranée d’un calme absolu, qui occupe le premier plan de l’image. L’eau, semble plus minérale que liquide car elle reflète intégralement la roche aux couleurs chaudes. Il n’y a pas d’horizon visible : la mer ne mène nulle part, ou plutôt elle s’ouvre sur l’indéfini, sur l’inconscient. Elle est là, frontale, close, comme un seuil.

Au second plan, face à nous, une barque en bois sombre, silencieuse, est accostée à un quai bas en pierre de taille. Ce quai, noyé dans l’ombre, est absorbé par l’obscurité d’un monde intérieur. La barque est vide, mais sa présence est lourde de signification — elle évoque un passage, une traversée, une attente figée dans le temps.

À droite, un second quai, plus élevé, baigne dans une lumière oblique, dorée et mélancolique. Sur ce promontoire de pierre taillée, une statue se dresse : une femme, des femmes immobiles, drapées à l’antique, portant une vasque.

Tout cet ensemble architectural — les quais, la statue, les escaliers invisibles — est adossé à une paroi rocheuse imposante. Cette paroi est percée de niches creusées à la main, d’un style antique. Certaines évoquent des sanctuaires, d'autres, plus profondes, ressemblent à des tombeaux. On ne sait s’il s’agit de lieux de culte, de mémoire ou d’oubli. Leur agencement irrégulier dans la roche accentue l’idée d’un monde ancien, sacré, dont le sens s’est perdu.

La photographie, toute en clair-obscur, joue sur les contrastes de lumière et d’ombre pour faire émerger une atmosphère de seuil : un lieu entre le réel et le mythe, entre la vie et la mort, entre la matière et le rêve. Elle ne montre pas la fin d’un voyage, mais le lieu d’un passage — un purgatoire méditerranéen figé dans le silence.

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