Françoise Suzanne

Article écrit par Caroline Canault, - Critique d'art et journaliste à Libération, Les Echos, ...

Françoise Suzanne, un rêve nébuleux et illuminé

Elle recrée des paysages que l’on rêve ou que l’on devine dans les interstices du réel. Son travail s’incarne en formes simples, minimales, verticales et plus éparses. 
 
Elle puise son inspiration dans les fragments de l’environnement, des éléments propices à l’harmonie, des chocs esthétiques qui éveillent sa
curiosité autour de la couleur. Françoise Suzanne regarde la nature avec un point de vue. De la longue
ligne d’un tronc d’arbre, elle apprend comment la grâce se marie à la dignité,
comment la force donne du relief à la douceur et dont l’élégance sera le
résultat. Elle trouve des indices pour ses propres combinaisons ; des
fragmentations du réel qui distillent l’éternel. Avec la démiurgie de l’abstrait, elle rejette le réalisme. La plupart des détails disparaissent, laissant
émerger la suggestion à l’aide de son couteau, son pinceau, sa pipette et autre
bâton.
  
Les arbres sont dépouillés, chargés de symboles. Ce
sont des cyprès de Toscane, des bambous,
des torii japonais. « Droits,
élancés, ils donnent à la fois, rythme, sérénité et élégance au paysage. »
Après avoir longtemps travaillé à l’huile, elle privilégie désormais
l’acrylique qu’elle associe à des résines, des gels sableux, quelques touches
d’huile, des collages parfois sur plaques d’aluminium et la plupart du temps
sur papier LanaVangauard, un support blanc, brillant et lisse.
 
Le tracé cadencé
vertical se transforme en mouvement, en image hypnotique.  Les
lignes s’habillent de couleurs à la palette réduite. « Moins de détails, moins de teintes.
Les formes se géométrisent, je simplifie (…) De plus en plus partagée entre la
ligne, le point, et la tache. » Ce poudroiement dématérialisé d’une
présence spatiale, cosmogonique, extensible, réunit des filaments visibles et des repères qui
s’attachent à un réseau lumineux, rythmé et nerveux. Le chaos visuel ne manque
pas d’harmonie. Il libère une sensation d’accident et d’instabilité qui interroge
sur la source créatrice. Il est question de perte de repères.
Certaines toiles au fond noir invitent à pénétrer dans la pénombre naissante du
soir où les aplats et points de couleurs s’apparentent aux lueurs des astres. Sous
cette nuit étoilée, l’artiste nous pousse à imaginer des mondes cachés, là-même
où l’obscurité permet de mieux voir.  
 
Un clignement de paupière, un battement d’ailes… Celui
d’un papillon, fait écho à cet infime engrenage qui peut provoquer d’incroyables conséquences. « Ce
papillon, léger, délicat, éphémère, qui papillonne de fleur en fleur, de tache
de couleur en tache de couleur est le symbole, dans toutes les cultures, de la
métamorphose, de l’évolution, du mouvement, du beau (…) Le battement de ses
ailes exprime à la fois la fragilité de notre environnement et notre capacité à
nous mobiliser pour changer nos habitudes (…) Il est l’expression d’une pensée
positive. »
Le papillon rythme le discours esthétique et prend
valeur de parabole. Il s’élance, tournoie dans les halos de clarté, fonce dans
les éblouissements. Entre illumination et nébulosité, les
travaux de Françoise Suzanne sont d’inépuisables prétextes au songe. Dès qu’on
les regarde ou les rêve, leur potentiel se multiplie, se transforme par déploiement.
La composition mue, s’engloutit, disparaît un instant et réapparaît plus loin.
Et là en effet, dans cet étirement du champ des possibles, la magie opère.

Canoline Critiks.

Dictée par un idéal d’harmonie, Françoise Suzanne puise son inspiration au cours de ses voyages. Les lieux qu’elle traverse et les personnes qu’elle rencontre lui procurent des chocs esthétiques qu’elle traduit par la cadence d’un tracé vertical et des points convertis en images hypnotiques.

Dans un mouvement perpétuel et sous la réduction la plus aboutie des formes, le tracé s’habille de tonalités douces et éclatantes à la fois. Cet héritage de la ligne et de la couleur lui a été transmis par son grand-père André Suzanne artiste-peintre.

Françoise Suzanne explore l’intime d’une vue quotidienne en s’attardant sur un fragment qu’elle sublime. Saisons, paysages, déserts, forêts… Chacune de ses rencontres avec l’environnement sont propulsées dans un autre temps, un autre espace ; celui d’une nébuleuse cosmique où tous les repères sont à reconstruire.

Ses peintures nous transportent dans un monde esthétique, abstrait et minimal. Le rythme, la sérénité et l’élégance côtoient l’émotion profonde de la contemplation en mettant en éveil notre conscience environnementale.

« Je souhaite porter un regard global et positif sur le sujet en exprimant à la fois la fragilité de notre environnement et notre capacité à nous mobiliser pour changer nos habitudes. Chacun de nos gestes citoyens mis en commun pourraient inverser la tendance. Soyons tous Papillon et déclenchons l’écho du clignement de nos paupières. Cet infime engrenage pourrait provoquer d’incroyables conséquences pour ré-enchanter et préserver notre planète. »

Françoise Suzanne vit entre Chambéry et la région niçoise.

Analyse de Brigitte CAMUS, experte Artisteo.com :

« Françoise Suzanne avec sa série " Le Torii" marque une rupture assez radicale avec d'autres séries précédentes axées sur le paysage figuratif. Ici, on est dans un art abstrait qui pourrait tendre vers l'art construit de par le minimalisme de la composition, ce, malgré l'absence de formes géométriques "pures". Mais le passage de l'artiste à une autre forme de "paysages" tournés vers l'intériorité et la symbolique est patent lorsque l'on se penche sur son parcours.

Le contraste entre la peinture à l'huile pour le fond lisse et la matière plus chargée, au couteau des lignes géométriques (des bambous?), des arbres.... Est intéressant tout comme la recherche sur la couleur qui introduit rythme et musicalité dans la composition. "Le Torii", cela peut être, pris au mot, l'envie du silence, de la contemplation, d'un autre monde, ailleurs que le nôtre, où "tout ne serait que luxe calme et volupté" ».

A l’international:
– Kingston Museum – Kingston-upon-Thames – Grande Bretagne
– Galerie Samarcande – Bruxelles – Belgique
– New World Art Center – New York – Etats-Unis
– Aart’Master – Prix Comtesse Esther de Pommery – Bruxelles – Belgique

France:
1999 – 2005: Atelier et galerie « Les Saisons Bleues » – Levens – 06

– Le Grand Café des Arts – Promenade des Arts – Nice – 06
– Chapelle Sainte-Elisabeth – Villefranche-sur-Mer – 06
– Cloître des Arts – Avignon – 84
– Hôtel Negresco – Nice – 06
– Galerie l’Hippocampe – Saint-Jean-Cap-Ferrat – 06
– Mas d’Artigny – Carrefour des Arts – Saint-Paul de Vence – 06
– Maison du Portal – Levens – 06
– Hôtel Radisson – Exposition de groupe – Nice – 06
– « Saint-Jean des Arts » – Salon d’automne – Saint-Jean-Cap-Ferrat – 06
– Exposition Mairie de Gilette – 06

2014 : Concours – exposition:  » Un seul grain de riz » du 19 décembre 2014 au 10 janvier 2015
Galerie Métanoïa – Paris 4ème

Françoise SUZANNE a eu différentes " périodes ", notamment une phase de paysages " imaginaires et construits " et une série représentant des lignes sur fond de couleur.

Le fil conducteur nous entraine entre différents univers et fait cohabiter deux facettes d'une artiste qui voyage entre la sensualité de la couleur et le minimalisme symbolisé par la géométrisation des formes.
Le recours à la simplification de la forme et à un travail privilégiant les à-plats apparaissent dès le début, y compris dans ses paysages qui sont structurés tout en étant imaginaires et construits.

La tendance à conceptualiser se retrouve dans l'expérimentation de plusieurs techniques pour le même thème.
La poursuite de ses séries " Le Torii " et " La Cage imaginaire" en est un exemple..

A cet égard, son intérêt pour l'auteur chinois, Wang Wei, né en 701 et mort en 761, poète, peintre, et musicien de la période Tang, est peut-être en lien avec le choix du " bambou " dans son oeuvre. Une orientation très figurative.

Alors pourquoi ce " bambou " ? Question posée : Quel est le lien avec l'histoire de l'artiste? Le choix d'un élément aussi précis ne doit rien au hasard.

"Le bambou est célébré depuis l’Antiquité pour ses nombreuses qualités. Il est porteur de grandes promesses en matière d’écologie. Mes bambous, de différents couleurs (bleu, vert, rouge) sont un signe d’espoir. » Et c’est l’espoir qui accompagne Françoise Suzanne au fil des tracés de son pinceau.

Dans le même esprit, Françoise a choisi de représenter des papillons - série "Le rêve du Papillon" -  un animal totem dans de nombreuses cultures qui symbolise le pouvoir de métamorphose pour renaître, devant une haie de bambous. Ce torii végétal, s'accorde au renouveau du papillon, un moment hors du temps, un basculement de l’ère du gâchis et de l’imprévoyance écologique vers celle de la prise de conscience et de l’engagement. En miroir, l’animal nous renvoie à notre propre capacité à changer de perspective, de passer d’un mode de vie à un autre. Et aussi d’arrêter le cours d’un mouvement qui a pris trop d’ampleur.

Les papillons qui ornent ces toiles sont autant de promesses de jours nouveaux. "Le battement d’aile du papillon, c’est chacun de nos gestes citoyen et écologique au quotidien et cette prise de conscience accrue de la nécessité d’intervenir pour limiter et contrer les catastrophes dont l’homme porte la responsabilité".

"Alors, je fais un rêve : Soyons tous papillons pour ré enchanter notre environnement et changer notre planète." Un rêve en écho à l'intérêt de Wang Wei pour le bouddhisme qui se manifeste entre autre par le calme et le détachement qui imprègne sa poésie « C'est une poésie de la nature,. […] Sans perdre la réalité des arbres, des rochers et de la terre, la montagne et la forêt de Wang Wei sont des emblèmes du vide. »