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Philippe Casaubon

Retour à la liste Ajouté le 13 juil. 2018

nuage et peinture

L’art commence là où finissent les mots


Un soir, à la sortie d’un spectacle de danse me vînt à l’esprit que ce que je venais de voir était facilement descriptible. La musique était proche de celle de Phil Glass. Les danseurs asiatiques vêtus de blanc avaient le crâne rasé et le corps imberbe saupoudré de blanc. Ils évoluaient et bougeaient très lentement comme en suspension au fond d’une piscine avec parfois des airs de grande souffrance. Ils ouvraient alors grand la bouche, seule tache de couleur dans cet univers incolore. Les lumières très travaillées façonnaient l’espace et les corps à demi nus des danseurs.

« Si une image se laisse expliquer, décrire avec des mots, elle n’a aucun intérêt. Si on peut l’expliquer, pourquoi la peindre ». Bacon.

Le propre de l’œuvre artistique est de ne pouvoir être transcrite en mots. Autrement dit de ne pouvoir être décrite. Un œuvre artistique a son propre langage où les mots et les phrases n’ont pas leur place.

Langage qui nous est parfaitement compréhensible puisque nous le créons et en même temps intraduisible car une fois crée, il ne nous appartient plus mais devient universel et d’une autre nature.

Nous pouvons aller des mots vers l’œuvre mais aller de l’œuvre vers les mots est un appauvrissement, une trahison. Comme une mauvaise traduction.

La seule transcription possible est au niveau des sens. L’œil ne voit que ce que l’on pense.

La musique et la peinture sont de l’ordre de ce langage intraduisible. Ces deux arts ne se disent pas autrement que par les sens. On ne peut que ressentir et goûter des impressions (bonnes ou mauvaises) face à une peinture ou à l’écoute d’une musique. On ne peut parler que de qu’on a ressenti mais parler de l’œuvre elle-même, c’est comme décrire le goût des fraises à quelqu’un qui n’en aurait jamais goûté.

Lavier souligne le divorce entre les mots et les choses : « Un objet en bois est réalisé de façon successive à partir d’un énoncé traduit du français vers l’anglais, puis de l’anglais vers le chinois, vers le russe, etc. Celui-ci prend des formes différentes au gré des traductions ».

   

Artmajeur

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