Couleurs chaudes et froides dans l’art

Couleurs chaudes et froides dans l’art

Olimpia Gaia Martinelli | 5 mars 2024 11 minutes de lecture 0 commentaires
 

Couleurs chaudes et froides seront mises à l'honneur dans le récit de l'histoire de l'art, suivant deux intentions fondamentales : la première est de juxtaposer des chefs-d'œuvre classiques avec des œuvres contemporaines d'Artmajeur, tandis que l'autre consiste à comparer deux types d'écritures...


Introduction à la comparaison

Les couleurs chaudes et froides seront mises en valeur dans le récit de l'histoire de l'art, en suivant deux intentions fondamentales : la première est de juxtaposer des chefs-d'œuvre classiques aux œuvres contemporaines d'Artmajeur, tandis que l'autre consiste à comparer deux types d'écriture, l'une simple et descriptive, l'autre plus lyrique, créative, imaginative et émotionnelle. Pour vous aider à comprendre : Je commencerai par prendre l'exemple du rouge, en analysant " La chambre rouge " de Matisse à travers une description claire, fluide et évidente, et je la mettrai ensuite en contraste avec un texte sur une œuvre contemporaine au sujet similaire, mais au caractère textuel plus complexe et articulé. De cette façon, en continuant avec d'autres couleurs, je ne vous demande pas seulement de choisir entre des sujets artistiques nouveaux et anciens, mais aussi d'imaginer d'exprimer vos préférences concernant les différentes façons d'aborder l'interprétation. C'est parti !

50 NUANCES DE ROUGE (2021)Peinture de Ditim

Couleurs chaudes

Rouge

Couleurs chaudes rouge "La desserte " (1908) de Matisse

"La desserte" d'Henri Matisse capture une atmosphère émotionnelle et personnelle distinctive en défiant les représentations figuratives traditionnelles. Dans le tableau, une employée de maison dispose soigneusement des fruits sur un piédestal placé sur une grande table. À côté de cette scène, une chaise en paille rustique fait face à une grande toile représentant un paysage simplifié. Au premier plan, un buisson attire l'attention, tandis qu'à l'arrière-plan se déploie une prairie ornée de fleurs violettes et dorées. Des arbres délicats et imposants, ornés de fleurs blanches, ponctuent le paysage. L'horizon, placé très haut, délimite un ciel bleu clairsemé. Près de la partie la plus haute, touchant presque le coin gauche, un gracieux cottage rose complète la composition.

"50 nuances de rouge" de Ditim

Nous nous retrouvons à nouveau à l'intérieur, mais ici, l'acte d'arranger les fruits remplace le calme du repos, même celui de l'observation. En fait, il n'y a pas beaucoup d'éléments dans l'œuvre d'art qui pourraient déplacer le regard du spectateur, car toute l'attention est captée par la sensualité du protagoniste à la peau rougeâtre. Cette couleur chaude et passionnée, qui recouvre également le sol vu d'en haut, n'est interrompue que par le noir du fauteuil et quelques autres détails. C'est dans cet environnement décrit ci-dessus que le modèle est pris dans le sommeil, prenant une pose sensuelle et étudiée, probablement pour attirer l'attention, invitant ceux qui franchissent le seuil de sa maison. Les traits stylistiques réalistes renforcent ce qui vient d'être noté, ainsi que le respect des lois de la perspective, qui faisaient défaut dans le récit du maître français, où tout apparaissait en rouge et presque sur le même plan. Cependant, Matisse poursuivait une intention claire : éloigner le spectateur de l'espace réel et le conduire dans sa propre dimension intérieure et émotionnelle. Les espaces que nous venons d'évoquer sont au contraire étroitement liés au monde réel par l'érotisme concret de Ditim, qui admet que la sensualité "se répand comme du fer en fusion sur le tableau, exécuté dans des tons rouges ardents". Les mains gracieusement posées sur l'accoudoir et les longues jambes élégantes évoquent avec éloquence la grâce, la sensualité et la féminité. La femme est consciente de son magnétisme naturel et sait le mettre en valeur, en taquinant habilement sans dépasser les limites. Un attribut mortel dans l'arsenal d'une femme est une robe noire qui expose un cou gracieux sous lequel apparaissent des clavicules fragiles. Les zones de peau exposées brûlent sous les regards ardents, mais laissent encore de la place à l'imagination. Le rouge est la couleur de l'attirance fervente, la couleur de la vie vibrante et palpitante. Il est l'incarnation de la passion nue, synonyme de battements de cœur accélérés et d'attente angoissante. Elle peut allumer un feu d'un seul coup d'œil, réchauffer le cœur. Le tableau frappe par son aura qui s'intègre harmonieusement dans les intérieurs, attirant indiscrètement l'attention grâce à son romantisme épicé et à sa netteté." Enfin, après avoir associé le rouge à la vie des environnements intérieurs, nous passons à celui qui implique l'orange et la figure féminine observée de plus près.

MUSICIEN, 2020 (2020)Peinture de Natasha Kiryushkina

Orange

"June flamboyante" (1895) de Frédéric Leighton

Dans l'œuvre, on voit une femme paisiblement endormie sur un banc de marbre, avec la mer en arrière-plan reflétant le coucher du soleil. Elle porte une robe orange semi-transparente, qui révèle les contours de son corps à l'observateur. Un léger rougissement sur ses joues suggère une conscience inconsciente d'être observée, même dans son sommeil. La branche de laurier-rose toxique placée dans le coin supérieur droit symbolise peut-être le lien délicat entre le sommeil et la mortalité.

"Musicien" de Natasha Kiryushkina

L'orange dépasse les frontières du vêtement pour déborder sur le fond de l'œuvre et en partie sur les nuances de la peau de la femme représentée, ici éveillée mais peut-être inconsciente d'être observée, car le poids de ses pensées conduit son regard ailleurs, loin du spectateur et peut-être encore plus loin d'être comprise ou intuitionnée. La mélancolie peut cependant être partagée avec le modèle, simplement en se rappelant un instant ce qui nous pousse habituellement à ressentir ce sentiment, en l'appelant à nous chanter une berceuse obsédante d'angoisse étouffée dans notre esprit. À tout cela, on peut associer une lente mélodie, que suggère peut-être le titre du tableau réaliste de l'artiste d'Artmajeur, qui peut aussi alterner avec le silence apporté par l'arrivée tragique de vilaines pensées non résolues ou le son compulsif et martelant du flot de tourments continus. Enfin, en ce qui concerne le contexte dans lequel "Musician" a été exécutée, il semble s'agir d'un intérieur, où, contrairement à "Flaming June", on ne peut pas regarder les horizons lointains, de sorte que nos yeux resteront piégés dans la sonate mélancolique d'un orange monochromatique. Après l'association orange-femme, place au surréalisme jaune-abstrait !

2011-JAUNE-2-ACRYLIQUE SUR TOILE-130 CM X 130 CM (2011)Peinture de Corine Sylvia Congiu

Jaune

"L'or de l'azur" (1967) de Joan Miró

L'œuvre de Miró est composée d'une combinaison de formes organiques et de symboles. Diverses zones ovales, en noir et en couleurs, ornent la toile. Ces éléments se détachent sur une toile de fond d'un jaune éclatant, certains symboles se superposant à la fois au fond et à la zone ovale bleue.

"Jaune 2" de Corine Sylvia Congiu

Si l'on met de côté la discussion sur les formes ovales pour se concentrer sur la couleur du fond, ainsi que sur la présence de formes organiques ou de symboles, on peut décrire l'œuvre de Corine Sylvia Congiu d'une manière similaire, en l'inscrivant dans la veine surréaliste qui va de l'abstraction au figurativisme. À l'instar de Miró, elle offre un outil prêt à évoquer l'inconscient, ainsi que le désir et la liberté d'expression. Dans l'univers fantastique où se rencontrent les styles de l'artiste catalan et de l'artiste d'Artmajeur, on peut lire la figure de formes hybrides, parfois conçues pour rappeler vaguement un aspect que l'on trouve sur terre. Tout est soigneusement élaboré sur le support pictural, évitant le hasard pour s'organiser dans un équilibre compositionnel minutieux, où s'expriment harmonieusement le fond, les formes, les symboles, les allusions à la réalité et les couleurs. Enfin, d'autres aspects qui unissent les deux œuvres sont la capacité du fond jaune à conditionner l'ensemble de la composition, sur laquelle les signes se superposent, en respectant une conception spatiale bidimensionnelle organisée par les mêmes éléments qui la composent. Place maintenant aux couleurs froides, où le bleu se distingue dans des œuvres où il apparaît comme un accessoire fondamental !

«VIRGINITÉ» (2016)Photographie de Diako Art

Couleurs froides

Bleu

"La Vierge de l'Annonciation " (1475) d'Antonello da Messina

Dans le tableau, Marie est représentée au moment où elle fait face à un interlocuteur imaginaire, sa main droite semblant le retenir ; la silhouette de son manteau révèle l'ovale sans défaut du visage de la Vierge. La composition trouve un point focal dans le pli du manteau bleu, qui va du front jusqu'à l'angle du pupitre, peut-être placé arbitrairement, tandis que la rotation subtile de la figure de Marie et le geste de sa main confèrent à la scène une impression de naturel. Certaines interprétations discernent divers moments narratifs dans les détails expressifs des mains, du regard et des lèvres de Marie.

"Virginité" par Diako art

Nous pouvons imaginer une nouvelle œuvre d'Antonello, dans laquelle le manteau bleu s'étend par exagération, couvrant l'arrière-plan et le protagoniste, ne révélant qu'une partie de son buste et de son regard, qui restent mystérieux dans leur posture et leur intention. Néanmoins, les yeux, dans la partie visible, semblent scruter quelque chose ou quelqu'un avec méfiance, probablement un personnage sur le point d'arriver, dont la présence n'est décidément pas la bienvenue. Ce détail nous renvoie à ce qui a été décrit dans le chef-d'œuvre ci-dessus, où, avec la même intention de repousser, une main avait même été levée, mais qui peut dire alors qu'il n'en va pas de même dans "Virginité" ? Cela semble en effet possible, bien qu'attribuable à des expédients narratifs résolument différents, puisque l'artiste d'Artmajeur s'inspire non pas du récit de textes sacrés mais des multiples difficultés que les femmes rencontrent dans leur vie, affrontant interdits, suppressions, contraintes et violences, qui les condamnent à ne manifester leur présence que dans la partie où cela leur est permis, et dans ce cas, seulement d'un regard. Passons maintenant au vert et au violet des vêtements de certains personnages dans les portraits, les scènes religieuses et les scènes de genre !

SÉRIE "NORD ET SUD. NOUVELLE RÉALITÉ" CONNEXIONS (2015)Peinture de Yaroslav Kurbanov

Vert

"Portrait d'Arnolfini" (1434) de Jan van Eyck

La scène représentée se déroule dans la chambre nuptiale : un couple, paré de vêtements opulents, se tient devant nous. L'homme à l'allure sévère fait un geste qui peut être interprété comme une bénédiction ou une salutation, tandis que la femme, visiblement enceinte, tend la main à son mari, l'autre main caressant tendrement son ventre gonflé. Les époux Arnolfini adoptent une attitude solennelle et digne, reflétant probablement la gravité de l'occasion : ce portrait a probablement été commandé pour commémorer leur mariage, ce qui exige une certaine gravité dans leurs expressions. Jan van Eyck capture méticuleusement les détails de l'environnement, rendant avec précision chaque objet de la pièce.

"Nord et Sud - Nouvelle réalité" de Yaroslav Kurbanov

Le vert est le protagoniste du chef-d'œuvre décrit ci-dessus qui, avec son rouge complémentaire, parvient à animer, en augmentant l'impact de la composition, à la fois les volumes et la profondeur des espaces de l'œuvre d'art. Ce faisant, il attire naturellement notre attention sur le côté droit du support pictural, où il est positionné précisément sur les vêtements de la femme enceinte. Nous pouvons comparer ce qui a été décrit jusqu'à présent avec l'œuvre de l'artiste Artmajeur : également un double portrait. "Nord et Sud", en utilisant la perspective du gros plan, n'encadre que les visages de deux personnages, animés à nouveau par la présence du vert et de ses complémentaires. Le premier d'entre eux apparaît à nouveau dans ce qui est le vêtement, prenant forme dans le chapeau coloré prêt à animer le côté droit de la composition, qui apparaît à nouveau chromatiquement plus captivant, plus vivant, plus riche, plus attirant pour l'œil de l'observateur.

BONJOUR, COMMENT PUIS-JE AIDER ? (2024)Peinture de Ta Byrne

Violet

"La Résurrection du Christ" de Raphaël (1501-2)

Émergeant d'un tombeau de style classique, Jésus monte. Il est debout sur un nuage léger, tenant un drapeau des croisés dans sa main gauche et étendant une bénédiction de sa main droite, formant le signe de la Trinité. Sa silhouette, nue à l'exception d'un grand manteau rouge enveloppant son corps, laisse son torse nu. Au-dessus de sa tête repose une délicate auréole, et son visage est imberbe, avec des cheveux longs. À la périphérie, des soldats sont couchés de part et d'autre. L'un d'eux repose sur un bouclier, la tête ornée d'un turban serré, tandis que son homologue brandit une épée suspendue à sa hanche et lève le bras vers le Christ ressuscité. À l'arrière-plan, un autre personnage regarde vers le haut, vêtu d'une armure, d'un casque et de vêtements moulants, armé d'un bouclier et d'une lance. Au premier plan, un serpent se faufile vers un soldat à gauche, tandis qu'un héron plane au bord de l'eau à droite. La Madone et deux femmes pieuses traversent un chemin descendant d'une colline, flanqué d'une rivière sinueuse et encadré d'arbres élancés. La lumière du soleil émerge de derrière la colline centrale, jetant une lueur lumineuse. Le Christ est flanqué de deux anges qui planent, enveloppés dans des robes flottantes, dont l'une est violette.

"Bonjour, comment puis-je vous aider" par Ta Byrne

Du violet sacré, on passe au violet profane, destiné à animer la couleur de la partie supérieure d'une lampe anthropomorphe qui, comme l'ange, est placée à côté du sujet principal de la narration picturale : une femme blonde représentée dans un intérieur. "L'autre ange, cette fois vêtu de jaune, serait le second luminaire, plutôt placé sur le côté droit du support de Ta Byrne. Les deux êtres ailés des Évangiles et du Nouveau Testament accompagnent la révélation de l'immortalité du Christ, tandis que la lumière des lampes de "Hello, How Can I Help" met en évidence la danse parfois écrasante de la vie quotidienne, nous amenant à réfléchir à la fois au potentiel de cette énergie frénétique et aux moments plus calmes, de nature réflexive, introspective et révélatrice, qui lui sont inhérents. Enfin, Ta Byrne ajoute à propos de sa peinture : "J'ai essayé de capturer la beauté chaotique du multitâche moderne, le tour de passe-passe de la technologie, l'indulgence et l'appel constant du devoir. Je conclus donc en pensant à la façon dont l'omniprésence du récit divin de l'époque de Raphaël est aujourd'hui remplacée par une référence fréquente à notre système compulsif, dévorant, rapide et omniprésent, éclairé, et donc rendu compréhensible, par la lampe violette de Ta Byrne, autrefois ange révélateur de la parole divine.

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