Estrella Pistola (2012) Arts numériques par Cœur

Pas à Vendre
Certificat d'authenticité inclus
Cette oeuvre apparaît dans 2 collections
  • Œuvre d'art originale Arts numériques, Peinture numérique / Autre / Travail numérique 2D sur Toile
  • Dimensions Hauteur 24,4in, Largeur 31,5in
  • Catégories Arts numériques à partir de 20 000 $US Illustration
Mickipistorius, la célèbre profileuse et criminologue disait voir le tueur en série « comme un égal de Dieu puisqu’il possède le pouvoir de vie ou de mort.» J’imagine que cette phrase ne sera pas du goût de tous, mais si vous prenez cela avec recul, au-delà d’une association que certains qualifieraient de «blasphématoire» vous pourrez[...]
Mickipistorius, la célèbre profileuse et criminologue disait voir le tueur en série « comme un égal de Dieu puisqu’il possède le pouvoir de vie ou de mort.»

J’imagine que cette phrase ne sera pas du goût de tous, mais si vous prenez cela avec recul, au-delà d’une association que certains qualifieraient de «blasphématoire» vous pourrez y voir une dimension psychologique pertinente en ce qui concerne les fantasmes que nous nourrissons envers les tueurs et envers l’acte de tuer.

Lorsque je parle de «tueur», j’entends par là celui qui dans la société passe à l’acte, celui qui prend la responsabilité de tuer. Tuer est un sacrilège ultime, il s’agit d’un tabou majeur dans la société.
Seul la vie, dieu, le hasard, l’existence ou le destin à le droit de tuer, c’est vrai, c’est sur ce concept moral que nous avons organisé nos sociétés, mais si on y regarde de plus près c’est également faux car de tous les tabous il est aussi celui qui est le plus présent, et aussi le plus accepté, le plus idolâtré, mis en avant dans la culture.

Effectivement le meurtre lâche, gratuit est détesté, il est l’expression de la félonie ultime, le creuset de toutes les tragédies. Mais le meurtre vengeur, le meurtre légitime, celui-là est absolument divin. On parle bien de guerre sainte, on parle aussi de «se faire justice», le choix même du mot «justice» dans un tel contexte s’avère en réalité assez dérangeant.

La culture à travers les reportages, les séries télés, le cinéma, n’aura jamais de cesse de se focaliser sur le meurtre sous toutes ces formes et à travers tous les contextes, guerre, crime, univers carcéral, univers policier, gangstérisme.

Pour conclure le meurtre, le fait de tuer est en réalité selon mon point de vue placé précisément entre enfer et paradis, il s’agit de l’un des actes qui génère le plus d’ambivalence morale. Le meurtre ignoble, celui du héros de l’idole martyrisée honteusement, détient déjà son symbole. Il s’agit de l’un des symboles les plus répandus et les plus puissants de la société, la croix chrétienne. Ce symbole se passe d’ailleurs la majeure partie de la présence de Jésus.

On représente l’objet sur lequel il est mort, torturé, sans l’homme, l’effet est plus puissant, plus géostatique.
On ne peut ignorer que paradoxalement c’est aussi la violence humaine qui y est en quelque sorte exhibée, magnifiée, sanctifiée. Il s’agit d’un symbole de mort, pessimiste, avant toutes choses. Un pessimisme engendrant la révolte et la prise de conscience. Une exhibition de nos natures violentes, vengeresses, ivres de haine.
Elle force à la prise de conscience par la culpabilité, je ne juge pas cela.

Cela n’est ni bon ni mauvais, nous sommes en réalité dans une dimension totalement archétypale de la culture. Moi j’ai choisi d’y faire écho, de mettre en lumière sous un prisme divin un nouveau symbole à travers le pistolet. J’élève au rang d’idole le symbole du pistolet, comme successeur de la croix, je l’élève au rang des grands symboles de l’humanité. Je ne fais pas cela, pour faire de la provocation, je le fais car cela est pertinent, je vais tenter de le prouver à travers les lignes qui suivent.

Tout d’abord, il est inscrit dans les psychés de tous, il est reconnaissable en un instant, tout comme la croix il s’agit d’un outil de destruction conçu par la main de l’homme. A ce jour il est associé à des multitudes de crimes, de la victime la plus méconnue à la plus illustre, cela s’ajoute à son prestige. Il est partout, il est matraqué, il jouit d’une diffusion culturelle hyper massive. Par contre, il n’a pas retiré de notre planète un représentant de Dieu sur Terre, c’est là ou il diffère de la croix.

Il lui manque simplement une dimension mythique. Il n’a donc pas, contrairement à la croix, une dimension intrinsèquement religieuse, numineuse, ou mystique.
Pourtant sa puissance symbolique, la manière dont cet objet s’incarne dans nos inconscients, en fait tout de même selon moi une divinité mais d’un type nouveau, il est le produit de la science et de la raison. On peut dire ainsi que le pistolet a été créé par la déesse «raison» et aussi par la déesse «nécessité», et cela à mon sens mérite d’être interrogé et mis en abîme à travers une image. Comme pour la croix l’homme n’a pas besoin d’être présent dans l’image. Une présence humaine ferait tâche ici, ou relèverait de l’anecdotique, il est bien plus puissant là seul,spectral, lévitant dans le ciel.


Revenons à la croix en tant que ce qu’elle est à l’origine,l’objet de torture. Si on y réfléchit, l’acte de torture suggère de la perversion, une cruauté gratuite passionnelle. Il y a une dimension archaïque, primitive, «bestiale» de l’ordre de la barbarie naturelle, associée à une hystérie affective mal maîtrisée. La croix est donc illégitime, elle est un stigmate honteux de nos natures obscures. Une création ignominieuse et arriérée.

La religion d’ailleurs est actuellement en partie considérée, dans l’inconscient collectif comme la manifestation névrotique, passée de nos questionnements, de nos imperfections.


2000 ans en arrière, nos ancêtres ont quoi qu’il en soit choisi une représentation barbare et archaïque, cette croix de torture, pour marquer les esprits. Peut-être voulait-t-il lutter contre la barbarie en exposant l’objet du crime. A chacun de juger si cela relève de la «névrose» ou de la «raison».


Le pistolet, lui, est un objet du maintenant car il est associé à l’ère moderne . Aussi on ne peut pas l’associer à la torture, en tout cas pas de prime abord. Il symbolise mieux, la manière dont l’homme se perçoit à travers l’inconscient collectif actuel. La société à travers la science et la culture reconnaît la nécessité naturelle d’autoprotection, et à travers cela du meurtre de nécessité. On se voit contraint de créer des outils coercitifs radicaux. Dans ce contexte, le meurtre ne répond plus à des mécanismes inconscients de nos psychés, il ne dépend plus de nos «natures» enflammées.

Il est institutionnel, professionnel, issu de la culture, de la nécessité de maîtriser d’autres êtres humains, d’autres groupes d’êtres humains ou d’autres populations, archaïques, névrosées, inadaptées. Il est un remède contre «l’autre» ce personnage récurrent, irrécupérable qu’il convient de maîtriser jusque dans des extrémités terminales. Le pistolet n’est pas qu’un outil réservé aux armées et aux policiers, il s’incarne bien au-delà du pouvoir officiel. Le pistolet est une extension de la personne, il est le moyen individuel par lequel on assoit son pouvoir, son droit, en dernier recours à l’intérieur et en dehors des lois.

Il corrompt nos âmes car il engendre la possibilité d’une dérive. Il est l’outil associé à la volonté de toute puissance le plus direct, celui du gangster du psychopathe. Il est une extension métallique, désincarnée, mécanique de notre haine, de notre froideur, faisant régner une justice implacable. Il est complexe, chargé de beaucoup d’antagonisme, de contradictions.

Plus que le désir, il incarne l’intention, le meurtre devient ainsi à travers le pistolet un acte, froid, professionnel, rationnel. Il incarne la raison individuelle, la liberté, car le meurtre est selon le prisme de celui qui tire un acte réfléchi, un acte de devoir, un acte justifiable. Il incarne la mort, car s’en servir contre un animal ou un humain, relève de l’intention meurtrière, tout du moins de l’intention de nuire ou de neutraliser.

Il incarne la sécurité, car celui qui le possède croit détenir un élément supplémentaire pour assurer sa survie en ce monde. Il incarne le danger car le fait que des gens possèdent de tels outils impliquent fatalement que nous soyons tous menacés. Enfin il ramène inconsciemment au passé, même si on préfère l’ignorer, car il ramène aux idées mythiques, religieuses, numineuses. Il incarne le pouvoir divin, car le posséder augmente largement nos capacités à exécuter le jugement divin, c’est à dire, tuer ou épargner son prochain.

Il incarne la peur du jugement, son apparition divine nous fige sur place nous autres humains.
Il incarne l’hybris car s’emparer des pouvoirs divins c’est précipiter sa destinée dans la démesure.

Visuellement le pistolet est spectral, seul, une manifestation céleste peut ainsi léviter dans les olympes.
Il est issu de la science, du génie humain, il provient de déesse «raison», celle qui nous permet de faire face aux phénomènes naturels, celle qui nous permet de dominer la nature.
Photo
​Cette maîtrise de la nature et par extension de nos propres «natures» est ridiculisée à travers les ornements présents sur le pistolet.
En le «customisant» ainsi je lui retire sa fonction première, celle qui en fait un outil froid, «professionnel», efficace.
Il devient une icône, une idole, une superstar.
L’homme lui voûte ainsi un culte, il aime cet objet de façon passionnelle, cela relève du fétichisme.
Le fait qu’il soit doré ne répond à aucune logique fonctionnelle, à travers cela on comprend que l’objet est vénéré à la manière d’une divinité païenne, comme pour le veau d’or.


Cette association illégitime de la fonction et de l’apparat confine au vice, à l’idolâtrie, au blasphème. Comme pour toute passion cela tend à la folie. L’objet possède un pouvoir sur son possesseur, on peut parler de dérive matérialiste et de possession de l’objet sur le sujet, Le sujet et l’objet sont inversés. L’homme est possédé, l’objet est alors animé, il domine son possesseur, comme un esprit ou un dieu. Il le corrompt. Les éclats de diamants dorés qui constellent sa crosse ont une fonction similaire, ils sont placés sur une crosse en noix d’acajou vernie.

Ce procédé rabaisse encore le prestige de l’arme, car toutes ces parures kitchs et dépassées rajoutent du grotesque à un objet qui n’est pas censé comporter d’éléments «esthétique.»


Plus sa fonction devient décorative, plus la fonction première de l’objet diminue.
Comme pour tout objet militaire, si esthétique il y a, cela provient de la dimension fonctionnelle du design.
Ce fonctionnalisme confère du prestige et souvent même de la prestance de par son absence totale de recherche «d’effet».
Là cette absence «d’effet» est donc trahie, mais à travers ce processus baroque engendrant une dégénérescence, l’objet prend selon moi sa véritable dimension actuelle.
Il s’anime, devient une représentation affective, s’élève finalement au rang symbolique qui est le sien.

​Celui d’un objet dangereux, stupide, un symbole puissant de la folie et du catabolisme moral humain, une entité maligne, incarnant notre triste tendance à vouloir expédier la vie d’autrui dans d’autres sphères. On voit à travers ce processus que notre inconscient collectif ne parvient plus à prendre conscience de la dangerosité de l’objet, tant il est aujourd’hui un symbole folklorique du gangstérisme et de nos modes de vies actuels, à travers la culture pop.

Pour finir, il est toujours fascinant de constater comme l’homme est capable de se bercer d’illusions en ce qui concerne sa «nature» qu’il croit maîtriser. Nous pensons trop souvent sans recul, être parvenus à nous élever au-delà des modes de vies et des pensées sordides et méprisables de nos lointains ancêtres. Il est selon moi de l’ordre de l’erreur fondamentale de se moquer ou de rabaisser la pensée humaine ancienne, aussi simpliste, ridicule ou barbare puisse-t-elle paraître en l’instant.

L’homme répond à des mécanismes qui le dépasse, il faut toujours garder cela à l’esprit, on se doit d’observer une opinion selon des prismes et des contextes divers afin d’établir un avis temporaire mesuré.

Maîtriser notre violence psychique voilà un défi sérieux qui constitue à mon sens, bien davantage un progrès, mais cela ne se fait pas par le dédain, ni par le refoulement. Cela ne se fait qu’en augmentant notre capacité à croire en l’autre et en nous même, qu’en maîtrisant nos peurs issues de l’ignorance, qu’en écoutant nos inconscients martyrisés.

De toutes évidences les armes ont toujours accompagnées nos existences et contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’impact qu’elles ont sur nos psychés n’est en rien différent de l’impact qu’avaient les religions et les croyances sur les psychés des premiers hommes. Il est tragique et illusoire de croire que nous échappons aux charmes et ou, aux effrois d’un pouvoir aussi indécent qu’ignoble, celui incarné par les armes.

Dans nos esprits et nos âmes elles sont emplies de prestige et de luminosités, effrayantes et fascinantes. Nous croyons en la déesse «raison» et de toute évidence il est «raisonnable» de nous organiser dans nos sociétés pour produire et distribuer des armes par milliers partout autour du globe. Si nous faisons cela c’est pour contrôler des individus dangereux de «nature». Excusez-moi, mais nous n’avons manifestement pas réussit à prendre le dessus sur nos propres «natures», nous non plus de ce fait.

Auquel cas nous ne fournirions pas autant de créations capables de se retourner contre l’homme. Nous rendant tous toujours plus dangereux pour les autres et nous-mêmes. Neutraliser voir éliminer les brebis galeuses, faire la guerre, régler des conflits d’états, lutter contre le crime, sont autant de «raisons» derrière lesquelles nous cachons nos limites.

«Seul de vrais hommes ont le courage d’assumer ce genre de responsabilité». J’imagine bien que ce genre de discours pourrait avoir son effet sur une foule. Les «braves» finissent étrangement par toujours trouver une bonne «raison» de faire quelque chose de profondément mal pour le bien.
En tout cas, aucun discours «raisonnable», ne peut justifier,
qu’autant d’enfants aient accès à des armes,
qu’autant d’adultes les érigent en nécessité absolue,
qu’autant de bavures en tout genre se répètent,
qu’autant de suicides collectifs manifestes de l’humanité soient encore à ce point légitimés.
Et qu’autant de «vrais hommes» s’érigent en «braves», à travers des discours faisant l’apologie du meurtre légitime, fondé et nécessaire. Le meurtre de civilisation.

Tout cela nous l’acceptons tous dans un mutisme hypnotique abjecte et pitoyable. Moi je vous présente le symbole que l’on vénère si fortement qu’il ne cesse plus de s’élever dans le ciel. Je n’ai pas eu à chercher bien loin, tant le pistolet est partout à la fois, omniprésent, omnipotent. D’une certaine manière nous avons glissé de la croix vers le pistolet. Glissons nous de Charybde en Scylla?

Je ne sais pas, cela est certainement comme toujours, ni bon, ni mauvais, davantage de l’ordre de l’archétype, il nous appartient à nous d’en faire nos conclusions.

Mon art est sans détour, ce qui à mon sens lui donne une force que je qualifierais de binaire augmenté. Le binaire augmenté, non pas selon l’idée que le vrai est 1 et que l’on élimine le faux qui est 0, mais plutôt selon l’idée que 1 et 0 sont tout aussi valides et faux, les deux à la fois et qui plus est, en oscillation permanente.Regardez cette emblème, cette figure, réfléchissez-y sérieusement. Réalisons ce que notre monde propage comme horreur, pour qu’un tel spectre soit devenu si naturel, logique et accepté, au point qu’il en devienne neutre dans nos esprits.
Si je peux me permettre, il prend toute sa force abominable lorsqu’on découvre «réellement» ce qu’il peut engendrer dans la réalité, comme cruelles aberrations.


Voilà notre idole,
Contemplez-la,
nouvelle, éternelle.

«EstrellaPistola»
Mais ne la sous-estimez pas sous ses airs basiques
Car son pouvoir est monstrueux.
COEUR.

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