Dominique Boucher
Né dans le nord de la France en 1955, Dominique Boucher s'est installé en Comminges (au pied des Pyrénées) vingt ans plus tard, pour ne plus en bouger. À ce point même casanier qu'il ne peint qu'en atelier.
1977 - Première complicité avec le stylo à bille… Apprentissage de la solitude, le soir dans une chambre de bonne, et ne désirant pas gaspiller ce temps précieux qu’est la vie ni laisser les heures tourner vainement en rond, Dominique Boucher prend ce qu’il a sous la main : un stylo à bille noir et une feuille de papier. Pas d’intention préméditée ni réelle « d’œuvrer », une simple envie de balader même pas des sensations mais des formes qui lui viennent comme ça, de la mémoire à la main… puis suite aux formes, des pensées… puis suite aux pensées, des idées… des nuits et des nuits durant, des mois, des années d’apprentissage du dessin au stylo à bille à la peinture au stylo à bille.
2004 - Inscription à La Maison des Artistes… Salarié dans la même entreprise depuis 1983, Dominique Boucher est licencié économique en 2004. Un choix se présente alors, donc une décision importante et longtemps remise : retrouver un travail, ou franchir le pas et tenter de vivre de sa peinture. Courte réflexion, il s’inscrit à la Maison des Artistes afin d’avoir une couverture sociale et de pouvoir exercer sa peinture au grand jour.
2006 - Peinture acrylique… Parce que la technique de la peinture au stylo à bille est un exercice long et délicat (compter environ 300 heures pour un format A4), qui ne lui permet pas la création de plus d’une dizaine de tableaux par an, et pour vouloir traiter d’autres sujets, d’autres atmosphères et des formats plus grands, Dominique Boucher apprend en autodidacte la peinture acrylique, tel qu’il l’avait fait pour la peinture au stylo à bille.
2007 - Ouverture de son atelier-Galerie… Le rendez-vous du peintre et du public se fait par les expositions ponctuelles du travail du premier, rencontre plus ou moins mise en scène dans des espaces dédiés et parfois hors des murs sacralisés. Au-delà de ces moments privilégiés, versant peu ou prou dans le cérémonial, voire une certaine solennité, Dominique Boucher souhaitait que son travail puisse s'épanouir également dans sa relation au public et au quotidien, au cours de sa réalisation. Pour cela, il a ouvert son atelier au public, travaillant sous ses yeux, et surtout répondant à ses interrogations. Entre ces publics et lui s'instaure souvent un dialogue, sur la technique, sur la genèse d'une œuvre, son historique, son parti-pris. L'échange permanent entre les deux parties, peintre et public, a ceci de particulier qu'il sensibilise le public à la peinture, l'initie, le motive parfois pour passer à l'acte de faire en se mettant à son propre chevalet. Quelle plus éminente « mission » que celle d'éveiller la conscience créatrice du quidam ?
2014 - Fermeture de l’atelier-Galerie et retour à son atelier personnel, jusqu'au jour d'aujourd'hui (mai 2025)…
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Cote artiste, Biographie, Atelier de l'artiste:
Le vieil homme et l'amer • 8 œuvres
Voir toutSérie de 8 tableaux sur les réflexions d'un vieil homme à un moment de sa vie où il se demande s'il a encore un chemin à suivre, si oui lequel et comment. Pour trouver réponse, il se laisse remuer l’âme par les émotions en se remémorant les aléas passés de son cœur, en ruminant le pour et les contres de sa solitude présente, en égrenant les maux de l’absence, enfin en pourchassant les bruits du silence en lui comme ceux tout autour de lui…
Mémoire Collective • 14 œuvres
Voir toutCompositions sur des faits appartenant à diverses catégories, ayant marqués la mémoire collective…
Aux heures de mes humeurs • 7 œuvres
Voir toutCertaines compositions ont été réalisées sur commande selon un sujet imposé ou en ayant carte blanche.
D'autres compositions sont nées d'une inspiration spontanée avant d'être réfléchies et travaillées sur le brouillon, enfin réalisées sur la toile tout en gardant la liberté d'une évolution sur le vif…
Rue Perdue • 6 œuvres
Voir toutSérie sur une rue imaginaire, des années 60 à 70, mettant en scène des personnages considérés pour une raison ou une autre comme à la marge de la société…
Jazz et musique • 10 œuvres
Voir toutDeux séries sur la musique de jazz, la première réalisée à l'occasion de la Fête de la musique de 2017 et portant sur les musiciens, la seconde réalisée en 2023 est un travail centré sur la gestuelle et les mains des musiciens affairées à jouer de leur instrument…
Aurignac • 8 œuvres
Voir toutJ'ai donc réalisé à l'acrylique et pour l'événement cette série de 8 tableaux sur Aurignac.
L'atelier Digital • 40 œuvres
Voir toutL'atelier Digital est le pendant des mains et des pinceaux du peintre, lorsque ce dernier travaille son inspiration avec l'outil informatique. À travers l'Atelier Digital le peintre explore aussi bien des univers abstraits que figuratifs. La création numérique bien loin de supplanter l'inspiration du peintre, elle la sublime en lui ouvrant des portes sur des émotions insoupçonnées…
Rêvasseries • 5 œuvres
Voir toutHistoire de mots • 4 œuvres
Voir toutBaisers • 3 œuvres
Voir toutVendu par 63th avenue • 1 œuvre
Voir toutŒuvres Vendues • 20 œuvres
Reconnaissance
L'artiste a remporté des prix et des récompenses
L'artiste participe à des salons et foires artistiques
Exerce le métier d'artiste à titre d'activité principale
Biographie
Né dans le nord de la France en 1955, Dominique Boucher s'est installé en Comminges (au pied des Pyrénées) vingt ans plus tard, pour ne plus en bouger. À ce point même casanier qu'il ne peint qu'en atelier.
1977 - Première complicité avec le stylo à bille… Apprentissage de la solitude, le soir dans une chambre de bonne, et ne désirant pas gaspiller ce temps précieux qu’est la vie ni laisser les heures tourner vainement en rond, Dominique Boucher prend ce qu’il a sous la main : un stylo à bille noir et une feuille de papier. Pas d’intention préméditée ni réelle « d’œuvrer », une simple envie de balader même pas des sensations mais des formes qui lui viennent comme ça, de la mémoire à la main… puis suite aux formes, des pensées… puis suite aux pensées, des idées… des nuits et des nuits durant, des mois, des années d’apprentissage du dessin au stylo à bille à la peinture au stylo à bille.
2004 - Inscription à La Maison des Artistes… Salarié dans la même entreprise depuis 1983, Dominique Boucher est licencié économique en 2004. Un choix se présente alors, donc une décision importante et longtemps remise : retrouver un travail, ou franchir le pas et tenter de vivre de sa peinture. Courte réflexion, il s’inscrit à la Maison des Artistes afin d’avoir une couverture sociale et de pouvoir exercer sa peinture au grand jour.
2006 - Peinture acrylique… Parce que la technique de la peinture au stylo à bille est un exercice long et délicat (compter environ 300 heures pour un format A4), qui ne lui permet pas la création de plus d’une dizaine de tableaux par an, et pour vouloir traiter d’autres sujets, d’autres atmosphères et des formats plus grands, Dominique Boucher apprend en autodidacte la peinture acrylique, tel qu’il l’avait fait pour la peinture au stylo à bille.
2007 - Ouverture de son atelier-Galerie… Le rendez-vous du peintre et du public se fait par les expositions ponctuelles du travail du premier, rencontre plus ou moins mise en scène dans des espaces dédiés et parfois hors des murs sacralisés. Au-delà de ces moments privilégiés, versant peu ou prou dans le cérémonial, voire une certaine solennité, Dominique Boucher souhaitait que son travail puisse s'épanouir également dans sa relation au public et au quotidien, au cours de sa réalisation. Pour cela, il a ouvert son atelier au public, travaillant sous ses yeux, et surtout répondant à ses interrogations. Entre ces publics et lui s'instaure souvent un dialogue, sur la technique, sur la genèse d'une œuvre, son historique, son parti-pris. L'échange permanent entre les deux parties, peintre et public, a ceci de particulier qu'il sensibilise le public à la peinture, l'initie, le motive parfois pour passer à l'acte de faire en se mettant à son propre chevalet. Quelle plus éminente « mission » que celle d'éveiller la conscience créatrice du quidam ?
2014 - Fermeture de l’atelier-Galerie et retour à son atelier personnel, jusqu'au jour d'aujourd'hui (mai 2025)…
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Nationalité:
FRANCE
- Date de naissance : 1955
- Domaines artistiques: Œuvres d’artistes professionnels,
- Groupes: Artiste professionnel Artistes Contemporains Français

Evénements artistiques en cours et à venir
Influences
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Cote de l'artiste certifiée
Accomplissements
Prix et récompenses
Expositions collectives
Expositions solo
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S'il ne s'agissait que de montrer, et de regarder ? …
Exposer n’est pas une finalité, mais parfois une nécessité, et souvent un plaisir.
Peindre avec l’unique but de montrer serait courir le risque d’une peinture dévoyée par l'encombrant désir de séduire et de plaire.
Et parce qu'il faut bien tordre le cou à la rumeur, laquelle prétend que l'artiste vit d'amour et d'eau fraîche, exposer devient nécessité, ne serait-ce que pour renouveler le matériel, sans parler des besoins quotidiens.
Le plaisir certain des honneurs de la cimaise n’en demeure pas moins difficile à vivre. Étrange sensation, dosage diabolique d’euphorie et de peur, de fierté et d’humilité, d’affirmation et d’incertitude, l’étalage de son travail n’est guère un acte ordinaire. Peut-être est-il la preuve tangible de l’existence de ce travail, et celle du peintre. Peut-être, ainsi que d’aucuns l’affirment, l’univers pictural du peintre n’a-t-il de réalité qu’à la condition de sortir de l’atelier. Peut-être ont-ils raison, tous ceux-là qui voient dans la multiplication des expositions réalisées par le peintre sa crédibilité, son sérieux, son importance. Je continue pour ma part de penser que ma peinture ne puise pas dans les yeux du public sa légitimité, juges et critiques, aimables ou sévères, avertis ou s’initiant.
La rencontre, l’échange, le regard du public n’est pas une sanction, castratrice ou honorifique, mais une oreille que l’on souhaite attentive, une parole en retour, une main ouverte et tendue, qui accompagnent dans son cheminement solitaire le peintre…
Dominique Boucher - Octobre 2008
Peindre …
… C'est mentir résolument. Me mentir à moi-même, avec sincérité. Avec innocence. Juste pour dire, pour suggérer comme avérés des instants d'une vie qui ne l'est pas, vraie, pas encore, pas tout à fait, presque sur le point de basculer sur le possible. Peindre figuratif, c'est peindre au figuré. Ne dire que les contours d'une pensée, puis d'une autre, d'une vision, puis d'une autre, pour que l'œil offre à l'esprit de se perdre en conjecture.
Ce qui est donné à voir est peut-être de moindre importance que ce qui ne figure pas sur la toile, dans l'image. Il ne s'agit guère de visible ou d'invisible, mais d'apparence versant vers une vraisemblance. C'est-à-dire que les images que le peintre propose comme étant autant d'instants de vies romancées sont aussi bien des instants de la vie en vrai. Et inversement. C'est-à-dire que la vie vraie parfois prend des allures d'une vie romancée. Pas de préméditation, pas de perspectives réfléchies. Mais faire parler l’imaginaire. Parce qu’il est impossible de croire qu'il n'y ait pas autre chose au-delà, sous les pourtours monocordes de la vie… Et ceux tout en couleurs de la toile…
Dominique Boucher - Octobre 2008
La peinture à l’acrylique…
Y avait-il une réelle nécessité de peindre à l’acrylique, après plus d’un quart de siècle consacré au stylo à bille ?
Quelles parts l’inconscient et le réfléchi se sont disputés puis accordés l’un l’autre quant à la décision de me confronter à une nouvelle technique picturale.
Lorsque le carrefour s’est présenté sur mon cheminement de peintre, le principe de réalité a imposé la direction. La peinture au stylo à bille, si primordiale soit-elle à ma création, ne pouvait à elle seule nous nourrir, ma famille et moi. Ne pas se leurrer : quels que soient la ferveur, l’imagination et le volume de travail, je ne peux créer plus d’une dizaine de tableaux par an avec mes stylos, tant la technique mange le temps.
Ma peinture franchissant de plus en plus souvent les portes de l’atelier, sollicitée notamment par des galeries, qui poussaient à davantage de professionnalisme de ma part… si je voulais avoir ma place sous leurs cimaises, je devais pour le moins en passer par certains codes incontournables : la toile, les pigments, les pinceaux… comme si l’outil faisait le peintre…
Quelques amateurs de ma peinture hésitaient encore, la défiance face au médium ; que je franchisse le pas et ils passaient à l’acte…
La pression était donc devenue forte.
Était-ce si dégradant que cela d’accepter de faire mes preuves ? Avais-je à ce point le besoin à mes propres yeux d’être aux yeux de l’autre reconnu comme peintre à part entière, auréolé de sa panoplie ?
Et pourtant au-delà de cet argumentaire matérialiste, confondant, depuis quelques temps déjà l’envie d’explorer d’autres univers et d’autres formats avait fait surface, latente mais tenace.
L’atelier ouvert au public me fait endosser un rôle auquel je ne m’étais ni attendu ni préparé mais que j’accepte volontiers : peintre public, comme on dit écrivain public. Se mettre au service de personnes ayant un projet pictural en tête, bien en peine de le réaliser eux-mêmes. En exemple : une dame entre un jour à l’atelier, bout de papier à la main ; griffonnés, cinq adjectifs, significatifs de la personnalité de son filleul… Pouvez-vous me faire un portrait « psychologique » à partir de ces mots ?
Ou bien une autre qui me présente les photos d’une vingtaine de personnes et qui désire une composition faisant apparaître uniquement les regards…
Ou encore mettre en scène le texte d’une chanson de Brel, non pas illustré la chanson, mais permettre la lecture du texte dans une composition à la manière d’une nature morte…
Ou enfin transposer la Cène de Léonard de Vinci dans un décor de bar, ambiance nocturne et mafieuse, embrumée, alcoolisée, où apôtres et Jésus sont remplacés par les membres d’un club d’échec…
Bref ! des défis auxquels je ne peux renoncer, parce que justement ils sont des défis à relever.
Un travail qui laisse peu de place à mon univers personnel, mais qui a contrario l’enrichit, lui donne plus de vigueur lorsque je reviens vers lui… pour l’attraper d’un regard neuf.
Dominique Boucher - Juillet 2007
La peinture au Stylo à Bille…
En bon gaulois, d’aucuns diraient : Il est tombé dedans étant petit… Je n’aurais quant à moi aucune certitude ni sentiment rationnel. C’est comme être possédé par quelque démon, que je souhaite secrètement de la meilleure espèce. Percevoir quelque irrévérence ou mépris dans la remarque serait simplement ne pas comprendre que l’inexplicable l’est : inexprimable.
En revanche, dire les raisons qui m’ont lié d’un profond attachement à la peinture au stylo à bille puis convaincu que ce médium est le plus à même de traduire mon univers pictural est chose possible, sinon utile à un commencement de compréhension de mon acte de peindre. Ne voyez pas de contradiction avec ce qui est dit plus haut, rien n’est monolithique, tout s’imbrique, ou peu s’en faut.
En fait je crois que « ça » a commencé au lycée. Et comme dans bien d’autres cas, c’était déjà par la force des choses. L’humeur des professeurs n’étant guère à la bagatelle, leur sacerdoce n’eût pas permis que l’un de leurs jean-foutre débarquât en cours armes à la main. J’ai donc fait avec ce que j’avais sous cette main, sans préméditation ni intention. Comme ça, et guère mieux que des milliers de têtes blondes avant moi qui, tentant de déjouer le complot de l’ennui, ont traîné la bille de leur stylo d’un carreau à l’autre d’une feuille de copie. Ainsi l’habitude fut vite prise de soupirer par bille interposée, car il ne s’agissait que de cela : implorer le ciel que l’existence prît enfin un sens.
Mais je ne savais pas encore la place que mes billes allaient prendre dans mon processus de création.
Je crois bien que c’était au cours de ma dix-septième année, peut-être la dix-huitième… Ma première œuvre. Quelques tubes de couleurs et un ou deux pinceaux, du papier Kraft. Mon pendu. Mes vrais premiers pas en peinture, comme un frisson avant-coureur… bien que franchis sans réelle volonté artistique. Un exutoire au mal être.
De ce dérivatif il fallait bâtir un acte réfléchi, ou bien renoncer. Si l’acte de créer permet d’être, il ne peut se faire par actes manqués interposés, par nonchalance ou mélancolie. Ce doit être un acte volontaire, fort, visionnaire. Dans le cas contraire, renoncer.
Impossible…
Car la découverte de ce nouveau langage m’éloignait, d’autant mieux que j’allais l’explorer, le triturer, le maîtriser, de cette terre grasse et souillée qui m’était promise.
Le stylo à bille me permettait somme toute de peindre quand mes moyens précaires suffisaient à peine au quotidien. Quelques stylos et une feuille de Bristol faisaient mon bonheur de peintre en herbe, à tout moment et en tout lieu, pour des esquisses, des croquis. Mais très vite la représentation de mon univers intérieur, pour être fidèle à mes visions, nécessitait d'élaborer la technique, de l'inventer, de l'apprivoiser, de la plier à ma main, et toutes ces années d'apprentissage ont permis le domptage de mes billes. Usant certaines sur de vieux bouts de papier afin de les amollir, de les arrondir plus encore pour une glisse parfaite sur le Bristol. Toutes ces années à chercher les meilleurs angles à donner à la bille, trouver la pression idéale à exercer sur elle et obtenir une multitude de teintes aux couleurs. Toutes ces années de pratique de la trame, de l'agencement des couleurs, à comprendre leurs superpositions, leur coexistence… Il y allait de ma palette, la construire à partir des trois primaires, du noir, et le blanc du papier.
Raison prosaïque à l'origine, certes, mais les années de travail, de création m'ont enchaîné à la technique, à mes stylos, bel et bien pris par le Syndrome de Stockholm. Oubliées les contraintes de la technique ! Enchaîné à elle pour le meilleur et le pire, la peinture, l'acte de peindre, désormais, ne pouvait se concevoir autrement qu'avec des stylos. Les aimer, ces merveilleux stylos, pour être le simple prolongement de ma main, souples, maniables, pour m'obliger à la précision, à la rigueur, à la réflexion, à la vision globale du tableau avant même de l'avoir commencé, parce que l'erreur est interdite, parce que je ne peux ni revenir sur un trait ni l'effacer. Les aimer parce qu'ils font de ma peinture comme de ma vie une obligation de bonheur dans la sagesse. Mais aussi les haïr, ces satanés stylos, parce que m'obligeant à la lenteur, au trait après trait, couche sur couche, ils m'interdisent de brûler les étapes, de composer d'immenses fresques, des milliers de tableaux, tronquant, mutilant par là même ce que pourrait être, ce que je voudrais que soit mon œuvre. Les haïr, parce qu'ils ne donnent ni à ma peinture ni à ma vie du temps au temps, les haïr pour la raison certaine que les caprices et les exigences de leur usage m'empêcheront d'atteindre la fin de ma vie sans avoir pu faire le tour de ma peinture.
À cet amour/haine je me suis exclusivement donné pendant 25 ans.
À première vue, l'usage du stylo à bille est réservé à l'écriture. Devoirs d'écoliers. Thèses d'étudiants. Déclarations d'impôt. Réclamations auprès d'administrations. Lettre d’amitié ou billet d'amour, avant tout. Pour autant, le stylo à bille se révèle un excellent pinceau... dans la main de qui a fait l’apprentissage du trait et de la patience.
Pour un coût quasi équivalent au pain quotidien, la peinture au stylo à bille permet à la fois une expression immédiate et spontanée sur un coin de table, et une création beaucoup plus élaborée dans le calme de l'atelier. A priori, tous les formats sont envisageables, du plus petit au plus grand. Mais par expérience personnelle, et pour avoir réalisé une œuvre de 195 cm x 50 cm, nécessitant environ 2000 heures de travail, je crois préférable de débuter par des formats plus raisonnables afin de « se faire la main », et de voir assez rapidement l'aboutissement de son travail. Car qu'existe-t-il de plus décourageant pour un apprenti non encore atteint par la passion que de ne pas aboutir dans un temps raisonnable et satisfait de son travail ?
La peinture au stylo à bille demande, certes de la patience, je n'insisterai jamais assez sur ce point, mais aussi le contrôle total du trait et de la couleur. Aussi faut-il, avant d'entreprendre une œuvre, l'avoir bien en tête, en avoir longuement réfléchi chaque élément, de la perspective au moindre relief, des ombres à la lumière, avoir suffisamment travaillé l'esquisse, être certain des couleurs finales avant même de commencer à les appliquer.
L'encre du stylo à bille possède cette particularité de ne pas s'effacer, sinon par grattage, or solution à bannir : le support n’y survit pas. Un trait maladroit ou une couleur non conforme à l'idée que l'on en avait, et tout le travail est à recommencer (sauf à accepter de s’en remettre au hasard…). Autre particularité de cette encre : elle bave tout autant qu’un sympathique canin. Que la bavure survienne, là encore tout est à refaire. Pas de découragement, sans cesse remettre sur le métier l’ouvrage.
On peut dire que peindre au stylo à bille, c’est peindre tout en glacis. On ne mélange pas les couleurs, on les superpose, couche après couche. Chaque couleur est elle-même un aplat de couches successives de traits, horizontaux, verticaux, diagonaux. Une couleur « définitive » peut être obtenue par la superposition de quatre, cinq (voire davantage) couleurs ; je vous laisse imaginer le nombre de traits par centimètre carré peint…
En pointant du doigt cette procédure de la couleur, qu’il soit bien entendu que je ne cherche ni à élever la peinture au stylo à bille au rang de performance ni à rebuter qui veut s’y essayer. Je mets simplement l’accent sur l’état d’esprit avec lequel aborder la technique : rigueur, humilité, persévérance… une autre manière de dire la chose : ferveur.
Bien que cela ne lui soit pas exclusif, ce médium nécessite un travail soigné, minutieux, et un environnement des plus propres. Je m'explique. L'encre du stylo à bille ne s'étale parfaitement que sur un support sain et lisse, n'appréciant nullement les traces de gomme malencontreuses et les corps gras, ou encore la sueur et les traces déposées par les doigts sur le papier. D'où l'importance de travailler toujours avec un sous-main posé sur la feuille de dessin, et surtout de se laver régulièrement les mains. Détail trivial s’il en est, mais d’une importance capitale.
Le dernier point abordé sera le support. Je n’en ai à ce jour pas trouvé de meilleur que le Bristol ; un papier fort, épais, dur, lisse, d’un blanc lumineux, sur lequel la pointe bille révèle toutes ses capacités et les couleurs s’en donnent à cœur joie.
Si l’on parle exclusivement de la technique, il existe d’innombrables références sur lesquelles s’appuyer dans son apprentissage d’un médium ; l’enseignement dans quelque école ou auprès d’un maître, les œuvres de visu (musées, galeries, ateliers), la rencontre et l’échange avec les peintres, en dernier recours toute une bibliographie de la plus pointue à la plus vulgarisatrice. Mais s’agissant de la peinture au stylo à bille, point. Pas à ma connaissance en tout cas. J’ai vu quelques œuvres réalisées avec ce médium, cependant et quelle que soit leur qualité, je les range davantage dans la catégorie dessin. Ceci revient à dire que l’apprentissage de cette technique picturale se fait dans la solitude de sa propre volonté.
Naturellement chaque technique possède ses exigences, ses points forts et ses faiblesses, ses particularités. La peinture au stylo à bille porte en elle le grand « défaut » de paraître aux yeux du profane comme à ceux de l’amateur impersonnelle et éphémère dans sa constitution.
S’ils savaient !
Mon univers pictural puise toute son expression et sa force dans le « rendu photographique » qu’autorise cette technique. Jouer de cette « tromperie » pour accrocher mon esprit, mon regard, mon besoin d’entrer et de comprendre « l’image », de l’interpréter… Être l’initiateur du détournement de réalité. Être le responsable du chambardement. Être coupable du crime de lèse-réalité.
Embarquer le regard du public sur le rivage de ce qu’il prend pour « instantané ». Prendre en otage son esprit par abus de confiance et l’amener à trouver une sortie possible…
Dominique Boucher - mai 2003
Exposition Galerie 63th Avenue
Lherm - 31600
Au " 63th AVENUE " , Galerie d'art et design, située au 63 bis avenue de Toulouse, 31600 LHERM, exposition de 72 œuvres, dont 28 réalisées au stylo à bille sur une période allant de 1990 à 2001 (laps de temps permettant de remarquer l'évolution de la technique, et de proposer quelques-unes encore vierges de toute exposition. Pour la première fois également est exposée la série intitulée " Le vieil homme et l'amer "….
VERNISSAGE SAMEDI 12 juillet à 19 h 00, et vous y serez les bienvenus. L'exposition s'achèvera le 27 septembre 2025.
Dépêche-toi de peindre, ou dépêche-toi de mourir…
On ne peut pas dire que Dominique Boucher est né un stylo bille à la main, mais aussi loin qu'il se souvienne il a toujours eu un stylo à portée de main, pour y gribouiller d'abord, puis mettre en forme et en couleur les quelques visions d'un monde maladivement intériorisé.
Dominique Boucher est peintre… enfin il a la prétention de s'élever au rang de peintre; statut qui lui est fréquemment dénié, y compris par ses pairs, pour la raison que ses outils de travail ne sont ni des pinceaux, ni des tubes de couleurs, ni des toiles, mais de simples stylos à bille. Donc, il est peintre… amateur, dans le sens où il ne vit pas (pas encore) de sa peinture (bien que - et malgré les indispositions innées dont il souffre : l'hypocondrie, la claustrophobie, l'agoraphobie, le vertige des hauteurs comme celui des profondeurs - il pratique quotidiennement.
Dominique Boucher ne peint pas pour vivre, mais il vit pour peindre (d'aucuns penseront sans doute à un exercice de style, à un plaisir de manier les mots… à ceux-là il leur assure qu'il n'en est rien). Pour lui, l'acte de peindre n'est ni un loisir, ni un passe-temps, encore moins une profession… mais un sens donné à sa vie. Un acte débordant de sincérité, de conviction, d'honnêteté… cet artiste veut que sa peinture sache se montrer capable de raison, au sens où elle est la cause ou le motif légitime d'une pensée, d'une humeur, d'une récréation… la recherche du beau, l'intention de communiquer, le geste simple d'un plaisir personnel. Puisque pour ce peintre, il serait inconcevable, sans aucun doute inconvenant de proposer au public un travail bâclé, un premier jet, une chsoe sans ambition personnelle et artistique.
Ainsi, de tableau en tableau, Dominique Boucher tente de mettre en relation la réalité des choses avec l'imaginaire de l'homme (qu'il est), le prosaôisme du quotidien avec la poésie de la pensée (ou l'inverse), et pour s'exprimer pleinement sa peinture avait le besoin d'une technique interdisant toute précipitationn, obligeant à la prudence et à la réflexion. Le stylo bille excluant tout repentir, chaque composition exige une absolue maîtrise de soi et proscrit l'improvisation. Comme pour sa vie, cet homme désire faire de sa peinture, et à chaque seconde, un geste réfléchi… avec l'humaine prétention (ou la naôive illusion) que le jour viendra où sa peinture sera, et pour ce qu'elle est, la belle raison qui lui ait été donné de vivre.