Claire-Sophie Dussart

Faire le Portrait d'une étoile

Pour faire le portrait d’une Etoile, il faut une feuille et un crayon. Puis, la tête dans les Etoiles, choisir la sienne. Etre attentif, il faut savoir attendre. Etre patient. Et lorsque votre regard croise le sien, alors il n’y a plus de doute possible : c’est elle et nulle autre. Ensuite commence un long travail d’observation : il faut l’apprivoiser, apprendre à la connaître. Observer et non plus regarder. La pénétrer du regard et non pas glisser sur ses contours. Essayer de comprendre, de la comprendre car chaque Etoile a son histoire qui lui est propre. Comprendre quelles ont été ses souffrances, ses peines, ses joies et ses déceptions car tout se lit. Et plus l’Etoile est ancienne, plus de choses elle a à dire et à raconter. Elle n’en est que plus intéressante. On s’enrichit à son contact. Une émotion passe. Une étoile plus jeune, plus belle peut-être donne une impression de vide qui déçoit un peu. Il faut la laisser vivre et mûrir. On pourra la retrouver mais plus tard.
Une fois bien apprivoisée, prenez votre crayon et essayer de la reproduire sur le papier. Passé le stade du bon positionnement de l’Etoile par rapport à la feuille, ni trop en haut à droite, ni trop en bas à gauche, travail pénible car mathématique, arrive le stade si passionnant de la reproduction de l’Etoile. Il faut arriver à la ressemblance la plus parfaite car il faut respecter l’Etoile, c’est elle et pas une autre !
Nos regards se croisent , se parlent et s’interrogent. Si on utilise une gomme, c’est que l’on n’a pas suffisamment observé, pas suffisamment compris l’Etoile.
Enfin l’apogée découle de cette si spéciale relation : d’âme à âme on correspond. C’est si envoûtant que plus rien au monde n’existe : juste elle et moi. On se comprend car on a appris à se connaître. Le portrait est là, ressemblant et vivant mais jamais achevé car il y aurait encore tant à dire. Mais il est temps de passer à une autre Etoile. Il y en a des milliers d’autres, toutes différentes. Encore bien des coups de cœur à venir. Toujours cet envoûtement quand on a perçu dans le regard de l’autre cette petite étoile au fond des yeux.