Added Mar 29, 2007
L’invention de la perspective conduit à penser que l’Homme, avec un grand H, n’est plus alors le même.
Ainsi le tableau de Vélasquez, les Ménines, modifie la place du peintre, la place du sculpteur, la place surtout du Roi et du pouvoir, lequel devient une fiction dans le miroir situé au centre du tableau.
Si le pourvoir se perd dans la fiction, la vision se perd aussi dans ces points de vue, dans le tableau : la vue se place ainsi dans un espace non visuel.
Pourrait-on penser que cet espace non visuel, que cette perte de la vue dans tout tableau, conduirait à une autre forme de l’Amour que celle que les mystiques pourraient nous enseigner, à savoir : cet Amour d’un corps dans son absence même.
N’est-ce pas la perte du corps de celui qui regarde le tableau qui le fait différent à lui-même, qui lui fait ressentir que l’homme n’est plus alors ce qu’il croit être dans l’illusion habituelle que son image lui révèle, et que son Moi et son narcissisme soutiennent.
C’est pourquoi l’Art non figuratif, qui ne renvoit pas le spectateur à sa prorpre image, prend tant de force dans le travail que nous présente Sébastien Cé, que se soit dans sa peinture et plus encore dans ses sculptures.
Michel de Certeau nous dit : « Le peintre crée un lieu où l’homme peut se perdre, peut s’égarer, se perdre à soi-même, se perdre en son propre ».
C’est pourquoi l’Art de Sébastien Cé est au plus près de cet énnoncé.
P. Bagarry