Se (dé)saisir, 6/9. (2016) Photography by Virginie Boutin

Seller Virginie Boutin

Artwork signed by the artist
Certificate of Authenticity included
  • Limited Edition (#8/10) Photography, Digital Photography on Paper
  • Dimensions Height 15.8in, Width 23.6in
  • Artwork's condition The artwork is in perfect condition
  • Framing This artwork is not framed
  • Categories Surrealism
Quoi que je fasse, c’est toujours depuis moi que j’appréhende les autres et le réel. Je suis un territoire de part en part, dont les autres sont exilés. De mon monde, ils perçoivent les contours que délimite mon image, tandis que moi, depuis mes coulisses, je ne me vois pas. Je suis une scène qui m’est invisible bien que j’y joue le premier rôle. 
Quoi que je fasse, c’est toujours depuis moi que j’appréhende les autres et le réel. Je suis un territoire de part en part, dont les autres sont exilés. De mon monde, ils perçoivent les contours que délimite mon image, tandis que moi, depuis mes coulisses, je ne me vois pas. Je suis une scène qui m’est invisible bien que j’y joue le premier rôle. 

Recluse à l’intérieur et captive de l’image qu’il projette à l’extérieur, j’observe les yeux des autres qui sont autant de projecteurs braqués sur moi. Sous leur faisceau lumineux, je deviens un pur objet. Ainsi chosifiée, je me regarde à travers leurs yeux. Que voient-ils de moi ? Que montre-t-on de soi ? Que cache-t-on ? Qu’est-ce qui est rendu visible ? 

La pensée investit alors le devant de la scène. Puisque je pense ce corps que j’ai, je ne suis pas que mon corps. Or, bien qu’elle le surplombe, la tête c’est encore et toujours du corps, ce pourquoi la pensée est incapable de se quitter, inapte à ne plus penser. La pensée ne sait faire que penser, si bien qu’elle identifie le réel à elle-même et finit par le faire penser malgré « lui », en lui prêtant une intention, un sens, dont il est pourtant dépourvu. 

La pensée est l’espace où nous sommes au monde et d’où nous le projetons – un entre-monde – ce pourquoi elle n’est jamais au réel sans en être tout à fait hors, sur le bord, entre le corps et le dehors, à mi-lieu des deux bien qu’au milieu de nulle part, comme le point de fuite où s’artificialise leur rapport. 

La figure du double ou du dédoublement de soi se situe dans cet interstice et s’inscrit dans cette complexité, laquelle se rapporte, au sens propre, à ce qui est tissé ensemble. Car la réalité de la pensée est d’incorporer le réel. 

Ces double-portraits font apparaître la distance de soi à soi au fondement de la réflexivité, ce dédoublement nécessaire au dialogue de la pensée avec elle-même à l’endroit de son corps dont elle ne peut se défaire, exposé au regard de l’autre et en prise avec le réel. Le dédoublement est ici un miroir renversant le dualisme entre le corps et la pensée, car il n’y a pas de pensée sans corps ni de corps sans pensée.

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Virginie Boutin is a French photographer and writer linked to the movement of visual photography. She defines herself as an “artist-essayist” whose thoughts are the object of reflection. During artist residencies,[...]

Virginie Boutin is a French photographer and writer linked to the movement of visual photography. She defines herself as an “artist-essayist” whose thoughts are the object of reflection. During artist residencies, she carries out visual research and creates photographic stagings, focusing on photographing without a subject. In her work, she tries to represent thought, in order to make it perceptible. She defines her approach as follows: “ My work does not consist of representing reality but of representing thought within reality . » She creates, from the most improbable heterogeneous materials, images which are sensitive concepts seeking to show the reflective process. The image shapes and translates the abstraction of ideas. His aesthetic research is inseparable from writing. In 2008, she published in the collection “Philosophical Ouverture” at Éditions L'Harmattan an essay entitled Petite scenologie de lathough: Experiment on human idiopathy , in which she tries to stage thought as an art of making the world thinkable . She also collaborates with several academic journals, notably the journal Plastir , in which she published in 2014 under the title Pensoir de Pocket, Fragments of a Thought at Work, the first part of her working notes, which she defines as a “ manifesto for an art of thinking . »

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