Vincent Debats

Démarche...

Ma façon de voir...

Enfant, ma mère nous proposait un jeu qui consistait à dessiner le monde tel qu'il sera, tel que nous
le rêvions.
Mes sœurs et moi passions l'après-midi à inventer ce qui sera peut-être.
En fait, je pense que je n'ai jamais cessé de jouer à ce jeu.

A partir d'un chaos apparent, des tâches, des traces, j'aime y faire apparaître ce que j'y vois, je les trafique, je les fais mentir, et aussi je sais les laisser tranquille.
A un moment donné, je n'arrivais plus à dessiner, la page blanche était trop remplie déjà.
Je suis passé par l'accident pour pouvoir continuer.

Tout part d'un ensemble de feuilles sur la table. ( 6, 9, 12, 15, 18 ça dépend de ma forme et de la
place que j'ai.)
Je commence sans savoir trop où je vais, ça dessine, ça peint, ça brûle, ça agit...
Puis je reprends tout ça à froid et ça peut durer des semaines, des mois.
C'est un travail lent, il faut laisser venir, il faut être dans l'instant, c'est souvent au petit matin avec
mon café, lorsque les rêves sont encore là et que le réel apparaît petit à petit.
C'est un long travail d'observation de ce que me dit la tâche, la trace ou la brûlure et la question
essentiel que je me pose est : « qu'est ce que j'en fais ? »

Mais des fois c'est vite et mal.
De là naît un vocabulaire graphique que j'affectionne, proche de la bande dessinée, Des sortes de
« poèmes dessinés », là où il était encore question de sensibilité, de l'homme fragile.
Le rapport à la vie tout simplement. C'est là et maintenant, sans rien savoir, sans dénoncer. Ce n'est
pas le bon endroit. Les images naissent sous vos yeux et ce qui n'était rien prends sens, je ne peux
pas vous l'expliquer.
Une lune, un petit personnage qui marche, des gens qui soufflent, d'autres qui crient, des visages,
des figures, des choses drôles, d'autres pas du tout, des choses proche, d'autres tout au loin.
Dans mes mondes les poissons sont souvent dans le ciel et j'aime bien ça.
Dans mes mondes il y a des girafes et des trous noirs, c'est comme ça.
Dans mes mondes, ce n'est pas sérieux, à vous de faire la promenade.

« Dessiner, ce n'est pas se prendre la tête dans les mains, devant une feuille blanche, en se
demandant ce que l'on va faire. Dessiner, c'est marcher dans la rue et regarder la vie. Un artiste c'est fait pour user ses chaussures. » Folon.


Vincent Debats