Thierry Faure Image de profil

Thierry Faure

Retour à la liste Ajouté le 25 nov. 2010

Mon histoire

1977, tout va mal : santé, boulot, finances, sommeil, Odile m'a simplement dit : "Tu devrais te remettre à la peinture."
Très jeune, j'avais dessiné mes rêves de cirque, et au lycée, je couvrais mes cahiers de classe de chevaux.
Je repris donc plumes et pinceaux tous les soirs. Uniquement des chevaux, je les élevais et les dressais aussi. A la même époque, Odile avait ouvert une ferme auberge que j'approvisionnais en volailles nourries avec les restes des écuries.
Enfin, 36 heures par semaine, j'enseignais hippologie, Français et mathématiques dans un lycée agricole, la seule période durant laquelle j'ai travaillé en classe.
En 1987 le proviseur de ce lycée me dit simplement :"j'ai vu votre dernière exposition, je sens que vous allez bientôt nous quitter" m'évitant ainsi les contorsions et effets d'annonce, j'arrêtais simultanément l'enseignement, les volailles et la ferme auberge.
De 1987 à1998 je fus ce peintre "pro" campagnard tiraillé entre chevaux et chiens dont certains, allégoriques, furent, peut-être, plus amusants que leurs modèles humains.
J'y gagnai l'étiquette un peu collante de peintre animalier, et vivais de ma peinture.
Dés 1987 j'ai exposé en Grande-Bretagne, puis un long séjour en 1992 sur le big Island à Hawaï ou j'ai même joué au cow-boy et mangé mes premières huîtres de montagne.
A partir de1995, j'ai exposé régulièrement en Irlande : Galway, Drogheda et Dublin, encore des chevaux, puis de la musique à partir de 1999. J'ai même joué de la trompette et de la clarinette dans des pubs (La guiness rend indulgent…).
Finie la thérapie, la peinture était devenue un métier, une sorte de routine artisanale.
Un jour d'été 1998, à Galway en Irlande, je m'ennuyais ferme dans une exposition ou ne passait pas un chat…..si un seul, qui l'année suivante me prenait 65 aquarelles pour un hôtel Radisson. Bref, pour occuper cette exposition momentanément ratée, j'écrivais et me demandais ce que je fichais là et pourquoi ?
Point de départ : ma caverne et ses murs décorés de mes fantasmes équestres : Stade thérapeutique de la peinture.
Puis la peinture est devenue un métier vécu comme une aimable anecdote englobant tous les thèmes équestres : courses, haras, chasse à courre, cirque etc… un jardin agréable, abrité du vent et des modes, une prison dorée ou je ronronnais.
En 1998, je pris enfin conscience des barreaux (en chocolat) de ma prison, les croquai et me sauvai, élargissant mon horizon de peintre : musique et danse, et enfin l'abstrait. Je plongeai dans la peinture à l'huile, peinturluré des pieds aux cheveux, j'en mettais partout.
J'avais surtout compris que le sujet n'est qu'un cintre sur le quel on étend ce bel habit qu'est la peinture.
Combien de fois m'a-on demandé "qu'est ce que vous peignez ?"
- Je peins, c'est tout. Tout n'est pas rien, tout, c'est l'harmonie universelle, le couronnement de l'art, la prière la plus sincère.
On peut ne peindre que pour peindre, et j'ai commencé à vivre pour la peinture.
Je rejoignais enfin l'abstrait, et l'impression d'avoir accompagné 50 000 ans de peinture jusqu'à sauter en plein ciel comme un bouchon, des bouts de nuages dans les sourcils et dans les cheveux. Enfin libre…oui ?
Difficile de demeurer dans les nuages, une petite faim ou une grosse soif, pas un bistrot dans le coin. Je veux me rouler dans l'herbe, sentir le plancher des vaches et le parfum des écuries, l'abstrait c'est bien, les chevaux, ça n'est pas mal non plus.
J'ai vécu la peinture-thérapie puis la peinture"bred and butter",, j'ai enfin accroché la "peinture-passion", le stade jubilatoire ou la peinture, parfaitement inutile, devient absolument indispensable.
Mais l'horizon s'obscurcit, l'humain a la bougeotte, quoi au-delà de l'abstraction ? Et le peintre se mit à penser : l art conceptuel, le morveux hargneux, était né "on va gêner, agresser par la dérision, choquer tous ces abrutis pour qu ils se remettent en question.".
Nos routes se séparent ici, la peinture n'est affaire ni de raisonnement ni de raisonneur.
Mon chemin suit les abstraits, les expressionnistes et tous ceux en quête d'harmonie dont nous avons recueilli la notion en héritage, lequel peut être accepté ou refusé, mais renié ? Jamais..
Je refuse ce nihilisme moralisateur prôné par l art conceptuel. " Il faut que ça pète ": Le néant.
. Mais rien ne peut naître du néant.

T.F.

Artmajeur

Recevez notre lettre d'information pour les amateurs d'art et les collectionneurs