Ajouté le 15 juil. 2019
Les 1000 Maux du Pantagruellisme.
Il n’est point d’art sans souffrance ni de souffrance sans art.
J'ai franchi les frontières de l’abîme et je m'y suis enfoncé. En ces lieux sans couleurs, sans émotions, sans compromis ni quiproquo et sans état d’âme j'ai réussi à trouver la lumière naissante de l’obscurité. Je suis parti à la recherche de la bête immonde qui s'est rendue maîtresse de nos pensées et de nos âmes et je l'ai retranscrite afin qu'elle sorte au grand jour sous les yeux de l’Humanité.
J'ai brisé les chaînes du conformisme et du bon goût afin que tous puissent assister à l’Aurore du Pantagruellisme. J’ai affronté les vagues de l'académisme et de la conscience afin de devenir le vecteur mouvant de l’éternité immobile.
J'ai déchaîné les enfers et j'ai prouvé l’inutilité du mot Impossible. Je me suis libéré du démon du ressenti et de l'angoisse et j'ai atteint la perfection dans l'art de la négation de mon moi profond.
Je me suis émancipé de ce monde sans saveur ni intérêt et j'ai bâti le mien : je suis maître chez moi et Dieu en mon royaume.
J'ai provoqué l’humanité en duel et je lui ai montré de force toutes les horreurs du monde afin de la purger de ses doutes et de ses fausses croyances et valeurs.
J'ai arraché de force les esprits à leur monde parfait pour les plonger dans le tourment et le chaos afin qu'ils deviennent les instruments de ma persévérance et de l'éternel renouveau.
J'ai agi de façon compulsive , par réflexe, j'ai choisi la spontanéité et le naturel que j'ai préféré au calcul et à la préméditation. C'est par cette froide bestialité, cette transe artistique, ce total engagement de soi dans le processus créatif et cette perte de Libre-arbitre que je suis parvenu paradoxalement a cette liberté de conscience et de sédition seule vectrice d’immortalité.
J'ai nourri mon art de mon sang et de ma sueur, de mon esprit et de mon âme. J'ai représenté les causes de mes tourments que j'ai emprisonné pour toujours dans l’obscurité.
J'ai assisté à la mort de l'Homme et de ses rêves, j'ai ressenti la douleur des faibles et des puissants.
J'ai perdu la vue sous un soleil de plomb et ma compassion dans la nuit noire.
J'ai tourné le dos à mon humanité car elle représentait un fardeau.
Je n'ai que faire du regard des sceptiques , mon art n'a pas pour vocation d'amuser la galerie mais de faire l'objet de critiques ou de louanges, d’oppositions ou d'acceptation fanatiques et irraisonnées.
J'ai cependant compris qu'il faut toujours savoir accepter quelques exceptions à nos propres règles que nous avons pourtant nous même construites afin de préserver notre intégrité psychique et somatique . Car c'est dans l’opposition permanente, la remise en question et l'incertitude qu'avance les individus libres et les explorateurs, les grands de ce monde n'ont pas le temps de se perdre dans la discussion stérile ni dans l'artifice.
Le Pantagruellisme est comme l’être humain moderne : dépendant de la technologie, incapable d’évoluer et de s’améliorer sans elle. Il est donc paradoxe et ambiguïté, biologique et mécanique, naturel et artificiel, bestial et robotique. Il a pour vocation de dépasser toujours plus loin les limites du temps , du corps et de l'esprit . Ce minimalisme , cette simplicité complexe m'ont permis de comprendre la place que nous occupons au sein des multitudes et des individualités. Car c'est avant tout dans la solitude et dans l'isolement qu'est né le Pantagruellisme, pas dans l’échange ni dans l'ouverture au monde qui n'est que corruption et dénaturation. Cette énergie je l'avais déjà au fond de moi, je n'ai eu qu’à la nourrir et à l'exploiter .
Je me suis appliqué à maîtriser tout ce sur quoi mon regard s'est porté, comme une nécessité vitale autant que comme un besoin psychique. J'ai brisé la barrière de verre séparant le sportif du guerrier, le barbare profane de l'artiste, le scientifique du mystique et du religieux et je les ai rassemblé afin de favoriser l’avènement d'un Homme nouveau.
L'art Pantagruelliste ne prétend en rien révolutionner quoi que se soit ni même en avoir la moindre intention, le Pantagruellisme n'a que faire de la reconnaissance des foules et des masses ces éternelles meurtrières, ces éternelles fautrices de troubles autodestructrices et inconstantes. Ce matériel humain que certains tantôt élus, tantôt maudits, tantôt choisis par la fatalité et la malchance ont du apprendre à manipuler comme autant de contraintes et d'entraves. Cette énumération de chiffres et de données qu'il a fallu à maintes reprises et qu'il faudra toujours maintenir dans un obscurantisme protecteur de ces grands ensembles criminels et indésirables aux comportements hypocrites et illogiques où je n'ai pu apercevoir et avec lesquelles je n'ai pu partager que les parcelles les plus ignobles de mon âme.
Ce que j'ai représenté est la mort d'un monde, c'est la promesse d'une fin inéluctable et impitoyable de ce que les sociétés humaines prennent pour immuable et éternel et la survivance de ce qu'elles veulent éradiquer, de ce qu'elles ont renié et de ce qu'elles ont oublié. Mais également la fin des rêves et la fatalité, le refus de la couleur et des vaines et naïves espérances qui ont aveuglé l'Homme et l'ont entraîné sur les chemins des mensonges et des fausses vérités, des secrets et de la désindividualisation par le brassage et par la négation des règles de la nature au profit des lois de l'Homme.
J'ai représenté par mes masques l'horreur qui se cache derrière les faux semblants et les sourires polis et inculqués et j'ai dénoncé les réflexes pavloviens de mes contemporains. L'Homme a besoin de fabriquer ses propres masques pour cacher toute la laideur qui sommeille en lui et qu'il peut éveiller à loisir une fois qu'il les a enfilé. Mes masques sont laids mais ils me sont toujours plus agréables à regarder que toutes les horreurs que j'ai put percevoir chez mes semblables.
Mes frères et mes sœurs marchez avec moi aux enfers et aux paradis. Vous bâtirez une ère nouvelle.
Thibault, Marc, André Béthencourt