Ajouté le 6 sept. 2020
Le Peintre spirituel.
Il considérait le papier blanc comme le grand univers de la non-existence. Un simple coup de pinceau y ferait naître l'existence. Il pouvait évoquer la pluie ou le vent à volonté mais, quoi qu'il dessinât, son cœur subsisterait à jamais dans le tableau. Si son cœur était corrompu, le tableau serait corrompu; si son cœur était agité, le tableau le serait aussi. S'il essayait de faire étalage de son adresse, impossible de le cacher. Le corps humain s'efface, mais l'encre survit. L'image de son cœur survivrait après que lui-même aurait disparu.
Il sentait que ses pensées le retenaient. Il était sur le point d'entrer dans le monde de la non-existence, de laisser son cœur parler seul, indépendamment de son ego, libéré de la touche personnelle de sa main. Il essayait d'être vide, attendant l'état sublime où son cœur s'exprimerait à l'unisson de l'univers.
-( Auteur oriental inconnu. )-
(PS : ici le « cœur » n’est pas nécessairement la partie affective de celui qui peint, il n’est pas fait état de sentimentalité, mais d’un lieu sensible et vivant comme étant le centre de l’être).