Pierre Pentchev explore la représentation de la figure jusqu’à, parfois, sa disparition. Par sa maîtrise du dessin et de la peinture, il rejoint ses pairs et prend place dans la longue filiation des artistes qui, depuis les débuts de l’humanité, questionnent l’Être et l’univers. Le dialogue qu’il instaure avec ses prédécesseurs, les liens qu’il établit avec le monde s’offrent à nous qui regardons ses œuvres. Pierre Pentchev sonde des mystères intemporels, le sujet s’estompe pour mieux capter la délicate et mystique énergie qu’il perçoit.
À la fin de l’année 2019, il a inauguré une série à la gouache sur papier qu’il poursuit activement. Son titre, « Apparition », évoque ce qui commence à être, à se manifester, à devenir visible. Comme surgies d’un passé lointain, des formes humaines aux contours ébauchés semblent s’extraire de fonds à la matière riche, où se mêlent les bleus du ciel, les verts de l’eau, les orangés du feu, signes d’un temps lointain où les hommes observaient le cosmos avec crainte et fascination. Ils parviennent enfin à s’extraire du magma primordial et viennent vers nous.
De cette gangue originelle, ces corps sans visage affleurent sur la surface peinte, un léger trait de gouache, plus foncé, en suggère les silhouettes, des blancs nuancés éclairent des postures à peine esquissées exaltant l’anatomie – genoux ployés, bras repliés, courbes soulignées par la rectitude d’une lance ou d’une canne. Pourtant nulle narration n’est imposée, la liberté du geste et de la forme est communicative, le spectateur absorbe avec émotion ces lointaines réminiscences de la mythologie et de l’histoire de l’art – sculptures grecques, putti baroques, peintures de Greco, Cézanne ou Odilon Redon. Sous le pinceau de Pierre Pentchev, l’ellipse est une force qui devient allégresse et transcrit une certaine forme du sacré.
Marie Akar
« Apparition, c'est l'état rassurant et lumineux de pleine conscience dans lequel on pourrait s'abandonner, lorsque la foi s'offre à nous. Non pas la foi religieuse, mais une sorte de foi beethovénienne, prométhéenne, qui rendrait l'homme meilleur. J'ai toujours été convaincu que l'art est un des moyens qui parvient à cristalliser ce phénomène, et que c'est précisément sa vocation – offrir cette foi à l'homme. » Pierre Pentchev
Vernou-la-Celle-sur-Seine, France
